lundi 30 juin 2008

Gourmandise en Tag

Un petit tag gourmand ne fait pas de mal à ma ligne... Sur l'invitation d'Arlette et de Katell, je ne peux que répondre, avec plus de détails (et sans limite) mais bon je suis comme ça.

Le règlement:
Indiquer le lien de la personne qui m'a taguée
Noter le règlement sur mon blog
Taguer 6 personnes à la fin du billet en mettant leur lien.

Avertir directement sur leur blog les personnes taguées.


Un aliment ou un produit que je n'aime pas du tout :
L’association œufs et tomates cuits. Donc pas de ojja ni de chakchouka ...c’est dur car j’adore manger chez nos amis franco-tunisien !

Mes 3 aliments favoris :
Les fruits très sucrés ou exotiques (figues vertes, durian, mangue jaune, dattes fraiches, amandes fraiches, noix fraiches, kakis, cerises noires, myrtilles, fraises gariguettes ou mara des bois)
Les fromages (tout le plateau), les pâtes dures des Pays-Bas, en passant par les pâtes molles aux odeurs insoutenables, en profitant de l’affinage des chèvres, du plus frais au plus affinés. (avec un verre de vin rouge).
Les herbes et plantes comestibles : ce que j’aime c’est me promener et croquer un pétale, une feuille et partir loin…j’ai commencé tôt en suçant le pédoncule des chèvrefeuilles en fleur et en mangeant les violettes, j’ai continué en mangeant les fleurs d’acacia et de youca.

Ma recette favorite:
de saison : Tartare de crudité et scones au poivre dont voici la recette avec des carottes, des pommes granny-smith, des poivrons rouges, de la menthe, des abricots secs, de l’orange, du jus de citron et de pamplemousse avec des scones au poivre et à la pomme. Un régal trouvé dans « Le livre de cuisine pour les filles, les garçons, les enfants, les mamans, les fées, et tous les autres », compilation du Grain de sel.

Ma boisson favorite
Le thé (avec de plus en plus de préférence pour le thé oolong, vert ou blanc… nature, dégusté au zhong) et puis loin derrière le lait de riz, les jus de fruits et de légumes frais (1 must : 1 pomme, 1 feuille de chou blanc, 1 carotte).

Le plat que je rêve de réaliser mais que je n'ai toujours pas fait:
Des macarons ou des wagashi en gelée, concentrés subtiles de saisons… ou pour faire encore plus sorcière, utiliser les huiles essentielles (mon seul essai est ici), ou aller vers plus de végétarisme : le jambon végétal fait à base de la racine d’onagre,

recette magique tirée du livre « Mon jardin de sorcière » de Frédéric LISAK et Bernard BERTRAND dont je vous parlais .

Mon meilleur souvenir culinaire :
un jus de raisin frais
que mon grand-père maternel préparait devant moi. Il prenait la presse à raisin de dessus les rangements de cuisine, la lavait, prenait de son autre main une très grosse grappe de raisins noirs juteux et … appuyait fort. Mes papilles étaient en éveil et mes narines dilatées par cette odeur subtile du jus et de la peau fripée à force d’être pressée. Mon verre était collant mais le liquide rouge n’a plus jamais eu le même goût.
Ou ce riz accompagnant un daal cingalais lors de mon voyage aux pays des demoiselles. Riz simple mais qui avait demandé plus d’une demi-heure de tri pour enlever les brindilles et petits cailloux. J’étais dans la cuisine chez l’habitant, les autres touristes étant partis en promenade. J’avais dû être arrêtée pour cause de vertige, de surpoids limitant ma défense contre les sangsues (il fallait courir pour les éviter : les jambes et pieds de retour étaient rouges sang !) J’avais donc trié le riz avec les enfants dans un grand plat, assise à même le sol, dans cette cuisine sombre, près du feu dans un trou du mur.

Que dire, 6 personnes à trouver! Non, non je ne m'y résouds pas, c'est à vous de vous laisser aller si vous avez envie et l'âme gourmande...

Kimono et masque de deuil pour enfant

Je l’avais déjà évoqué. Les livres ont une place très importante dans ma vie. Et j’ai aimé tous les livres, maintenant je commence tout juste à faire un tri. Les livres jeunesse arrivent chez nous par vague. Je n’ai pas attendu que notre petit d’homme montre le bout de son nez pour commencer cette part, importante, nécessaire, de notre bibliothèque. Les classiques ont été suivis de livre consommation enfantine (pour le petit âge, offert par la famille) mais aussi de livres forts, aux sujets complexes, que j’aime trouver et que je découvre en partie grâce à vous.

J’aime particulièrement les deux livres ci-dessous :


« Le kimono blanc » de Dominique KOPP, illustré par Pierre MORNET.


Keiko, la petite fille, suit la promenade des saisons et de sa grand-mère dans la nature japonaise. La transmission a ici une place importante : des boites de bambous au contenu précieux, la lecture des idéogrammes et le secret des herbes sauvages. Keiko attend, regarde sa grand-mère, de loin, de près, avec son kimono dont les manches dansent comme des ailes de papillon. Un papillon blanc sur des gerbes laissées à terre et toute la poésie du deuil est relevée.


Les illustrations de Pierre MORNET sont magnifiques. Des tableaux laissant aller le regard sur les paysages, des détails japonisants mais surtout des saisons. Le style n’est pas très oriental même si le sujet l’est et pourtant l’harmonie est là : des fleurs épanouies, de l’automne et de l’hiver, de très belles impressions. Béatrix m’avait fait ce sublime cadeau, merci encore.



« La visite de la petite mort » de Kitty CROWTHER


La petite mort est une enfant, elle va chercher les gens pour leur dernier voyage. Tous ses actes sont mal vécus par quiproquo. Les peurs européennes ont la vie dure : l’enfer, le froid, la solitude, l’angoisse. Elle ne comprend pas pourtant, elle fait de son mieux pour que ce passage dans le monde des morts soit le plus doux possible. Voilà qu’un jour une enfant lui sourit, elle est malade. Est-ce que cela change la donne ?

En tous cas, ce livre a la merveilleuse idée de détruire le mythe et de nous offrir une lecture du passage bien plus simple, moins niaise aussi. Kitty CROWTHER offre aussi sous ses traits une mort bien intrigante, avec sa faux oui, mais aussi accompagnée de hiboux et de masques symboliques de la mort venant de pays d’ailleurs, de quoi nous interpeller aussi sur les autres mythes de la vie et de la mort.

La petite mort m’a fait penser au personnage de « sans-visage », Kaonashi, dans « Le voyage de Chihiro » de Hayao Miyazaki. Personnage que j’avais adoré à bien des égards. Pourtant ce dieu, Kami, errant, est le Japon même nous dit son créateur. Moi j’y voyais un être pris entre deux mondes, ne trouvant pas sa place dans le monde éthéré et cherchant l’essence des humains incarnés, en vie.

*source du sans-visage, lien à lire sur ce superbe film d’animation.

Lily m’avait vraiment donné envie et je dois dire que je ne vais pas m’arrêter à ce livre de cette auteure bien intéressante sous bien des aspects. N’hésitez pas à lire le billet de Lily où la page consacrée à ce livre dans un petit livret consacré à cette auteure est partagée. Un vrai délice, j’y reviendrais. Sylvie aussi a adoré.

Et je vous laisse avec un passage du « Kimono blanc »

« Keiko aime l’Aïeule,
son visage aussi plissé
que les pommes
qui ont passé l’hiver. »

Parce que mon père, mort très tôt dans sa vie d’homme, disait petit à sa mère en montrant son petit poing fermé : « Maman, quand tu seras vieille, tu seras comme mon poing : une petite pomme toute ratatinée »….orpheline de son fils unique et de son mari, elle va avoir 89 ans en aout.

dimanche 29 juin 2008

Ce n'est pas un temps de grenouilles...

Et pourtant... un des premiers clips que j'ai connus et une des chansons qui me donne le plus de peps,



Clip Love is all _Roger Glover and Guest_Butterfly ball
envoyé par La_petite_audrey

pas sous un kiosque au Jardin du Luxembourg mais tout de même.... "Love is All" de Roger Glover
Rajout du 30/06/08: pour le petit d'homme, il faut après lire "La grenouille trop vorace" d'Isabelle PIN et Salina YOON...et prendre de l'emphase: "Soudain! Une langue géante, élastique et gluante jaillit de la bouche de la grenouille dans un affreux bruit de gargouille! SLURP!"


vendredi 27 juin 2008

Boire au balcon

Des jours chauds, de l'air, de l'air...le seul air frais vient le matin... alors les fenêtres sont grandes ouvertes et le petit-déjeuner se déguste les coudes au balcon...petit, petit le balcon, juste pour le chat et le petit d'homme.



Voilà d'autres petits-déjeuners après celui devant les photos du Japon pour Melle Zoéchiffon:

un milshake fruité piqué à Maud FONTENOY(en espérant aussi lui piquer sa détermination et son enthousiasme: être à contre-courant? pourquoi pas dans son sens!):
1 banane
1 pomme
1 kiwi
1/2 litre de lait de soja nature
(facultatif un peu de gelée de gingembre)




un thé vert pris en vrac avec une boule à thé et sa distinction australienne (la faune du coin: mon préféré, l'ornithorynque bien sûr!)


et quelque fois, l'ailleurs prends le dessus:
-une boule de riz cuit froid, enrobée de son algue nori et fourrée d'une umébosis, le tout réchauffé rapidement sur la plaque en tournant.
- un thé tuocha Yunnan
- une soupe miso (j'avais froid ce matin là!)

jeudi 26 juin 2008

Mon tiroir d'huiles essentielles

Ce blog est aussi ma petite trousse de sorcière, culinaire (et autre). J’avais envie d’ouvrir ici ma petite boite d’apprentie sorcière en aromathérapie et huiles essentielles alimentaires (tout cela piqué à d’autres, souvenez-vous je ne suis qu’une apprentie). Maman, cela te permettra de savoir laquelle je dois ramener pour nos petites expériences.

Ma maman se servait depuis toujours de certaines huiles essentielles à des fins thérapeutiques. Mais la lecture de “Mes petites magies, Livre de recettes pratiques pour devenir jeune” de Marie LAFORET m’a vraiment donné envie de reprendre cette lubie.


Ce qui m’a le plus touchée fut de ne pas nous prendre pour des aromathérapeutes mais bien pour des apprenties. Marie LAFORET nous parle comme une maman pourrait susurrer des secrets à sa fille, des confidences et des envies de partage, d’essais, laissant aller l’intuition et nous amenant à nous poser nous-mêmes des questions, à créer nous-mêmes nos recettes, ce qui permet des achats volontaires et non déterminés par les laboratoires.

En allant par là, vous ouvrez vraiment une porte vers un domaine magique mais dangereux. Il ne faut pas oublier que les plantes ont des actions très puissantes. Les huiles essentielles (He) sont donc à utiliser avec une extrême précaution:
- Interdit aux femmes enceintes ou allaitantes et aux enfants de moins de 36 mois
- Vérifier leur utilisation en fonction du nom latin complet de l’huile essentielle: pour certaines, des administrations sont très dangereuses. Rappel des seules utilisations possibles: diffusion dans l’atmosphère, ingestion, inhalation humide, bain, friction/massage.
- Ne jamais dépasser les doses: par exemple pour l’ingestion chez l’adulte (1 goutte par 25kg de poids corporel) et chez l’enfant de plus de 36 mois (1 à 3 gouttes par jour); les autres dosages sont ici
- Attention aux allergies, aux empoisonnements et aux brulures

J’ouvre donc mon tiroir sur mes petites acquisitions, j’ai pour cela suivi les conseils de la magicienne…
“Pour commencer, je vous conseillerais des huiles basiques, Presque faciles à trouver, qui vous serviront soit seules, soit comme bouquet central de compositions plus élaborées. Ce sont les essences de familles Composées, qui acceptent volontiers des mariages avec d’autres plantes, de famille différente de la leur. (…)
Je commencerais, si j’étais vous, par mes chères Labiées (c’est leur nom de famille). Besogneuses, dures à la tâche, elles rendent un maximum de services: confidentes patientes, discrètes et avisées, vous pouvez tout leur dire. Elles prendront soin de vous avec tendresse et respect. Ce sont de grandes nettoyeuses, du corps et de l’esprit.(…)
L’hiver venant, vous aurez besoin de l’aide des Myrtacées. Spécialistes des grands lessivages. Grandes gueules, habituées aux gros travaux, elles y vont à grands seaux pour faire place nette, organiser des hospices de fortune, amener les brancards en cas d’épidémie. Pas raffinées, mais efficaces. (…)
Si vous décidez que cela vaut la peine d’essayer, ne manquez pas les Apiacées. Elles préfèrent le nettoyage souterrain de ce qui ne se voit pas: la lymphe, les humeurs comme on disait au XVIIe siècle. (…)
Vous trouverez assez facilement les Lauracées. Ce sont des déménageuses. Spectaculaires, loquaces, décisionnaires, volontiers brise-fer. Antiseptiques. (…)
Les Cupressacées sont des langeuses expertes.(…)
Moins mystiques, plus sylvestres et plus rustres sont leurs cousines germaines, les Pinacées. Ce sont de grandes balayeuses. (…) Elles ouvrent grand portes et fenêtres, laissant derrière elles des odeurs fraiches. Elles secouent de vous toute pollution, celle des villes comme celle de l’esprit. (…)
Impossible de se passer des Rutacées porte-bonheur. Si douces. Si féminines. (…) Ces essences apportent les effluves de la bonne conscience, du travail bien fait, de la paix; elles vous guérissent de vos colères rentrées, des injustices, des petites hontes et des grands chagrins, vous lavent de vos pêchers capitaux. (…)”
La lecture est savoureuse et extrèmement instructive sur l'achat, le choix, la qualité, l'intuition et les petits détails qui font qu'une telle vous comblera plus qu'une autre, à lire dans le texte original bien sûr!

Il ne faut pas oublier les “anges”. Les huiles essentielles ne sont pas hydrosolubles. Il est nécessaire pour chaque utilisation de choisir un intermédiaire, un corps gras dans lequel l’huile essentielle va se diffuser, se dissoudre, se répandre. Il vous faudra émulsionner les gouttes d'huile essentielle (He) avec votre ange. “Je peux vous le dire, parce que je l’ai fait tant d’années: sans eux, vous n’aurez que des bulles grasses à la surface du bain, des brulures sur la peau. Les petites plantes ont besoin d’un porteur d’ailes.” Vous choisirez à votre guise: crème fraiche, crème végétale, miel, huile végétale, avocat, jaune d’œuf, lait végétal, karité etc.…Marie LAFORET continue en nous recommandant le livre de Jean-Louis ABRASSARD “Aromathérapie essentielle” pour nous guider de manière scientifique.


Ici l’état du tiroir, où je rajouterais en fonction les éléments complémentaires non trouvés: les plus (+), positif, et les moins (-), non recommandé voir dangereux, étant là pour déterminer à quel usage les employer.


*source

Attention ce tiroir va être modifié, complété ou changé pour les utilisations suite à de nouvelles découvertes de précautions, je n'ai pas encore eu le temps de modifier ce billet... précautions supplémentaires ici, HEBBD par exemple

Tiroir plus mis à jour depuis fin 2010:

Aneth, Anethum graveolens HEBBD (PhytoSun’Arôms)
Famille des Apiacées/ op. : parties aériennes fructifiées/ sb. : phellandrène, limonène, d-carvone époxymenthène
Voie orale + + + stimulant digestif, en cuisine (légumes, légumineuses, avec du sirop d'agave dans les desserts)Par la peau - sauf sur un point acupuncture
Diffusion - sauf très dilué

Arbre à thé, Tea-tree, Melaleuca alternifolia bio (Docteur VALNET)
Famille des Myrtacées/ ob. : feuilles et rameaux/ sb. : terpinène
Voie orale + + (pas d’utilisation en cuisine)
Par la peau + + + : l’ami de la peau, l’assainit sans l’irriter : bain purifiant (15 gttes d'He + 5 gttes d'He d'orange douce dilué dans un ange), huile de peau (30 gttes d'He + 20 gttes d'He de géranium rosat + 50ml d'huile), masque désincrustant (2 gttes d'He + jus d'1/2 citron + 2 cuil. à soupe d'argile verte + 1 gtte d'He de citron = 1/4 de pose puis rincer à l'eau tiède)
Diffusion -

Basilic, Ocimum basilicum HEBBD (Naturesun’Aroms)
Famille des Lamiacées/ op. : parties aériennes/ sb. : méthylchavicol
Voie orale + + +, en cuisine (attention pas celle utilisée par V.CUPILLARD ! mais avec les légumes ou pâtisseries)
Par la peau – saf sur un point d’accupuncture
Diffusion : +

Camomille sauvage, Ormenis mixta.L. (Sanoflore)
Famille des Astéracées/
Voie orale -
Par la peau + + + désinfectant en massage, sédatif en bain
Diffusion -

Cannelle, Cinnamomum zeylanicum HEBBD (PhytoSun’Arôms)
Famille Lauracées/ op. : écorce/ sb. : aldéhyde cinnamique
Voie orale : + + stimulant physique (pas d’utilisation en cuisine)
Par la peau – sauf sur un point d’acupuncture
Diffusion – sauf très dilué

Carotte, daucus carota (Botanicus)
Famille des Apiacées
Voie orale oui, dépuratif, en cuisine (1 gtte dans la vinaigrette rend les crudités plus digestes)
Par la peau oui, anticouperose ou pour certains problèmes de peau (utilisé en cosmétique), contre la fatigue: massage digestif sur la zone du foie (2 gttes d'He + 1 gtte d'He de romarin officinal + 1 gtte d'He de niauli + huile de massage
Diffusion –

Citron, Citrus limon (Botanicus)
Famille des Rutacées
Voie orale: + + + stimulant, allié du foie et en cuisine (entremets, sauces pour salades, poissons, volailles, algues)
Par la peau: - : attention photosensibilisante: huile unifiante anti-âge ( 25gttes d'He + 50ml d'huile de massage, pour le visage mais aussi pour des ongles plus solides, plus nets et plus brillants)
Diffusion: + + + (parfum agréable) : antiseptique, bactéricide, anti-infectieux (association: cannelle, giroflier, romarin, menthe)


Cypres toujours vert, Cupressus sempervirens (Naturesun’Aroms)
Famille des Cupressacées
Voie orale + + + : l’ami de la ménopause (2 gttes d'He + 1 gtte d'He de genevrier facultative + 1 cuil. à café de miel)
Par la peau + : l’ami des jambes lourdes et de la circulation:
massage pour les jambes lourdes (40 gttes d'He + 10 gttes d'He de genevrier + 50ml d'huile de massage), bain pour la circulation (10 gttes d'He + 5 gttes d'He de genevrier + 5 gttes d'He de citron + ange pour le bain)
Diffusion + (parfum agréable) : anti-infectieux, antiseptique, antibactérien, tonique général et du système nerveux(association : cannelle, citron, camomille, giroflier, menthe, bigaradier, romarin, thym)

Eucalyptus, Eucalyptus radiata bio (Docteur VALNET)
Famille des myrtacées
Voie orale +
Par la peau + + + : contre les refroidissements: friction (50 ml d'huile de massage + 40 gttes d'He + 10 gttes d'He de thym, agitez bien et frictionner le dos et la poitrine)
Diffusion + + + :
dégage les voies respiratoires
: inhalation (1 bol d'eau chaude + 3 gttes d'He + 2 gttes d'He de menthe poivrée)

Géranium odorant ou rosat, Pelargonium graveolens (PhytoSun’Arôms)
Famille des Géraniacées
Voie orale +
Par la peau + + + : l’ami des peaux sèches et irritées : huile anti-froid (50ml d’huile de massage + 30gttes d’He + 20gttes d’He de citron), bain douceur (15 gttes d’He + 5 gttes d'He de mandarine)
Diffusion + +: relaxant, antispasmodique (association : bergamote, camomille, lavande, ylang-ylang, citron)


Helichryse immortelle, Helichrysum angustifolium bio (PhytoSun’Arôms)
Famille des composées
Voie orale + + +
Par la peau + + + : anti-inflammatoire légèrement anticoagulante, en application pour la couperose (2 à 3 gttes d'He dans le pot de crème de jour)
Diffusion -


Lavande fine, lavandula angustifolia bio (Docteur VALNET)
Famille des labiées
Voie orale + : en cuisine (entremets, salades de fruits, desserts)
Par la peau + + + : prévient des refroidissements, en massage des tempes pour tête légère (5 gttes d'He + 1 cuil. à café d'huile de massage), bain relaxant et protecteur (1 ange pour le bain + 20 gttes d'He), huile des petites brulures ( 50 ml d'huile de massage neutre, 80 gttes d'He + 20 gttes d'He de géranium rosat)
Diffusion + ( +) (parfum agréable): (association : cannelle, hypose, giroflier, mandarinier, romarin)


Mandarine rouge, Citrus reticulate (PhytoSun’Arôms)
Famille des Rutacées
Voie orale + + : contre le hoquet (1 cuil. à café de miel + 2 gttes d'He), tisane pour dormir ( 1 infusion de tilleul ou de camomille + gttes d'He + 1 cuil. à café de miel) en cuisine (sorbets, entremets, fruits, chocolat, caroube, à base d'amande)
Par la peau - : attention photosensibilisante, bain pour petits énervés ( 1 ange pour le bain + 5 gtte d'He + 5 gttes d'He de lavande fine)
Diffusion + + + (parfum agréable) : calmant, antispasmodique ( association : géranium, lavande, camomille, bergamote, romarin)


Marjolaine (Botanicus)
Famille des labiées
Voie orale + + + antidépresseur
Par la peau + + (voir - : jamais seul car dermocaustique, irritant)
Diffusion -


Niaouli, Melaleuca viridiflora bio (Docteur VALNET)
Famille des Myrtacées
Puissant désinfectant
Voie orale : + +
Par la peau : + + + (jamais seul car dermocaustique, irritant) : friction du souffle pour haut de la poitrine et du dos (30 gttes d'He + 20 gttes d'He d'eucalyptus radiata + 50 ml d'huile de massage), huile désinfectante pour petites blessures (50 gttes d'He + 50 gttes d'He d'arbre à thé + 50ml d'huile de massage)
Diffusion : -

Petit grain bigaradier, Citrus aurantium var. amara (PhytoSun’Arôms)
Famille des Rutacées
Voie orale + + + : tisane du sommeil (infusion de tilleul + 2 gttes d'He + 1 cuil. à café de miel), en cuisine (entremets, compotes)
Par la peau + + + : massage du sommeil pour enfants et adultes (20 gttes d'He + 10 gttes d'He de mandarine + 50ml d'huile de massage) sur plexus solaire
Diffusion + (parfum agréable) : antibactérien, antidépressif, antispasmodique (association : cannelle, hysope, giroflier, romarin)

Ravintsara, Ravensara aromatica (cinnamomum camphora sieb.) (Naturesun’Arôms)
Famille des Lauracées
Voie orale + +
Par la peau + + + début de grippe, épuisement, stress en friction
Diffusion + +


Romarin, Rosmarinus officinalis camphoriferum bio (Docteur VALNET)
Famille des labiées
Voie orale + + : l’ami du foie (15 gttes d'He dans ½ litre d’huile d’olive pour assaissonner les crudités), en cuisine, très puissant (polenta, légumes, poissons, viandes blanches et dessert à base de fruit)
Par la peau + + + : bain tonifiant et amoureux car les sens en éveil (15 gttes d'He + 5 gttes d'He d’ylang-ylang), rinçage capillaire pour cheveux à tendance grasse comme eau de dernier rinçage après shampooing (2 gttes d'He+ 1 cuil. à soupe de vinaigre de cidre + 1 litre d’eau)
Diffusion + + + : anticatarrhal, anti-infectieux, antibactérien, antispasmodique (association : eucalyptus, citron, bigaradier, lavande)

Thuya (Botanicus)
Famille des Cupressacées
Voie orale
Par la peau
Diffusion

Thym, Thymus vulgaris thymoliferum bio (Docteur VALNET)
Famille des labiées
Voie orale + + + : désinfectant: tisane d'hiver (infusion de romarin + 1 gtte d'He dans 1 cuill. de miel), en cuisine (légumes, huile d'olive et très, très peu avec desserts à base de pommes) attention!!! hépatotoxique à haute dose
Par la peau + (voir - : jamais seul car dermocaustique, irritant)
Diffusion - : tonique général, antiseptique (association: citron, eucalyptus, cyprès, rose, pin)


(les recettes de base sont extraites du site du Docteur VALNET, les précautions de base viennent du livret "Connaitre l'essentiel sur les huiles essentielles" du Dr GOEB, les conseils de diffusion de Ancilia MANOVERDE)

Rajout du 28/07/08: le billet qui explique l'application culinaire... ou comment démarrer avec les huiles essentielles comestibles

dimanche 22 juin 2008

Education et nomadisme

J’ai encore eu la joie de lire un livre qui m’ouvre d’autres réflexions. Qu’attendre de plus d’une initiative comme Masse critique de Babélio ! « Enfants des sables, Une école chez les Touaregs » de Moussa AG ASSARID et Ibrahim AG ASSARID est un livre plein de sagesse.



Cela aurait pu être un récit de vie, beau mais simple, ou mièvre, il n’en est rien. Nous suivons l’aventure réelle de deux frères Touaregs du Mali vers l’instruction (ou comment lire « Le petit prince » de Saint-Exupéry tombé des mains d’une journaliste du Paris-Dakar) et le passage du flambeau de l’école à leur communauté. C’est l’histoire d’un projet de vie mais aussi d’un tournant dans le mode de vie de ces nomades. Au départ, les deux voix s’entremêlent, nous contant leur périple vers des études secondaires. Puis c’est un don de soi qui prend la suite, les deux frères vont ouvrir une école pour les enfants Touaregs et, comble d’un certain paradoxe (qui se délie au fil des pages) pour que leur culture ne disparaisse pas. L’étincelle du projet, les solutions trouvées, les sensibilisations, les motivations à donner aux acteurs, aux familles, la réalité hors des campements (vie et mort), la pérennité de l’entreprise, tout cela nous amène loin, de nous, de notre scolarité mais aussi de notre culture…et nous y ramène. Il est dit du premier livre de Moussa AG ASSARID qu’il s’agissait d’une confidence au coin du feu faite en buvant les trois thés des nomades, ce livre-ci nous apporte aussi dans le désert avec cette sincérité des amis.

Et là est toute la richesse du livre. J’ai aimé le récit de vie de ces deux frères mais plus encore toute leur réflexion sur leurs traditions, leurs voies pour l’avenir de leur ethnie et leur sagesse dans l’éducation.
Ce livre est très fort pour nous montrer ce que l’éducation des enfants amène comme dangers dans la vie des nomades. Dans le désert, tout le monde est mis à contribution pour survivre, les enfants y compris. La seule richesse est le nombre de chèvres et la vie en groupe, solitude et entraide mêlées. Les enfants après leurs études peuvent ne pas vouloir revenir et subvenir aux besoins des plus âgés. Les Touaregs sont aussi un peuple réuni, important dans leur groupe et non dans leur individualité. L’ouverture vers l’occident est aussi un potentiel déracinement, une perte des repères, de l’être même (élément indissociable du groupe). ...
Tout s’oppose à l’éducation : l’éloignement des familles élargies, le rassemblement très près de cet autre peuple avec qui l’histoire les a opposés, les Songhaïs (un des peuples noirs, les Touaregs ont la peau plus claire, pour le plus visuel). Le conflit Touareg est expliqué ici et la suite .


Le poids des traditions reste très présent, l’avancée est difficile. Pour motiver les parents, il faut les référents de la culture, en plus des initiateurs du projet. La sensibilisation aux menaces dû à la sécheresse et au contexte démocratique des pays (nomadisme voué à disparaitre dans la forme connue, non-représentation des minorités si ce n’est par elles-mêmes) doit s’appuyer sur les traditions même : l’Imam (pilier de la culture), une femme (l’âme des campements) et un père de famille, le père d’Ibrahim et de Moussa (porteur de l’autorité). L’éducation est un risque. Le père des deux frères apporte sa première pierre d’achoppement à cette sagesse de vie : « Il estime qu’il faut prendre le risque d’évoluer. Mais évoluer, ce n’est pas renier. Il sait que, où que nous soyons, nous reviendront toujours boire avec lui le thé sous la tente. Il nous a appris à respecter le passé sans pour autant le subir. ».

La vie nomade est condamnée, Moussa AG ASSARID le confirme ici ou lors d’un discours à l’ONU (dans le cadre d’un Forum des Peuples Autochtones FIPAU en tant que membre de l’Indigenous4earth): vous pouvez le lire ici. Si le FIPAU (belle entreprise dans l’idéologie, moins bien desservie par leurs dirigeants et leurs budgets) vous intéresse et que vous souhaitez suivre les débats, c’est ici.

Le livre montre aussi la force de caractère des deux frères, l’un investi en France pour rechercher les financements, mobiliser des personnalités et au Mali pour sensibiliser les familles dans les campements, l’autre investi à l’école en tant que professeur, directeur, crédible car soutien des traditions et soutien de famille. Leur destin marque une opiniacité, une ouverture vers les autres d’une sagesse désarmante. « Je suis leur professeur, ils m’enseignent la vie. »
Même leurs vies amoureuses se trouvent mobilisées, comme dit Ibrahim, « Nous n’avons pas le temps de la légèreté. », il faut tout de suite se souder et croire en l’avenir ou comment faire des enfants pour soi mais aussi pour crédibiliser une position, pour perpétuer l’espoir d’un peuple.

Quelques portraits d’élèves montrent le rapport, particulier, du peuple nomade à l’éducation. Des exemples multiples et infinis de cette difficulté à suivre la voie de l’éducation mais aussi cette attirance du savoir, cette volonté de représenter son peuple, d’être l’instructeur de sa famille, d’être libre de son avenir. Loin d’être une scolarisation obligatoire, là se dévoile une éducation pour la liberté.
Et puis pour compléter cette belle lecture, tellement instructive, quelques différences majeurs de pédagogies familiales entre les Touaregs du Mali et les parents français. Entre autre : la responsabilisation des enfants, très tôt, peu de limites même prudentielles (éprouver soi-même le danger pour faire sienne la directive), professeurs comme véritable guides, en écho de l’éducation parentale, inculquer comment se défendre contre les attaques, sans l’aide d’un tiers, la débrouillardise mise au rang principal pour ne pas avoir l’illusion d’être soutenu à vie.


livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

L’école des sables de Taboye au Mali existe vraiment, pour avoir l’impression de rendre visite à Ibrahim et à son internat, c’est ici. Et n’hésitez pas à lire les dernières nouvelles, les suivantes seront à suivre sur le blog d’ENNOR ou celui de Moussa AG ASSARID ou encore celui de La Caravane du Coeur. Le projet est superbe et mérite bien le support de la Succession Saint-Exupéry, l’école est décrite dans cette lettre. Si cette fratrie AD ASSARID vous intéresse, le blog Awanekkinnan vous livre billet par billet un peu de leur sagesse et nous amène à reconsidérer la scolarité des enfants au Mali.




Pour ma part, je me suis gardée la dernière partie du livre pour une autre lecture : les contes Touaregs seront alors lus dans la même foulée que les contes Peuls, pour me mettre dans cette oralité du désert, ces voix du nomadisme, de la survie, du vent, de la solitude et de la communauté si importante. A moi la lecture des « Contes initiatiques Peuls » de Amadou Hampâté Bâ, offert par Emmyne lors du Swap Afrilire.

vendredi 20 juin 2008

Il ne sert à rien d'imaginer...

D’ici peu je reprends une vie professionnelle. Ce blog, ce support d’expression, va perdurer, parce que j’y ai pris goût, parce que grâce à lui j’ai refait fonctionner mon cerveau avec délectation, je suis redevenue étudiante, de domaines variés mais aussi de la vie. C’est sûr pourtant que les sujets traités seront différents, la fréquence des billets postés moindre, la qualité j’espère encore au rendez-vous. Au fil des mois, j’ai eu envie de proposer des billets plus complets, plus aboutis (enfin au moins une porte ouverte pour tous et non juste un défouloir personnel). Je pense continuer toutes les catégories, pas à pas, en axant aussi sur des sujets plus moteurs dans ma vie : toujours ouvertures sur le monde et les petites anecdotes qui nous permettent d’ouvrir certaines portes étranges et étrangères, petits détails sur les couleurs, l’art et ses aspects les plus proches de l’homme partout où il se trouve, réflexions diverses et variées et aussi une certaine idée de cheminement, dans la parentalité, la vie et la spiritualité. Tout cela par petites touches. Tout cela pour vous… et moi.

*source JEONGIK O via Lali

Parce que ce média a ouvert des rencontres, des partages, de superbes moments d’échange, des envies d’amitié, des souhaits de soirée entre copines, des rêves de discussion à l’infini.
Merci.

"Il ne sert à rien d’imaginer demain" nous dit Lali, j’aime sa manière de nous le susurrer…ici

vendredi 13 juin 2008

Urushi rouge sur une âme

Vous prendrez bien un bol de lait, accompagné par un bol de riz, tout en buvant un bol de thé (ou infusion) et en mangeant un quartier de kaki. Tout cela dans un bol japonais laqué rouge. Il suffisait de demander.

*source photo de la région de Yoshino (lieu de vie des arbres à laque), véritable refuge des mystérieux Kamis ou esprits de la montagne (lien reprenant la visite du site par des francophones)

« Il avait choisi une laque rouge qu’il ne voulait ni trop mate ni trop brillante, comme un miroir, mais suggérer que la clarté émanait de la matière elle-même. »
Une laque susceptible de mettre à nu et non de recouvrir le bol de bois, l’« âme » fait de cyprès, de magnolia, de cerisier ou de paulownia ou encore de pin. Une âme aussi fine qu’une coquille d’œuf.
« Quand il serait fini – si un tel jour arrivait jamais-, il forcerait ceux qui l’utiliserait à cultiver la grâce dans chacun de leurs gestes. Possédant ceux qui croyaient le posséder, il se ferait leur maître, et à force de le remplir de riz, de nouilles et de bouillon clair, à force de le caresser pour le laver, on finirait par parler moins fort et par marcher d’un pas plus léger.
Une fois l’âme recouverte de plusieurs apprêts à base de colle, de jus de kaki et de caséine, il fallait lui appliquer trois types d’enduit, inférieur, intermédiaire et supérieur, constitués chacun de plusieurs couches nécessitant chaque fois un séchage et un polissage particuliers. »
(extraits de « Le maître de la laque » de Ariane BUISSET)


*source du processus de fabrication de la laque

La sève de l’ « Arbre à laque », de ce « Vernis du Japon », ce Sumac japonais, le rhus vernicifera, pure, est filtrée puis séchée et enduite, couche par couche. Vous aurez peut-être choisi de suivre vous-même le gemmage des arbres à laque (collecte de l’exsudat, résine, coulant des incisions) en vous référant .

*source gemmage urushi

Mais l’urushi, la laque en japonais, se prépare avec une minutie, une patience, un doigté qui demandent bien des étapes de sérénité : il ne suffit pas d’avoir la base, l’Arami-urishi. Rajouterez-vous au deuxième filtrage, comme Maître Oki, personnage de Ariane BUISSET, des proportions variables d’huile de haricots et des pigments avant de démarrer le laque (objet laqué).

Pour mettre à nu votre âme, il vous reste à suivre les étapes : le Kijigatama (enduction) pour faire perdre au support sa capacité d’absorption, le Shitaji ou shitajigatame (empâtement) en durcissant ou non l’élément, le Nakanuri (polissage), le rajout de la pigmentation et le lustrage (facultatifs), le uwa-nuri-urushi (lustrage) et enfin le séchage humide. Il vous faudra nécessairement l’aide d’un maître laqueur japonais, Keisuke ASAI par exemple, celui qui vous a mis sur la voie avec ces étapes (à retrouver ici).


Et voilà tout est là : du lait (par sa substance protéique la caséide), des kakis (oui, oui, seulement le tanin des shibugaki, kakis verts, non sucrés au goût amer, mais tout de même), une infusion (non, surtout pas, le sumac est extrêmement dangereux à utiliser, alors seul celui-ci sert pour sa résine !)

*source shubaki où l’on nous explique en idéogramme comment utiliser son tanin. A ne rien y comprendre !

*source Rhus vernicifera de Johann Jacob DILLENIUS

…il vous manque le riz, rien ne vous en empêche…

Vous ne me suivez pas : le lait permet la « laque essorée » shibo-urushi, les shibugaki pour leur action antibactérienne ou le riz comme adhésif propre à la laque nori-urushi. Les autres détails incongrus sont .

Si vous souhaitez un très beau billet sur les laques asiatiques et autres, les époques, les différences, c’est ici. Et je vous laisse en rêvant d’un bol rouge, à la méthode shunkeinuri, la plus simple parait-il, sans nuances, ni rajouts, ni dessins… celui qui sera l’aboutissement du travail du maître de la laque, Oki, d’Ariane BUISSET .

mercredi 11 juin 2008

Poser des limites au petit enfant: action délégable ?

Cela fait deux bons mois que notre petit d’homme est plus grognon, moins récepteur des limites que nous lui posons, plus agressif.
Un vrai chalenge de parent. Mais qu’est-ce que je dis ! Non ce n’est pas un challenge mais bien une conception de vie, une responsabilité. Etre à l’écoute et offrir une réponse adaptée. Dans quelques jours des choix de garde vont à nouveau se poser et la question arrive indubitablement : est-ce que je peux continuer à garder notre bout de chou (et faire perdurer au maximum ce que nous entrevoyons comme éducation) et m’épanouir en même temps ? Ne vous fourvoyez pas. Je n’ai pas peur de « lâcher » la chair de ma chair. Je n’ai pas besoin de la présence ou de la proximité de notre bambin pour me sentir mère et j’aime à le savoir créant ses propres relations aux autres (vigilance parentale effective bien sûr). Je n’aurais pas le même problème avec la scolarité. A ce moment là, un cadre éducatif au sens de don de savoirs sera en place. Les éducateurs, instructeurs, prodigueront leur compétence pour aider notre bout de chou à emmagasiner, à promouvoir son esprit critique (bien que je me garde une bonne part de tout cela : il faudra que je distingue bien le rôle de maman et de celui d’éducateur, mais là c’est une autre question !)


Etre maman ne me comble pas. J’admets avec joie qu’avoir donné la vie m’a comblée, la grossesse permet une parenthèse enchantée (pas forcément vécue physiologiquement et physiquement comme telle pour chaque femme). En portant la vie nous avons la possibilité de mettre la notre de côté : une fuite de notre construction, un vide de projet si ce n’est celui dans le ventre. Je me suis sentie belle, épanouie, remplie de vie (et non l’ersatz d’amour que je continue à m’ingurgiter en nourriture). L’alimentation affective venait d’un respect de moi par respect de ce petit être dans mon ventre. Lui une fois à l’extérieur, nous avons été présents, le plus possible disponibles en fonction des contextes et des humeurs, aimants bien sûr et surtout communicants. Et ma vie a repris, là où je l’avais laissée. Mais non quelle menteuse ! Bien avant que je la laisse me filer entre les doigts. C’est toute une vie que nous reprenons à l’arrivée d’un enfant. Il créé les parents mais aussi les adultes en nous et surtout confronte ces derniers à la vie, à ce qu’ils en font, à ce qu’ils veulent en faire : aux projets passés, avortés (sans jeu de mots), aux suivants, futurs. Le fait d’être parent est une nouvelle responsabilité, une sorte de nouvelle valeur ou moralité. Nous continuons notre parcours en intégrant l’ouverture des possibles d’un autre membre de la famille.
J’avais l’impression d’être inconsciente de faire un enfant mais là ce serait trop privé. Il n’empêche : choisir d’élever un bébé est une vraie gageure. Et là, il est assez facile de s’oublier pour vivre par procuration, se guérir de notre passé, se prémunir de notre futur. Un bébé n’est pas un pansement sur nos maux. Leur offrir une éducation (soit un cadre de vie, une cartographie de réflexion, un soutien et une approche « raisonnée » des frustrations et problèmes inhérents à la vie) est une nécessité. C’est cela le plus compliqué : pas le matériel ou les conditions de vie mais bien l’amour et nos positions volontairement fécondantes, constructives, pour l’aider à être un adulte créatif, solide face aux obstacles, autonome et doué d’amitié et d’amour (pas de ses parents, ce n’est pas une obligation, mais de ceux qu’il choisira pour suivre sa route : conjoint(e), enfant).
Mais voilà éduquer notre enfant est passionnant, exigeant, fatiguant, constructif et épanouissant mais mon projet de vie, pour moi seule, est en stand bye. Je ne m’oublie pas, ou pas trop, cependant la mère a pris beaucoup de place par rapport aux autres facettes de moi que je veux cultiver.

Mais revenons à ce que m’interpelle en ce moment. Poser des limites comme stade fondamental de notre nécessité parentale. Parce que la question est bien celle-ci. Mettre en garde notre bambin est une demande de garde mais aussi une éducation en plus. Je m’explique. A l’école quelque chose est demander à l’enfant, une attention, une étape de plus dans l’acquisition de savoirs. Avant rien n’est demandé à l’enfant, si ce n’est de grandir et de se développer au mieux. La demande est pour celui ou celle qui garde l’enfant : ouverture des possibles, écoute, fixation des limites de comportement. En collectivité et gardé par une équipe, la donne change. L’effet mini-société avec des professionnels de l’enfance autour est en soi une ouverture sur les autres, bonne ou moins bonne mais collective. Alors que choisir dans les seules solutions qui s’offrent à nous. Et puis, entre mes envies, mes intuitions, mes réflexions et la pratique, la mise en œuvre d’une éducation raisonnée il y a un fossé énorme. Comme dit Catherine DUMONTEIL-KREMER dans « Poser des limites à son enfant et le respecter » (et non LES respecter, lapsus révélateur de ma non-lecture à ce moment-là, non!), « mes convictions manquaient d’enracinement ».


Je ne vais pas reprendre là ma conviction portant sur l’éducation, quoique je vous en montre certains aspects ici. Je voulais seulement marquer les éléments utiles en ce moment, essentiels au bon déroulement des journées : poser des limites à un tout petit (moins de 2 ans). Mais vous le savez maintenant, je ne suis qu’une apprentie. Alors je note, compulse, essaye de suivre une voie qui me semble intéressante (en tentant au possible de limiter mes humeurs, mes aigreurs, mes manquements). J’ai trouvé (beaucoup plus que le nous parental) beaucoup de réconfort à la lecture des émissions radio de Françoise DOLTO et du livre précédemment cité.
Je suis contre le laxisme mais pour poser des limites à l’enfant, de celles obligatoires pour son développement d’homme, pour le soutenir dans ces aléas en société, pour le rendre à l’écoute de ses sentiments, frustrations, et savoir les dépasser. De DOLTO, des livres « Les étapes majeures de l’enfance » et « Lorsque l’enfant parait, tome 1», je retiens sur le sujet des limites, l’enfant communiquant, demandeur de compréhension des accompagnants (parents) pour se comprendre lui-même, sage parce qu’épanoui, en pleine activité, l’interdit « prudentiel » et une proposition de geste adapté avec sa verbalisation entre autre, j’y reviendrais aussi.


De DUMONTEIL-KREMER des astuces et une distinction des règles et limites, négociables ou non, inévitables ou formatrices (de formation ou de formatage ?!) ainsi qu’une adaptation à la croissance de l’enfant. Son livre ne se limite pas à cela, j’aurais l’occasion d’y revenir.
Ses astuces pour poser des limites sont éclairantes:
- sur l’adaptation de son espace aux limites (aménager son lieu de vie, créer un espace sécuritaire)
- sur une autre approche des activités, de son quotidien (proposer des activités stimulantes, donner une activité similaire à celle interdite, celle-ci acceptable, proposer des alternatives, annoncer de quoi la journée va être faite, expliquer ce que vous souhaitez)
- sur une écoute active de ce qu’il est (vérifier que ses besoins de base sont comblés (dont l’attention et le contact physique), s’il n’écoute jamais rien, l’écouter encore plus, le laisser libre d’être ce qu’il est, le laisser expérimenter, même nos sentiments, il pourra proposer sa réponse adaptée
- sur une distance à l’autorité (l’empêcher d’agir avec force, optimiser la non-violence : une colère est l’expression d’une insatisfaction, investir dans une présence à soi et à lui permettant de retrouver une sérénité, dire stop en plein action pour faire le point, assumer avec lui les conséquences de ces actions sans transformer en punition, faire confiance à ses sensations corporelles, lui laisser faire sa propre expérience, ne pas interférer dans les mécanismes physiologiques (voir mon billet sur l’éducation alimentaire) et parler de nos sentiments de parents).

En reprenant ces lectures, avec son papa, nous avons vu qu’il nous avait manqué quelque chose depuis bien deux mois : l’écoute active et la compréhension de ses besoins. Son sommeil perturbé, ses proximités à moi, ce contact physique réclamé comme jamais, tout cela nous dépassait et puis en reprenant le contact, la vraie présence (une attention réelle sans être une monopolisation de la journée), cela s’arrange… il était écouté, mais mal, et surtout pas compris. Alors comment cela se passe avec une personne payée pour le garder : a-t-elle la possibilité, de réflexion mais aussi en temps et en attention réelle, de fournir cette écoute, ce comportement conciliateur face aux frustrations, cette disponibilité à la compréhension et aux activités alternatives ? Est-ce cela qui rentre en jeu ?

mardi 10 juin 2008

Encre bleue

...un retour sur des essais, d'il y a bien 8/10 ans,

félins, et sur la même page, en cherchant bien, ...
formes féminines

Une dent de géant

Je suis de celle qui aime les aventures, partir à la découverte dans un autre pays, à la recherche d’un quelconque trésor ou d’une quelconque antiquité. Les explorateurs m’ont toujours fait vibrer. J’ai aimé les Jules VERNES, lus après l’adolescence parce que c’était plus une lecture de garçon, pour moi il était plus indiqué de lire du SEVIGNE (que j’ai aimé aussi). J’ai surtout lu « Le tour du monde en 80 jours », regarder en douce les quelques épisodes du dessin animé animalier japonais reprenant cette aventure, relu plus tard l’original.

Et voilà que je découvre l’univers de François PLACE, illustrateur et auteur pour enfant. Et me revoilà gamine, prête à partir sur le premier bateau pour une ile aux trésors quelconque. « Les derniers géants » offre une superbe histoire aux multiples lectures.

Oui, oui il s’agit d’un livre jeunesse mais je vous assure que la lecture (trop rapide, je serais bien restée dans son univers plus longtemps) vous procurera une bien belle évasion.


Il vous suffit de suivre cet amateur de beaux objets, dans la droite lignée des cabinets de curiosités (un peu de sciences naturelles, beaucoup d’art, de la botanique et des objets d’autres cultures), et rêver que cette dent de cachalot achetée aux docks est en fait la dent d’un géant.



* c'est trop petit, mais nous pouvons y voir entre autre une carapace de tortue géante, d'inombrables malles, un globe-terrestre, une bibiothèque extrêmement achalandée, un vase Ming (peut-être en toux cas chinois), un squelette humain, une lunette astronomique et j'en passe...

Et là, s’offre à vous une exploration, une aventure humaine avec des mises en abime de nos méthodes scientifiques, de nos manquements anthropologiques. En découvrant ce peuple, l’aventurier découvre un autre univers, une autre cosmogonie, une idée de la solitude et de l’amitié.


En plus de cela, François PLACE est un merveilleux illustrateur. Ces dessins à l’encre de chine, entre gravure de vieux manuel de cartographie ou d’herboriste, nous emmènent ailleurs avec des plans panoramiques, des lavis colorés qui rappellent la peinture de paysage. C’est une belle manière d’entrée dans la lecture d’aventure mais aussi toute la question du respect des peuples premiers… un petit pas vers cet autre livre, "Peuples premiers, aux sources de l'autre" de Fabrice DELSAHUT, dont je vous parlais et vous livrais une anecdote ici.


François PLACE a aussi écrit et illustré « Le vieux fou de dessin », récit de vie et d’initiation du vieux Katsushika Hokusai.
Oui vous ne rêvez pas, celui qui a dessiné le premier "manga" dont je vous parlais . Bien entendu je l’ai en ma possession, bien entendu je l’ai lu, relu, et vous en parlerais plus tard, cette lecture est dans la droite lignée de mon chemin d'encre.
Une autre proposition est alléchante, très alléchante : son « Atlas des géographes d’Orbaé » en trois tomes, vraie nouvelle cartographie de l’univers et de l’imaginaire. Un monde à lui… de quoi ne plus vouloir revenir dans ce monde-ci. A suivre…et si vous ne pouvez pas patienter, liser donc ce qu’en disent les autres sur sa bibliographie. Flo/Barbarella vous parlait de François PLACE et des derniers géants ici. Et Malice vous en révèle encore mieux le contexte, voici une fan de François PLACE...

jeudi 5 juin 2008

Le calame, encre et sable

Les outils de création me laissent dans une admiration sans borne. J’aime les ateliers, j’aime ces palettes de couleurs, ces odeurs, ce précieux matériel, choisi, testé, et quelque fois fabriqué. La main, habituée maintenant à écrire, a oublié les rudiments du croquis, du dessin, du maniement de l’outil. J’aime ceux qui prennent le temps de créer leur matériel : créer une couleur sur la palette mais aussi fabriquer son pinceau (je ferais un billet sur Fabienne VERDIER à ce propos, cela ne doit pas vous empêcher de lire une mise en bouche avec son livre « Passagère du silence »), préparer son encre… Tous les outils de calligraphie m'attirent, me séduisent : le calame, lui aussi, par son aspect rudimentaire, interpelle, sidère et nous entraîne vers une autre calligraphie. N'hésitez pas à lire ce billet sur Encre et Lumière (d'où provient la prochaine photo) pour vous sortir de cette impression de facilité.


J’ai dessiné comme une fuite du temps, comme une fuite des relations, dans une parenthèse dans le monde que je vivais jeune. J’ai dessiné jusqu’à mes 18 ans, souvent, régulièrement, quotidiennement, des croquis ici et là… par obligation psychologique, cela venait tout seul ou plutôt, je me sentais dans la nécessité de dessiner pour parler de moi. Peu d’écoute réelle, de présence active et désintéressée, m’amenait vers une confidence par le papier et le crayon à ma façon : juste pour me raconter mes émotions… avant de pouvoir me raconter ma vie.
C’est bizarre de constater que l’envie de retrouver les gestes est là et que je n’arrive pas à l’application. Alors, pour ne pas perdre de temps, je regarde, lis, découvre des outils, des philosophies de l’encre. Ma maman m’avait créé des calames et des spatules, loin de suivre la technique de taille traditionnelle, elle m’a tout de même proposé des outils très suffisants pour l’utilisation que j’en ai. Et Maijo m’a offert une pochette de rangement, vous vous en souvenez

« Comme le pêcheur prépare sa ligne, le calligraphe, nous dit Lassaâd METOUI, taille le roseau souple et tendre. Avec la même précision, il fixe la longueur de son calame : un empan, la plus grande ouverture de la main, entre pouce et petit doigt. Avec la même minutie, il sculpte le corps de l’outil, pas plus gros que le majeur. Avec le même soin, il affine le bec, droit ou oblique, et ajuste les lèvres d’où jailliront les pleins. Douces lèvres du calame qui savent embrasser le papier, avec tendresse et fermeté, au gré des impulsions des doigts. Pression à gauche, pression à droite, le bec fait une douce moue : surtout ne pas blesser la lettre… »

Et oui derrière un maniement quasi ludique, une calligraphie arabe se dévoile peu à peu. Et l’atelier en plein air, dans le sable, du calligraphe Lassaâd METOUI m’émerveille.


*source

Après la taille, la marche dans le vent et le sable, une pochette à calames sur l’épaule, il s’arrête et les genoux à terre sans autre façon (un tapis enveloppant le matériel loin des tables de travail) calligraphie en multipliant les styles, en brassant les cultures, en laissant aller son regard.


*source photo Sylvie DURAND (n’hésitez pas à aller sur son site, vous entrerez dans des ateliers enchanteurs)

« Le tracé, ce contour à peine dilué par la présence des choses, cette entaille qui prend parfois le voile de l’empreinte, et qui continue sa route comme le faisait naguère le sillage des caravanes. C’est à cet écho sans fin, à cet élan, sans aveu ni repentir, à cette métaphore qui fait chaque page une journée nouvelle, que Lassaâd METOUI a recours lorsqu’il veut définir la danse de ses lettres. »
(extraits de « Le jardin des mots » de Valérie-Marie MARCHAND et Sylvie DURAND que je ne peux que recommander chaudement à tous les amoureux de la calligraphie, de l’encre sous toutes ses formes, du brassage culturel derrière l’écriture des mots)


Vivre nous effraie, aimer nous rassure. S’il le fallait, notre ombre témoignerait pour nous. (A. Boudet)
*source calligraphie

lundi 2 juin 2008

Etre un homme malgré l'enfant que nous étions

J’ai lu « Les cerfs-volants de Kaboul » de Khaled HOSSEINI pendant notre première pause et je l’ai aimé.


Mais je n’ai pas pu en parler. J’avais l’impression de ne pouvoir vous proposer qu’un résumé de lecture, un ressenti superficiel et de peu d’intérêt en fait. En regardant de plus près ce que j’offre sur ce média, le blog, j’aimerais améliorer les portes ouvertes vers d’autres lectures, les ressentis qui portent les graines du débat, du changement, même minime. Une façon de lire pour aller de l’avant. Je ne sais pas encore manger un livre, le digérer, me l’approprier, je manque de patience. Par l’élaboration des billets cependant, je marque pour vous, mais surtout pour moi, les réflexions essentielles qui m’ouvrent d’autres voies. Des mises à profit pour le futur mais aussi des remises en causes perpétuelles des valeurs que j’aimerais transmettre, pas par obligation ou action volontaire, mais par compréhension, esprit critique et débat perpétuel. Alors humblement, je mets ma pierre à l'édifice.
Alors voilà, je l’ai relu en diagonale. J’aime cela d’ailleurs : lire un livre avec la vitesse d’un gallot vers la fin de l’histoire (par envie de divertissement, d’aventure extérieure ou intérieure), cette relecture de croisière sur les passages qui ont trouvés écho lors de cette première lecture (y retrouver les thèmes qui m’ont touchée, qu’il est bon de reprendre et d’interroger), et cet envol diagonal des pages, pour reprendre le cours de l’histoire, se remémorer les étapes clefs, trouver une richesse du développement mais aussi interroger nos réflexions depuis.

A travers les confidences d’Amir, afghan pachtoun, nous suivons son enfance, liée à son domestique, ami, Hassan, afghan du peuple Hazara. Dans une Afghanistan aux tensions entre les différentes ethnies, Amir nous dévoile ses parts d’ombre, son exil de ce pays en guerre, sa construction identitaire et professionnelle ainsi que son retour en terres d’enfance pour se pardonner lui-même d’être ce qu’il est. L’histoire m’a happée mais aussi et surtout les thèmes abordés.
Les relations père-fils sont décrites entre tradition, culpabilité, besoin de reconnaissance et désabus. Baba, le père d’Amir, homme d’honneur, de force musculeuse et mentale, ne se reconnait pas dans son fils. Ce dernier est plus adroit au jeu de sherjangi « la bataille des poèmes », qu’au sens héroïque et animal demandé par le tournoi annuel de buzkashi « polo attrape chèvre » (dont vous trouverez un très beau billet ). Il est littéraire et faible et ne doit sa tranquillité d’enfant qu’à son complice, ami, domestique, Hassan, plus prompt à la bagarre de défense. « Les enfants ne sont pas des livres de coloriage ».

*source de Buzkashi

Les tensions ethniques au centre du livre, entre Hazara, chiite, et Pachtoun (achtou, pathan ou afghan), sunnite. Cette incompréhension, ignorance ou désaveu, qui plane dans l’éducation : les uns obligatoirement domestiques des autres. Amir, enfant, découvre comme seul élément d’éducation institualisée un livre : « Il avait été écrit par un Iranien nommé Khorami. Je soufflai dessus pour en ôter la poussière, l’emportai discrètement dans mon lit ce soir-là et découvris avec surprise un chapitre entier consacré à l’histoire des Hazaras. Un chapitre entier sur le peuple d’Hassan ! (…) Il expliquait une foule de choses que j’ignorais, des choses que mes professeurs n’avaient jamais évoquées. Ni Baba d’ailleurs. En revanche, il ne m’apprenait rien en ajoutant par exemple que les gens traitaient les Hazaras de « mangeurs de souris » et de « mulets de bât au nez plat ». J’avais déjà entendu des enfants crier ces insultes à Hassan. » Pour vous faire une idée des ethnies afghanes, c’est ici.
L’esprit critique du père sur sa religion, l’islam, religion d’état, nous permet de se positionner de l’intérieur dans une société traditionnelle mais aussi sur une histoire. Les traditions s’en trouvent recolorées mais aussi toute la tragédie afghane depuis 1978. Vous ne voyez pas de quoi je parle : ici vous aurez un beau résumé. L’histoire nous permet de suivre l’exil vers l’Amérique, les nouveaux comportements, toujours codés mais différents et de retrouver la petite Afghanistan entre brocantes et marchés, secteur biens d’occasion. Les traditions perdurent, les mentalités restent autant pour les fiançailles, mariages, funérailles mais l’exil a apporté un peu de légèreté à la vie. « - Je constate que l’Amérique t’a insufflé l’optimisme qui lui a permis de devenir une grande puissance. Tant mieux. Nous autres Afghans sommes trop mélancoliques. Nous avons trop tendance à sombrer dans le ghamkhori, à nous apitoyer sur nous-mêmes. Pour nous, non seulement le deuil et la souffrance vont de soi, mais ils sont nécessaires. Zendagi migzara, affirme le proverbe. « La vie continue. » »
Et puis ces rêves prémonitoirs, ces vies parallèles aux envies d’enfants et de pardons. Cette guerre des enfants, commune entre générations, souvenir et résurgence des relations : la bataille hivernale de cerfs-volants. Il faut être le dernier en l’air et, grâce à son fil encollé au verre pilé, couper tous les fils des autres cerfs-volants : le roi est celui qui tient en main le sien, le dernier dans le ciel et celui du dernier vaincu, cerf-volant source d’une course poursuite dans les rues de Kaboul. Vous retrouverez ici des extraits du livre, des photos et explications reprenant cette activité d’enfants : à lire ! Nous imaginons alors Kaboul, ville florissante d’une enfance et ville détruite d’un adulte. Pour vous faire une idée de cette ville après l’histoire, c’est ici.

Cette lecture est assez salvatrice. En dehors de l’histoire, troublante, émouvante, nous suivons un personnage pas si bien sous tous rapports, menteur, égoïste, lâche. Coupable de ne pas être un enfant innocent mais courageux de retourner vers son passé. Comme le dit son ami, lui-même ami de son père, Rahim khan, pour ses débuts de romancier : « Ton récit témoigne d’une grammaire maîtrisée et d’un style intéressant. Cependant, sa qualité la plus impressionnante réside dans son ironie. Cette notion t’est peut-être inconnue, mais tu la comprendras un jour. C’est une chose que certains écrivains cherchent à acquérir tout au long de leur carrière sans jamais y parvenir. ». L’ironie d’une vie apparait là et même si le leitmotiv du livre dicté aussi par Rahim khan est « Il existe un moyen de te racheter », je trouve que le courage principal de ce livre, de ce héros, est de ne pas chercher le pardon, mais de revenir sur les traces de ses culpabilités pour aller de l’avant, ouvrir des possibles.

Rajout: Un extrait sur le folklore .

Katell l’avait aimé et moi je n’ai qu’une envie, voir le film, assez fidèle d’après Khaled HOSSEINI, et lire les BD « Photographe » de Didier LEFEVRE et Emmanuel GUIBERT. Le site de cette série en BD vous donnera peut-être l’eau à la bouche ou plutôt l’œil au cœur : elles reprennent les voyages de Didier LEFEVRE comme reporter photographique en Afghanistan à partir de 1986.

Masse critique!

Encore une opération magnifique: un livre contre une critique. Il suffit d'avoir un blog! N'hésitez plus:

Moi j'ai rempilé, j'avais reçu à la deuxième session de Masse critique de Babélio "Le bonheur des petits poissons" de Simon LEYS, rappellez-vous.