mardi 23 décembre 2008

Thé de Corée, gardien et amis envolés

Une dégustation de thé… éventé et pourtant tellement fort en évocation. Et dire que par méconnaissance des recommandations d'infusion je trouvais tous mes thés verts trop astringents!

Ce thé vert de Corée, dont je n’ai jamais connu le nom, m’a été rapporté par un couple d’amis que j’avais dans la période la plus noire de ma vie. De celle d’après les grandes frayeurs et suivant le redoux. De celle qui est encore plus dure que la première parce qu’elle sait qu’il peut y avoir du bon dans la vie, de la soutenance affective, du respect, et que ces derniers ont disparus. De celle de la désillusion encore plus grande, de la trahison et de l’abandon après la confiance.
Ils étaient partis dans sa famille à elle, au pays d'origine, et j’étais passée chez eux juste après, pour les pique-niques entre amis qu’ils proposaient, pour leurs partages dans leur petit appartement. J’avais connu le jeune homme par le travail et il m’avait invitée à un après-midi avec ses amis. Chez lui, j’ai mis une heure avant de comprendre que ce n’était pas chez lui, mais bien chez eux. Jamais ils ne se sont prononcés sur leur couple. Seule la pérennité de mes hôtes en était la preuve.
Ils étaient revenus avec pour moi ce thé vert et du jus de prune locale fabuleux. Ce thé donc a quelques années, il est resté dans une boite hermétique à double fermeture mais… en nez il est presque transparent. Les feuilles, très vertes, sont petites et entortillées, comme un Gunpowder mais en gouttes. La liqueur est ambrée, très limpide et même si la tasse à sentir ne réserve pas des millions d’effluves, il reste, attaché aux parois, une odeur de fleurs blanches. La liqueur est pleine sans amertume avec une petite astringence en fin de bouche. Elle rappelle la châtaigne.
Là tous les souvenirs remontent… leur chez eux avec du Dominique A en fond sonore, leurs conversations intellectuelles poussées, le passage au resto du coin (que je n’ai jamais retrouvé) pour boire/manger la meilleure soupe Phô de ma vie. C’est du côté de Daumesnil, Bercy, si vous avez l’adresse ! De ces après-midi dans le parc de Bercy… et de mes mal-être. J’étais tellement mal, tellement à pomper leur énergie que j’ai laissé les relations s’éteindre. Pourtant je crois qu’ils auraient attendu que j’aille mieux.



Je me rappelle aussi les traductions que Yan-Sang m’avait faites des légendes de mon livre sur l’artiste coréen CHOI Kyu-Il, graveur et peintre, dont je vous parlais . J’ai choisi la page avec cette pierre gravée de hiéroglyphes chinois ou coréens, de maintenant ou de jadis : sa traduction est « le dragon s’envole »…



*source Harubang : photo de Daviderwin

Il ne me reste plus que ce porte-bonheur coréen… une histoire de gardien de la maison, un Changseung en bois… plus mobile que ces frères en pierre, les Harubang. Je ne sais même pas si Hyung-Jung venait de la province et île de Jeju-do. Alors, après coup j’ai fait le voyage virtuel ici et , ce qui me permet de me rappeller ce que ces grands-pères de pierre ou de bois veulent dire…

Je ne sais rien, en fait, d’elle et de lui, Robert. Des études littéraires ou de cinéma et puis…
Regret, aujourd’hui j’aurais pu partager avec eux bien plus, avec autant de plaisir, plus de générosité et beaucoup de cœur… mixité, évasion et spiritualité. Il me reste ce gardien coréen et l'envie de les retrouver.

Des lumières, aux sapins ou sur le chandelier

L’humeur n’est pas à cet enthousiasme chaleureux et généreux de ces fêtes de fin d’année. Pas de préparation de menus de fêtes, juste de très bons plats piqués au quotidien chez les unes et les autres. Il y a tout de même les lumières, comme celles de l'année dernière ... ce chandelier particulier, cette Menora de jeune homme, qui suit l’homme que j’aime.

*source Hanoucha

Cela a commencé dimanche soir, se finira samedi avec toute la famille de son côté… chaque soir on allume une bougie (plus une supplémentaire pour chaque soir d’allumage déjà effectué)… chaque soir un petit présent est offert aux enfants aussi… c’est la fête des Lumières, Hanouka (aux multiples orthographes)...



J’aimerais, en bonne goye qui respecte la religion juive d’une partie de cette famille que j’ai choisie, une Menora immense, de celle que nous pouvons mettre à la fenêtre, qui a besoin d’une main pleine pour être tenue et transportée. Mais comme une goye encore, mes participations et la tenue de la maison en conséquence ne sont qu’exotisme de plus. Un exotisme religieux, en sympathie, mais juste après le folklore. Pour palier à ces faiblesses, les livrets s’accumulent, les contes aussi… ainsi que la prière en phonétique pour pouvoir la lire en famille (après avoir câliner le loupiot qui m’assène un « Chut ! Papa lit…Maman non ! »).
Les lumières brûleront jusqu’à consumation naturelle et seront renouvelées…
Première Bougie : La Hanoukiya
Deuxième Bougie : La lumière
Troisième Bougie : Le miracle
Quatrième Bougie : Shabath
Cinquième Bougie : L'Héroïsme
Sixième Bougie : La langue Hébraïque
Septième Bougie : La solidarité Juive
Huitième Bougie : La paix

*source Menora et table de circonstance



J’aime aussi ce petit détail d’huile d’olive. Pure pour les mets à préparer ou pour allumer les bougies ? En fait, il ne s’agit pas là des bougies mais de petites fioles d'huile à allumer sur une Hanoukia (la Menora est un chandelier juif à usage religieux utilisant plus des bougies, la Hanoukia étant son pendant, terme plus utilisé avec fioles d’huile).
« En général, on utilise l’huile de seconde qualité pour l’éclairage et l’on réserve la meilleure à l’assaisonnement des plats, mais au Temple on procédait différemment, en destinant l’huile d’olive pure à l’éclairage. (Yalkout)
« De l’huile d’olive pure » : Et pourquoi pas de l’huile d’amande douce ou de poisson ou encore d’autres huiles ?
Si l’on privilégiait l’huile d’olive, c’est parce que l’olive symbolise la lumière que l’homme apporte au monde : la colombe vint vers lui à l’approche du soir, une feuille d’olivier dans son bec. (Genèse 8) (Midrach Tan’houma)"
(extrait du livret « ‘Hanoucah » édition Peylim)
Pour plus d’information, n’hésitez pas à lire ces billets sur la fête, les bénédictions, l’allumage des bougies mais aussi les pâtisseries spécifiques à la fête (car sinon il n’y a pas de repas particulièrement élaboré à cette période).

Vous fêtez Hanouka mais connaissez-vous bien cette fête, un petit quizz débutant ou avancé vous attend ! Et Très joyeux Hanouka !


« Le peuple juif et l’olivier :
- L’olivier a un feuillage persistant qui dure tant en été qu’en hiver, le peuple juif existera de toute l’éternité, aussi bien dans ce monde-ci que dans le monde futur (Traité Mena’hott)
- Tous les liquides, excepté l’huile, sont miscibles, le peuple juif ne s’assimile pas, ne se mélange pas aux autres nations (Midrach Rabba) »
(extrait du livret cité plus haut)

Et soit dit en passant, le second exposé est faux… les couples mixtes sont de plus en plus nombreux… pour le bonheur des deux parties !

lundi 22 décembre 2008

Livres pour enfants et non pour bébés

Comment dire ! Je suis une inconditionnelle de Kitty CROWTHER. J’ai adoré « La visite de la petite mort » dont je vous parlais et je comptais m’approprier d’autres de ces livres pour enfants pour continuer à en parler. D’autres, euh, enfin, presque tous quoi, vu que j’avais déjà « Poka et Mine au fond du jardin » (en attendant au cinéma, au musée, au réveil etc…), « Scritch Scratch Dip Clapote ! », « Moi et Rien » et « Mon ami Jim ». Mais je trépigne d’impatience alors à l’arrivée de trois autres de ses propositions, je m’exécute mais petit à petit parce que ces livres sont tellement fins qu’il le faut bien. Avant de parler aussi de « L’enfant racine » et de « Dans moi », je voulais approcher les livres pour bébé… ceux qui sont destinés aux enfants de l’âge de mon loupiot, 2 ans vers 3 ans.

Même dans ce cas, ses livres sont fins, sensibles et ouvrent tellement de portes. « Le bain d’Elias » est un livre cartonné sur le bain…


« 1.2.3 je prends mon bain… 4.5.6 maman m’essuie », rien de plus simple et pourtant… le grain de folie est là, une pirouette de la vie que seuls nos petits diablotins savent faire… (indice)


sans compter un doudou grenouille comme Jérémie la grenouille de « Scritch Scratch Dip Clapote ! »


*source Alors

Et « Alors ? » alors ?

J’ai hésité à le prendre celui-là, comme le bain, le trouvant plus simple. Et en fait, il n’en ai rien. Une salle de jeu avec ballon, coffre à jouets, cube de construction, livre et table où prendre le thé (ou le café salé…clin d’œil à « Mon ami Jim »).

Un premier personnage rentre, déguisé, animal ou humain, peu importe. Il s’installe et va être suivi de nombreux autres personnages, doudous, animaux de compagnie ou jouets… tous en attente d’un événement fort. L’illustration est encore magnifique, très réaliste et pourtant très fantastique. J’aime énormément ses stylisations, ses détails, le choix des objets, des personnages, de l’histoire jamais si simple. La part de rêve est conservé, les mystères non résolus et pourtant identifiable. L’histoire se poursuit même sans le héros. Cela ne vous dérange pas de connaître le mystère, alors vous avez un billet très complet ici.

Vous n’êtes pas convaincus, regardez donc la vidéo sur le site des éditions L’école des loisirs… ici en recherchant entretiens vidéo avec les auteurs, Kitty CROWTHER… alors ?

vendredi 19 décembre 2008

Pistou théophile

N’oubliez pas de manger votre Sencha ! A partir du moment où ce dernier est bio et d’un bon cru.

Pistou de sencha (thé vert japonais) :
Ce qui vous reste de sencha après quelques infusions
1 cuillérée à café d’huile d’olive
1 gousse d’ail
1 cuillérée à soupe d’algues en paillettes (réhydratées)
1 lichette de vinaigre d’umébosis


Alors après ma dégustation de l'autre jour, lorsque ces petites feuilles m’ont donné toute leur saveur « liquorée », je les ai mises dans mon mortier en marbre au pilon cassé. Je les ai malaxées et triturées avec une touche d’huile d’olive et une gousse d’ail écrasée. Quand le mélange a diminué de volume j’ai rajouté des paillettes d’algues réhydratées et un peu de vinaigre d’umébosis…


Sur des pâtes pour un midi en solitaire… il faut un peu d’huile de coude pour préparer ce pistou mais le goût iodé m’a beaucoup plus… de quoi aussi rêver à d'autres mortiers, non ?!

Et ce soir, une tourte toute droite sortie d'une boite à sardines cuit gentiment dans le four… de quoi revigorer un papa fiévreux et malade depuis deux jours, sa compagne aux petits soins et un petit loup espiègle.

Gestation d'une amatrice et première comparaison de YunWu

Cela fait 9 mois que je suis une amatrice de thé. Bien plus si nous considérons juste le passage au thé en vrac (15 ans) mais en plus de mon Gunpowder, de thés noirs venus de mes voyages et achetés dans les jardins de thés locaux, je me contentais de thés parfumés, le sempiternel Earl Grey mais aussi les autres, inventions de petites maisons de torréfactions… des thés parfumés aux noms français, souvent romantiques ou exotiques. J’en venais au thé, à petits pas mais sûrement.

Le premier saut, après ses petits pas enfantins, est l’arrivée aux crus (pas au sens de cuisson). Les noms de thés ont perdu leur exotisme, cette appellation encore coloniale ou sentimentale. Les thés revêtent leurs noms authentiques, plus poétiques aussi. Nous passons de l’occident à l’orient (oui, je n’oublie pas les autres pays d’origine du thé, mais mes préférences vont à l’Asie). L’amour ou le sentiment humain fait place à la réelle contemplation de la nature… je disais là, en parlant de la peinture asiatique, que les Chinois ne jouissent ainsi pas seulement du panorama lors de leurs escapades mais essayent de capter la vitalité de la nature, sa force. L’énergie vitale, le Chi, est alors au centre de toute vie. En buvant un thé, c’est aussi le Chi de sa plantation que nous ingérons… les noms reprennent ainsi une pensée de lettrés sur le paysage comme « Brume de nuage de la montagne Lu » ou un détail de jardin « Pivoine blanche » ou encore un indice de légende, de mythe ou de conte propre à illuminer nos esprits « Statue en fer du Guanyin », « Grand manteau rouge » ou « Puits du dragon »…
A ce stade, les infusions deviennent quelques fois de vraies dégustations. Le matériel se fait plus pointu, la théière japonaise si convoitée devient une tetsubin, le nez prend plus de poids, l’utilisation des zhongs devient quotidienne (enfin pour moi).
J’en suis ici… et je dois dire que cela fait une semaine que je rebois aussi mes thés en vrac parfumés. Je suis allée très vite dans cette découverte et ce cheminement sans apprécier à sa juste valeur tous les thés magnifiques que j’ai bu dans les maisons de thé parisiennes (entre autres), j’en suis sûr. Le frimât et aussi ce besoin de boire chaud accompagné d’un encas sucré m’a ramené ces thés plus modestes mais qui font chaud au cœur tout de même. N’est-ce pas l’essentiel ? Les décorations ne sont pas encore sorties, l’arbre n’est pas là… il n’y a que les parfums naturels (le plus possible) de ces thés noirs, verts ou fumés de base qui viennent mettre une touche d’effluve plus tenace que les grands crus… des pots pourris miniatures, une ambiance de fête. Les boites se vident… c’est bien certains de mes thés, plus « délicats », attendaient dans leur sachet fraîcheur une place vide, aérée entre deux contenants et hermétique après.

Un second saut est celui qui nous amène aux jardins de thé, ce thé en vrac que nous savons venir de tel jardin, telle année à telle récolte… un nom, une saison et pourquoi pas une annotation supplémentaire. J’ai quelques thés verts japonais et un oolong chinois… je suis toute gênée à l’idée de les boire, mais je me soigne (cf. dégustation de Sencha Yame). A ce moment, mes achats seront encore réorientés vers d’autres sources encore plus puristes.

Alors voilà, un thé parfumé ce matin avec un petit gâteau trop sucré de mon fils (sans sucre le thé, lui)… et après la promenade du matin avec passage dans le parc sans lavande, parce qu’il fait doux, un thé vert chinois, un Wu Lu. Mais il me faut là tout dévoiler. Au dernier SWAP Thé, ma swappée était Francine, cette nanny de thé, amatrice, fan et passionnée de thé. Je la gâtais et au même moment, parce que je venais d’avoir 33 ans, j’ai reçu de sa part un colis contenant des propositions de dégustations affolantes et un disque pour accompagné celles-ci. Je ne l’ai pas encore écouté… et aujourd’hui j’ai dégusté un des thés offerts, le Wu Lu.


Ce Wu Lu, un YunWu du Zheijang, « nuage et brouillard » a une complexité en parfums magnifique. Comparé au Lu Schang Yun Wu dégusté il y a peu je l’ai trouvé bien plus ample et olfactif. Est-ce parce que j’ai maintenant une semaine d’expérience de nez avec ma petite tasse à sentir ? Peut-être. Peut-être aussi parce que le zhong était moins poreux, j’avais opté cette fois-ci pour la porcelaine… sans prendre garde qu’il s’agissait d’un thé vert (choix du zhong en terre normalement).
Les feuilles sont petites, flétries et d’un vert profond avec quelques feuilles plus brunes. Elles dégagent une odeur de tabac et de chocolat. La liqueur est elle jaune mimosa, comme l’autre Yun Wu, épais et limpide. La tasse à sentir laisse apercevoir des notes de cacao mais aussi un peu fruitées, avec un net appel très bref au tout début de céréales toastées ou de farine de châtaigne. La liqueur a une très belle ampleur et est presque beurrée, moins végétale que le Lu Shang… une merveille !

Merci encore Francine.

jeudi 18 décembre 2008

De la magie en sciences naturelles

Un autre livre recommandable pour nos petits chenapans à mettre sous un arbre décoré (ou sur le bras d’un fauteuil) : « Le têtard mystérieux » de Steven KELLOGG.


Un vrai petit délice de surprise. Louis est un petit garçon très intéressé par les curiosités de certains cabinets… corail, bois de cerf, coquillages sont pour lui des précieux. Et comme chaque année pour son anniversaire son oncle Mc Allister vivant en Ecosse lui fait parvenir une petite merveille. Et ici oh surprise, un têtard qui très vite ne répond plus aux normes réelles… ce ne sera pas une grenouille. Ce livre, très ancré dans la réalité, jours d’école, repas, ablutions, amène sa magie par ce gentil monstre… du Loch Ness. Mais comment garder ce gigantissime ami, même docile et domestiqué, les espaces de vie sont réduits et le zoo est proche.

Je ne sais pas ce qui attire notre lutin dans ce livre mais il aime le fait de cacher le monstre, de pleurer pour le garder avec soi… de le passer d’un bocal à une baignoire etc…

Ce petit conte reprend quelques notions de contes pour enfants : piraterie, monstre, découverte d’un trésor, en le rendant presque plausible.
Le têtard est effectivement créé comme un monstre gentil, son regard affectueux et confiant en son jeune maître, inconscient des drames possibles, le rend presque peluche, animal de compagnie. Le caractère effrayant est à peine suggéré. Les illustrations, toutes douces, mettent en valeur cette peau de monstre de toutes les couleurs, camélon affectif...
Les contextes de vie sont ici considérés comme pour un adulte, espace de vie, argent mais bien entendu avec des solutions d’enfant.
J’y aime aussi ces aspects sciences naturelles à même de partir vers d’autres lectures et découvertes, entre "La Hulotte" et découverte de la préhistoire… et puis juste une dernière chose, votre enfant aime les hamburgers !, alors espacez vos lectures !

En allant plus loin dans cette relecture du mystère du Loch Ness, il y a le très beau film "Le Charmant Dragon" de Jay RUSSELL… entre réalité et mythe. Avec ce petit de poche là, cela nous fait donc deux Nessy à la maison…

mercredi 17 décembre 2008

Sencha, accueil du matin

Il pleut ce matin, sans parapluie, tenue trop difficile à négocier avec une poussette, je suis partie pour mes 45 minutes matinales…
Au retour, une petite dégustation de thé enrobant était de rigueur. Le Sencha Yame de Tamayura m’a fait de l’œil, souvenez-vous ma première dégustation dans leurs locaux.



*source jardins de thé de Yame, Kyushu

Ce thé vient de l’île de Kyushu au sud du Japon, de la région de Yame. Il est fait d’aiguilles vert jade qui se déploient un peu à l’infusion. La liqueur vert-jaune, quasiment fluorescente, à l’odeur végétale d’herbe légèrement iodée et aussi chaude, comme un galet de marée basse resté longtemps sous le soleil sans trop sentir le minéral, au fur et à mesure des infusions, elle est aussi poudrée.

Le goût est ample, englobant, crémeux, au goût d’asperges vertes. Et je reconnais son côté tonique. Pas d’amertume mais un peu d’astringence à partir de la troisième infusion. Les feuilles infusées restantes serviront d'herbe aromatique à mon repas de ce midi... en pistou... le voici.




Je n’ai pas, bien entendu, suivi la méthode de "sencha-do" de Sacha mais la liqueur était très à mon goût, de quoi effectivement tonifier un samouraï… euh, une maman.

mardi 16 décembre 2008

Des couleurs comme écharpe hivernale

Allez pour affronter l’hiver et son manque de luminosité… en plus de reprendre tous les hivers possibles, rappellez-vous vos hivers imaginaires, je vous propose comme un petit kaléidoscope de couleurs, de textures à toucher…


*source de nuancier large de Bernard GUINEAU

… des tissus, encore des tissus et du carrelage (entre doudous, portes bébé et étalage de motifs)… création: A Ervilha Cor de Rosa Pomar, je vous recommande aussi l'histoire du textile (même si je n’y comprends rien)

… des pigments et couleurs d’ailleurs : Fenêtre sur la cour

… des couleurs une à une posée, explicitée, souvent japonaise, Furoshiki

…. des couleurs, des paysages, de part le monde, Aux quatre coins du globe

… des patchworks mulicolores comme robes de yourtes ici et

… quelques nuanciers de toiles de grands maîtres ou

… un cours sur les couleurs et les contrastes en peinture, des palettes qui deviennent des tableaux

… des papiers coupés, frippés, collés, origamisés, des motifs et des chiyogami, des motifs pour enfants

... et les nuanciers d'un peintre

Pu'er d'ici et d'ailleurs

Une nuit qui me laisse courbaturée, des mollets tendus par les marches forcées et rapides, une tête peu reposée. Il me fallait un thé pour réchauffer le corps et l’esprit. J’ai opté pour le Pu’er offert par Katell lors du dernier SWAP Thé et je n’ai pas été déçue.



Ce fut une dégustation ici et ailleurs
N’ayant pas encore de théière, j’ai infusé mon pu’er au zhong. Oui, oui, je vous entends déjà : sacrilège ! Mais je fais avec ce que j’ai. Je n’ai pas non plus réchauffé et patiné du jour mon zhong et mes tasses à sentir et à boire comme le fait Laurent de Vivre le thé dans sa vidéo (reprise ici mais là dans son contexte). Cette démonstration m’a laissé ce matin étourdie et attentive. Et ce fut aussi une des raisons de mon choix vers le Pu’er.



Mon petit zhong a infusé les feuilles vert/marron de ce pu’er brisé pour offrir une liqueur acajou et limpide, les feuilles devenant complètement noires. La liqueur est très prononcée en odeur, de cuir et d’étable… la tasse à sentir révélant elle, derrière, des notes de tabac et de terre fraiche. En bouche, la liqueur est salée, ample, sans amertume ni astringence avec un goût de nèfle ou de champignon.
J’imaginais Katell partie dans les bois de sa Bretagne, le nez au vent glacial caché par l’écharpe épaisse, les bottes aux pieds foulant l’humus… une impression de sous-bois.
Mais aussi, j’avais en tête la lecture de « Kelvin l’enfant fou » de Béatrice CORTI-DALPHIN … cette petite nouvelle, attrapée dans ma poche par un coup de vent suisse et un avis averti de Kris toujours aussi à propos (cf les commentaires). Une rencontre comme hors du temps, une compréhension d’un regard, une pertinence de la présence et… du thé… Je n’ai pas pu profiter d’un Oolong peu torréfié comme dans l’histoire, le vécu de cette étrangère à Singapour, mais le caractère humble d’une théière Bodum de voyage et la communion des gestes et des éveils d’un Kelvin à l’autre m’ont apaisée et rendue sereine dans les non-hasards de la vie.
Ce Pu’er avait le goût et l’odeur de ces rencontres virtuelles : Katell, Kris dans son pays enneigé, entre deux lignes de littérature sur le thé, des effluves réelles et précieuse et entouré de sachets de thé décoratifs, Kelvin presque vivant grâce aux mains du Laurent de la viédo)… ils étaient là.

lundi 15 décembre 2008

Dans la chambre des arbres et des monstres

J’ai envie de recréer une ambiance de Noël. Parce que nous sommes parents, parce que la famille a un autre goût maintenant… je rêve de douceurs et de foyer (à lire au sens de moments délicieux et de présence (ré)confortante).
Bien que nous n'ayons pas encore l'arbre, j’ai de ces petits papiers à mettre dessous. Oui quelques arbres doivent périr mais j’espère pour la bonne cause… pour l’illustration, des mots apaisants ou forts, des réflexions fines… des livres !
Et plus précisément des livres pour enfants d’âge ou de curiosité. Alors un à un je reprendrais ceux qui reviennent régulièrement chez nous. Le petit d’homme aime les livres dont la lecture est réservé aux plus grands… ceux de son âge, 2 ans, sont lus seul ou accompagné par d’autres membres de la famille… mais à deux, son papa ou moi, et lui, ce sont des livres d’histoire. Mes rêves de lecture à voix haute sont exaucés.

Je commencerais par une référence des livres jeunesse. « Max et les Maximonstres » de Maurice SENDAK, plébiscité au moins trois fois par semaine.



« Mons » comme il dit, est de ces livres qui font peur et éloigne, je crois, les siennes.


Max est un chenapan, parce qu’il a enfilé son costume de loup. Il veut manger sa maman qui l’appelle monstre. Exilé dans sa chambre sans souper, il va rêver être le roi des Maximonstres.
Beaucoup de choses m’ont perturbée au départ dans ce livre. Le fait d’appeler son fils monstre comme une appellation ou une injure, le fait de focaliser le repas comme une récompense, le fait d’isoler l’enfant dans sa chambre pour le punir. Et j’aurais pu m’arrêter là. Mais justement, par la lecture, l’intonation que j’y mets, les rappels d’autres lectures ou tout au moins mes paroles accompagnatrices, il nous est permis d’aller plus loin. Et puis il y a ce voyage, dans l’univers des bêtises incarnées et ce retour vers le rassurant.

Les monstres de SENDAK sont fabuleux, plein de griffes, de babines, entre monstre, lion, taureau, griffon… « Les Maximonstres roulaient des yeux terribles, ils poussaient de terribles cris, ils faisaient grincer leurs terribles crocs et dressaient vers Max leurs terribles griffes. »... ils ne sont au final pas méchants, ils ont juste les yeux jaunes. Leurs activité est juste illustrée, à l’enfant de rêver autour et de les agripper comme des peluches.
Et puis le monstre Max n’apparait qu’une fois avoir revêtu le costume… et le fait de manger sa progéniture est autant une vue de l’esprit, une métaphore de l’amour parental et aussi une possibilité de remettre des mots sur des attitudes peu en phase avec moi. Le papy de notre petit loup adore lui dire qu’il va le bouffer… cela me permet, avec appui de son livre, de repréciser à notre lutin que son grand-père l’aime tellement qu’il le souhaite tout entier auprès de lui à l’embrasser, si proche de lui qu’on dirait qu’il le mange… la fusion, par la parole, me parait alors déroutée… mon fils ne me semble plus être un objet de convoitise, même d’amour. De quoi aussi mettre des images sur la révolte de l’enfant et sur sa relation aux parents (à la mère).
Et que dire des illustrations, fabuleuses, à l’encre, très hachurées et pleine de relief sans ombres. Le costume de loup est une vraie curiosité aussi… l’enfant n’est pas la crapouille qu’il peut faire parfois, ce n’est qu’un de ces nombreux costumes.




Malice nous en parlait comme d'un chef d'oeuvre et ici une petite idée des controverses.

Rajout du 06/02/09: Et dire que ce livre je l'avais acheté suite à une superbe mise en atmosphère de Fauna Amor. En le lisant au lutin j'avais oublié... quelle honte cet oubli bien-pensant des adultes, oui j'aime ces monstres, oui j'aime en offrir à notre loupiot... et j'aime lui présenter les angles, durs aussi, de la vie. Le billet de Fauna Amor est à lire et relire ici et oui je veux des monstres réels, aux griffes acérées, aux dents véritables et pas que de carton pâte, Merci Fauna de le repréciser

Repas de réconfort, épicé, légumineux et piquant

Crèpes de pois chiches fourrées aux légumes et lentilles épicées
1 bol de farine de pois chiche
Un peu moins de 2 bols d’eau
Du persil
2 carottes
3 topinambours
1 courgette
1 échalote
1 verre de lentilles corail
1 cuillérée à soupe d’huile d’olive
1 cuillérée à café voire à soupe de mélange d’épices 5 parfums (coriandre, girofle, paprika, badiane, gingembre, fenouil)
Des graines germées de radis
200g de tofu ferme.


Faites transpirer l’échalote émincée dans l’huile d’olive et 1 pincée de sel. Frottez les légumes à la brosse et épluchez les topinambours. Coupez-les en tous petits dés. Faites les transpirer assez longtemps en rajoutant une autre pincée de sel. Quand le mélange redevient sec, rajoutez de l’eau à hauteur et le mélange d’épices. Faites cuire al-dente. Rajoutez les lentilles corail rincées et attendez que les lentilles aient absorbées toute l’eau.

Poêlez le tofu en petits cubes. A part, mélangez la farine de pois chiches avec l’eau et le persil. Sur une poêle chaude et huilée, faites des crêpes semi-blinis pas trop épaisses…et cuisez-les bien d’un seul côté. Fourrez les des légumes aux lentilles et rajoutez le tofu poêlé et les graines germées de radis pour leur piquant.

Thé de brume, nuage au nez

Il y a peu un amateur éclairé de thé, T.alain, m’avait murmuré à l’oreille qu’une tasse à sentir me plairait sûrement. Alors j’en avais eu envie, très envie, je vous le disais . Mon souhait a aussitôt été exaucé. Un petit tour chez « Thés de Chine »Francine m’avait emmenée. Un nouveau menu au thé avec ces raviolis maison fabuleux (une préférence confirmée pour les végétariens, très, très délicats et savoureux) et une dégustation de Anxi Tie Guan Yin, toujours aussi crémeux et enivrant.
Et puis l’achat de mes premiers ustensiles à Gong Fu Cha… et des indications précieuses de Vivien, l’hôte de cette maison de thé. Avec générosité et de manière extrêmement humble, il a repris avec moi ma manière de déguster le thé. Au zhong. Oui, oui au « chung » ! Il nous a expliqué, à mon homme ébahi et moi, comment optimiser mes dégustations… le tour de main pour ne pas se bruler en versant la liqueur : l’index appuyant le creux au dessus du zhong, le majeur et le pouce prenant fermement les bords supérieurs évasés (pour que la chaleur soit moins forte). Puis Vivien m’a précisé la métronomie obligatoire pour apprécier un bon cru ainsi que le dosage bien plus important de thé à mettre. Son partage sera encore plus flagrant dans un autre billet.
Seulement au début de la semaine dernière, j’avais pu apprécier ce nouveau matériel. Un nouveau zhong de « La Route du thé », en terre, pour mes thés verts et mes petites tasses à sentir et à boire. Je m’étais rapprochée de la fenêtre pour prendre encore plus de lumière et puis, pas à pas, avais apprécié ce moment de sérénité. Assise à genoux sur mes fesses… en attendant de retrouver à la cave mon siège à seiza (relégué pendant la grossesse et juste après).
J’ai pu profiter des flocons de neige, cotonneux, duveteux, sur cette petite portion de jardin où les branches dénudées des arbres n’ont pas perdu de leur charme. J’avais alors dégusté un Lu Schang Yun Wu de la région de Zhejiang. Un thé vert aux feuilles très fines, brunes et un peu flétries. Je n’ai pas pu procéder à la pratique de motricité fine de l’écoulement de la liqueur du zhong (surmonté d’une boule) mais me suis rattrapée avec celle de la tasse à sentir… je vous la montrais là… je verse la liqueur dans la tasse à sentir, pas trop pleine, y rajoute, comme un capuchon, sa tasse à boire, tourne ce sablier imaginaire, soulève et attend la descente de la liqueur dans ce nouveau contenant et sens… Les odeurs étaient discrètes, présentes, tenues presque mais si délicates que mon nez encore débutant n’a pas pu les définir. Est-ce aussi parce que mon zhong s’offrait là son baptême. Le couvercle de celui-ci ne sentant que la terre de poterie. Il faudra encore quelques patines pour apprécier encore mieux.

La liqueur d’un jaune épais, peu apparent sur la photo (deuxième infusion), offre un goût un peu amer avec une présence très longue au palais…

Très végétale et tout à fait à mon goût. Je n’avais rien noté, entièrement occupée, ou plutôt dans l’action, l’esprit libre. Alors les indications suivront.


J’ai pris plaisir à sortir mes ustensiles, tasses à sentir et à boire, mais aussi ce nouveau zhong aux dragons (regardez donc le couvercle) et cette tasse reléguée au placard et pourtant si convoitée à l’époque, au début de mes thés choisis en vrac (mais encore parfumés), il y a déjà 15 ans… cette vue enneigée dessinée (dont je ne retrouve pas le nom) par HOKUSAI que j’adore… son manga, sa ténacité, cette passion d'enfant... Ce thé « Brume de nuage de la montagne Lu », ce Lu Shang Yun Wu, thé vert chinois, n’a pas été dégradé par cette tasse japonisante servant pour le reste de l’infusion (après avoir servi la tasse à sentir)…

mercredi 10 décembre 2008

Manipulable, influençable... à voir!

...

Je vais me faire un thé... parfumé et faire table rase. Avant, j'écris ce billet d'humeur:

Est-ce un moment de lassitude ? Une période où le manque de luminosité est susceptible de trainer avec lui une déprime ? Est-ce parce que j'ai besoin d'être un peu reconnue? Que le manque de commentaires ou la descente en flèche du nombre de visiteurs de ce blog me touchent plus que je ne saurais l'avouer ?



... la proie potentielle à la lassitude a été toute désignée pour être celle d'un manipulateur de rue. Pourtant je ne suis pas trop idiote, la méthode était pourtant la même... à quelques degrés près. Je suis repartie le sac lourd de deux livres et mon porte-monnaie délesté d'une somme...
La méthode est celle-là:
- interpellation par une demande d'informations, bidon bien sûr
- accrochage par une gentillesse pas trop grossière... pas du style "mais vous êtes mignonne vous", et pourtant il y avait bien entre autres "délicieusités" "vous êtes souriante !" J'aurais dû me douter... mais voilà j'étais en pleine lecture, et mon livre de poche en main, prête à être arrêtée par un livre, non?!
- un débat de société pour aimanter la cible... un peu de tolérance homosexuelle, un peu de sourir aussi... j'étais déjà foutue !
- le contrat non voulu, dit à une vitesse d'élocution bien plus rapide, trop frénétique aussi pour redemander à l'interlocuteur de parler plus doucement (devrais-je dire plus clairement) sans passer pour une scélérate et le tour est joué, tant est que votre monnaie soit volumineuse...

Alors, Monsieur le manipulateur, avec quels remords puis-je prendre la chose ?
Allez, je vais dire que ma naïveté du moment est cadeau, avec la somme d'argent bien sûr. Vous étiez moins "lourd" que vos confrères à la sortie des métros ou des gares.
C'est dommage que cet argent n'est pas été en direction de ceux qui en avait plus besoin que vous. Dire que je mène une gestion de mes dons au SDF en bas de chez moi. Oui, oui, de cette gestion hypocrite du coeur, entre la bonne conscience de ces saisons froides et cette sensiblerie à se dire que j'ai servi à allonger son aumône quotidienne pour lui fournir un repas chaud chaque soir.
Et puis en plus je ne suis pas livre format sortie d'édition, j'aime les "poches" et je ne supporte pas me faire manipuler pour acheter une lecture... oui, je suis très influençable! Par le sujet monsieur, par les avis de personnes que j'ai portées au rang de pourfendeurs d'âneries et non par les critiques du tout venant ou professionnelles... alors encore moins un livre donné en mains...(autre accroche de manipulation intellectuelle d'ailleurs, cette obligation de toucher l'objet du don).

Alors je me retrouve avec ces livres, ancre de mon malaise, peut-être justes bon à faire du feu, qui sait! Il ne me reste plus qu'à relire "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" de JOULE et BEAUVOIS, lecture salvatrice, à réitérer tous les 2/3 ans apparemment pour que l'effet d'intelligence et d'à propos perdure.

Et puis, dois-je me renfrogner, ne plus sourir dans la rue, ne pas avoir l'oeil qui pétille de curiosité, ne plus être insatiable de vie ?... je n'arrive pas à m'y résigner! Encore heureux qu'un regard d'enfant a tout fait disparaître, comme ça, d'un coup! Cette gamine de 10 ans regardait mon cahier de croquis, de pensées, de vie dans le métro... elle avait les yeux pétillants au vue du dessin du jour. Merci charmante enfant, merci petite rouquine, j'ai fais défiller les pages pour toi... et tu m'as donné du baume au coeur...

mardi 9 décembre 2008

Nuit en couleurs et en peintres

Le soir, pour aller chercher le petit d’homme, je suis les dentelles d’or et d’argent de la nuit
...
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enfin certaines, celles qui vont dans ma direction bien sûr…

Je me rêve les mains pleines de pigments noir, ocre et outremer… et en rentrant me plonge encore et encore dans ce livre « L’art entre nuit et jour » de Marjatta LEVANTO, illustrations de Julia VUORI, dont je vous avais parlé sommairement en présentant quelques anecdotes de peintres...


Les peintres de la nuit et de l’aube du Musée d’Orsay y sont présentés comme invités à notre table. Pour les plus jeunes, des illustrations de pigeons reprennent le thème ou montrent un détail… le détail…


« Les œuvres d’art sont un peu comme les hommes. Avec certains, on s’entend tout de suite. Avec d’autres, il faut faire connaissance pour devenir amis. Il y en a qu’on ne peut jamais aimer. Comme les hommes, certaines œuvres d’art sont bruyantes et parlent à voix haute, d’autres ont une voix à peine audible et certaines sont si hautaines qu’elles font carrément peur. Chacune a pourtant quelque chose à dire. Elles présentent une différence avec les humains, c’est que elles, elles ont tout leur temps.
Il faut faire attention avec les œuvres d’art. Car souvent l’essentiel est ce qu’elles ne représentent pas, ce qu’on ne voit pas, ce qui n’a pas lieu. Et qui pourtant étrangement présent, car dans l’art tout est possible.
Ce livre parle de l’impossibilité, de tout ce que l’art est seul à pouvoir dire. Comme guide, nous avons Mercure le veilleur, avec ses pigeons parisiens, sur le toit du musée d’Orsay. »


J’y aime les calques de photographies d’époque, d’ambiance, de réels personnages, femmes, enfants …de quoi suivre Degas, Toulouse-Lautrec ou Rodin.



De quoi aussi rêver aux pastels de William Degouve de Nuncques… présentés dans ce même musée.

*source William Degouve de Nuncques

La vapeur qui se dégage du riz qui bout dans la marmite

Voici une vidéo qui reprend le principe du Chi. Cette énergie, cette force vitale, cette direction, est présentée dans sa dualité, yin et yang.



*source cuisson du riz à la main dans une brasserie au Japon

Ce composant du courant Taoïste est aussi expliqué dans tous ces champs de correspondance, magnétisme, géomancie, astronomie, mais aussi dans son rapport au corps et à la santé, comme médecine chinoise.



Le Chi_Énergie mystérieuse
envoyé par Introcrate


En prônant la méditation et l'exercice... vous vous rappelez ce concept d'énergie au Japon et ces exercices: le Kiatsu de Koichi TOHEI ou encore le Zen Shiatsu de Shitzuto MASUNAGA.

lundi 8 décembre 2008

Pour respecter les animaux et les hommes, il ne faut pas oublier

Le petit conte d’Amoz OZ me donnait envie. Je croyais que j’allais y retrouver une magie, un émerveillement… en fait ce fut une déception.



« Soudain dans la forêt profonde » est un petit conte pour enfants ou adultes. Il nous entraine dans un village déserté par tous les animaux, rampants, volants, grimpants, marchants. Une culpabilité semble être le lot des adultes, ils les ont fait fuir mais ils ne veulent pas en parler… ni en rêver.
Nous suivons ces villageois dans leur déni. Pour certains, les animaux n’ont jamais existé. La maitresse d’école les dessine et imite leurs cris pour faire perdurer cette faune disparue. D’autres en sont tellement désappointés qu’ils tombent dans la schizophrénie ou la maladie physique ou mentale. Deux enfants pourtant vont suivre leur intuition et chercher au fond de la forêt… ils le savent : les animaux existent, la preuve était dans une marre d’eau et s’est vite caché sous les algues… un mini poisson.

J’aurais pu être transportée par ce petit conte, suivre ces enfants contre la norme et être émerveillée. Pourtant, l’intolérance, la honte, la déviance, ne m’ont pas touchée. Est-ce que les contes ne me font plus rêver ou réfléchir… peut-être. Je l’ai trouvé trop simpliste sous couvert de philosophie. La rédemption est-elle un sujet qui ne m’attire pas (plus) ? J’ai tout de même été touchée par deux points… l’idée de l’oubli, de cet oubli de la nécessité d’oublier :
« Durant des jours et des jours, les gens n’avaient plus osé se regarder en face, tant ils étaient méfiants, abasourdis ou honteux. Depuis, la plupart répugnaient à en parler. En bien ou en mal. Ils n’en disaient mot. Il leur arrivait même d’oublier pourquoi ils préféraient oublier. Cependant, tout le monde se souvenait parfaitement que l’oubli était souhaitable. Et qu’il valait mieux nier en bloc, même le silence, et se moquer de ceux qui s’obstinaient à se souvenir : il fallait qu’ils se taisent. Qu’ils ne parlent pas. »

Et puis cette trouvaille, qui va vers un Eden où carnivore et végétarien se retrouveraient. Pas dans cette utopie de ne plus attaquer le faible mais bien dans ce fruit, le carnélia, au goût carné… et la protéine dans tout cela !!
« Nehi avait découvert au cours de ses errances un arbuste où poussaient des baies blanches et pourpres au goût de viande. Nehi appela ces fruits des carnélias. Il sema et cultiva des graines de carnélier aux quatre coins de la forêt où elles poussèrent et se multiplièrent, car il s’était aperçu que les carnassiers semblaient apprécier la saveur de ces fruits et ne rechignaient pas à en manger, de sorte qu’ils n’avaient plus besoin de dévorer des créatures plus faibles pour se nourrir. »



Bon, j’aime l’idée de savoir parler aux animaux, allez oui, je confirme. Je pense aussi qu’il me faudra relire ce petit conte, peut-être après avoir découvert toutes ses références folkloriques ou juives, pour y voir, je ne sais, une certaine ironie. Je ne peux que vous proposer le billet de Emmyne remettant le roman sous une forme jeunesse et les deux billets suivants, ici et

Sur le sapin... de la musique

Certains ouvrent leur calendrier de l'avant, d'autres lisent des livres pour se mettre dans l'ambiance de Noël. Moi je réécoute des chants de Noël... mais pas n'importe lesquels.

Une amie, Cécile, me les avait recommandé pour sortir d'un blues de saison l'année dernière. Avec un immense plaisir je me remets cette voix et ces rythmes entre les deux oreilles...
Sufjan STEVENS chante Noël et c'est un vrai bonheur, loin de tout kitch ou de toute mièvrerie...



N'hésitez pas à lire ce qu'en dit Cécile sur son blog Words and Sounds et suivre ce chanteur dans toute son actualité .

Voici un extrait... "That Was The Worst Christmas Ever!"









jeudi 4 décembre 2008

Thé à boire et à manger... au Tibet

"Le matin, ils "suçaient le jiaka". Une pâte faite de farine d'orge grillé et de lait caillé était chauffée sur le fourneau et placée sur un des côtés du bol. On versait ensuite du thé au beurre dans l'autre portion du bol. En buvant son thé, la famille tournait les bols de façon à ce que le thé absorbe le jiaka, le dissolvant graduellement. On n'avait pas besoin de couverts. La première fois qu'on a donné à Wen son petit déjeuner, elle a bu tout le thé d'un seul coup puis à demandé à Zhuoma comment manger le jiaka. Toutefois, l'habitude prise, elle a aimé cette sensation de boire en partie et de manger en partie, et a retrouvé une façon de ne pas se brûler la bouche."(extrait de "Funérailles célestes" de XINRAN)


*orge préparé au Tibet pour le jiaka, la tsampa...

... de quoi poursuivre une impression d'authenticité autour d'un thé tibétain... vous vous souvenez ce thé au beurre de Yak... et ce dernier comme crème nourrissante

Vieillesse crue et menu cru, cru mais mariné

La vie est ainsi faite qu’elle nous réserve quelques détours et circonvolutions. Je ne sais pas s’il s’agit d’un manque d’optimisme ou un simple cynisme mais j’ai toujours eu l’impression que je finirais ma vie seule et sans ressource.
Pas de sensiblerie de bas étage. Il s’agit bien une probabilité comme une autre. La vie affective peut souffrir d’éphémère, la différence sexuée entre les espérances de vie peut faire le reste. Quant aux sous, je suis bien trop peu ambitieuse et trop en dehors des clous conventionnels pour les rechercher ou les attirer… je serais prête à prendre encore des années pour mes potentiels prochains enfants (les 3 premières années de vie !)… et puis je freine des quatre fers pour ne plus revenir dans un milieu professionnel qui ne me convient pas. Oui, oui, je devrais faire un bilan de compétences, oui, je devrais accepter d’être une assistante… maintenant que mes 25 premières années n’ont été que prises de position. Enfin, le pas n’est pas fait, alors compter sur une retraite digne de ce nom…

Alors je me rêve vieille, ridée (oui s’il vous plait très ridée, que la vie m’ai marquée par les chagrins et les joies) aux cheveux blancs. Je me rêve un peu bohème, avec comme une araignée au plafond et pourtant une intelligence toujours pertinente. Avec une bibliothèque qui fondrait à vu d’œil en fonction de mes visiteurs (les enfants se serviraient grandement à leur guise et à chaque partage et coup de cœur échangé, les amis repartiraient avec un de mes livres). Sûrement un ou plusieurs chats, libres d’aller et venir entre l’intérieur, l’extérieur, chez moi ou chez les voisins. Avec un petit chez-moi à la campagne, pas très loin de mes enfants mais bien à 70 km quand même. Oui, faites que j’ai un toit au dessus de la tête ! Et un jardin… plus particulièrement un potager. Je serais devenue locavore (est-ce pour cela qu’en attendant je fais preuve de luxe et de confort dans le choix de mes produits alimentaires ?!), et même mon-potagévore, encore flexitarienne (à moins que je suis devenue vraiment végétarienne) et sûrement à tendance crudivore.
Alors en attendant je me mets doucement aux recettes crues.

Tartare de thon :
Une belle tranche de thon rouge foncé de première fraîcheur
1 peu de concombre
Du persil
Du gingembre
1 cuillérée à soupe d’huile de noisette
Jus de citron jaune et vert
De la ciboulette
1 échalote


Coupez le thon en petits cubes plus ou moins gros selon votre volonté (garder cette consistance et ce moelleux de poisson cru en gros cubes, plus une impression de rillettes en petits cubes). Ajoutez tous les autres ingrédients émincés très finement et arrosez d’huile et de jus de citron. Gardez au réfrigérateur environ 2 heures en tournant au moins une fois le mélange.


Légumes crus et marinés (choisissez des légumes bio), soit une adaptation des légumes "stir-free" crus de Julie, Tout cru dans le Bec
A préparer le matin pour le soir !
2 carottes
2 courgettes
2 topinambours
4 ou 5 champignons de Paris
½ fenouil
1 noix de gingembre frais
3 abricots secs
De l’huile de noisette
De l’huile de tournesol
Jus d’1 citron
Graines de sésame, noix de cajou ou autre (facultatif)


Frottez tous vos légumes (sauf les champignons) avec la brosse végétale (ce hérisson-là), essuyez les champignons avec un torchon propre. Epluchez les topinambours. A l’économe, faites des tagliatelles de légumes et des copeaux de champignons, de fenouil et d’abricots. Emincez le gingembre. Rajoutez l’huile généreusement (plus qu’une salade mais un peu moins qu’une marinade) et le jus de citron. Mélangez bien.

Réservez au réfrigérateur pour au moins 5 heures. Tournez le mélange au moins 2 fois. Servez avec des graines ou des herbes aromatiques. J’ai choisi une « marinade » plus longue que Julie et une coupe plus fine des légumes pour que mon homme puisse mieux déguster sans avoir l’impression d’avoir des bâtonnets de légumes crus… en effet, les légumes sont comme un peu confits.

Et c'est encore meilleur avec 24 heures de macération...

mercredi 3 décembre 2008

Et moi: qui suis-je?

Il avait un petit papier dessus. Un petit mot laissé là par l’un des libraires. « Une révélation ! » En proie aux doutes existentiels, à un manque de confiance en moi chronique et à un état fébrile, j’ai eu envie de me laisser guider et je suis partie avec « Mon frère nocturne » de Joanna HELLGREN, petit roman en bédé.
Jakob va avoir 10 ans dans un mois. Toutes les nuits, il rêve de son frère. Il ne sait pas s’il s’agit en fait de lui-même ou de cet autre, mort à 10 ans, avec le même prénom, tout juste 9 mois avant sa naissance.

« Il est mon frère, son nom était Jakob, comme le mien. Comment savoir sa fin et mon début. Il n’y a pas de différence, croit maman. » Sa maman en est sûr il s’agit bien d’un retour du premier fils sur terre et les affinités de ce second sont tellement identiques à celles du premier qu’il n’y a pas de doute possible. Ils écrivent des chansons au piano… les mêmes.
Jakob sait que, comme son double, 10 ans plus tôt, il mourra à son dixième anniversaire. Et nous voilà dans la tête de ce garçon.


Ce roman dessiné est magnifique, les illustrations en noir et blanc sont quelque fois austères, très travaillées, fouillées ou juste stylisées. Des détails sont suivis d’amas d’encre noire. Des fulgurances et des idées noires comme celle du garçon. Loin d’être une histoire glauque, il y a de la vie sous les lignes et les croquis ! Derrière la culpabilité de cet enfant à n’être même pas tout à fait l’autre pour sa mère, à être transparent ou un boulet pour ce frère rêvé, il y a toute la symbolique de l’arrivée d’un enfant dans une famille. "Elle parlait du chagrin dans tes yeux. Elle te parlait comme à quelqu'un de grand alors que tu venais de naître."
Un prénom choisi plein de sous-entendu, de secrets, de drames non digérés. Une enfance pris en étau par les désirs des grands. L’éclatement familial. Mais aussi toute cette douleur et cette naissance pour guérir, ainsi que la différence chez l’enfant.

Il y a toute cette vie en l’enfant, cette créativité et cet investissement à se construire une identité… les mots et les illustrations se répondent, l'écriture elle-même, manuscrite, nous emmène comme à la lecture d'un journal intime. Et la lecture est salvatrice… pour une maman en quête de parentalité non-autothérapeutique.
N’hésitez pas à lire les billets suivants pour ne pas tarder à vous le procurer : ici, et encore .