mercredi 15 juin 2011

Profiter d'une dernière liqueur de Yun wu et rincer le palais et les émotions

Le temps file et me laisse exsangue d'énergie. Penser au vital parce que pas si évident des fois et succomber à mon envie d'être aux autres aussi.

En préparant un Yun Wu Lushai bio, thé vert chinois de la région de Hunan, je me pose, récupère, bois. Infusé à 70°C. Odeur sucrée et florale des feuilles sèches. Infusion claire, végétale et épaisse. Puis légèrement amer par infusions successives.
Ces derniers temps, ma boisson de prédilection fut l'eau. L'eau de source, l'eau courante de la ville, l'eau avec une goutte d'huile essentielle de citron par litre 1/2. De l'eau bue par obligation puis savourée. De l'eau de préservation, de l'eau vitale, de l'eau pour aller mieux, de l'eau pour passer à autre chose...

J'ai découvert aussi le palais neutre de saveur en journée. Ce palais rincé par de l'eau de source. Une grande gorgée d'eau avant de déguster mon thé, une petite gorgée d'eau entre chaque infusion. Minéralisée (et peu chlorée pour celle de la ville), elle apporte tout de même ce "lissage de la langue" presque apparent à celui préconisé en hygiène Kriyas, le jihva dhauti (ou se râper la langue) que je fais tous les matins.

Sortir de cette culpabilité d'être une mauvaise amie. Revenir sur cette disponibilité que l'on perd à être maman, revenir sur les efforts d'une relation entretenue. Revenir sur les quiproquo dans les communications, sur l'attente qu'Elle avait. Se dire que ma disponibilité est autre, plus diffuse c'est vrai, mais aussi intense et, j'espère, toujours de qualité. Réfléchir et s'apaiser sur ce qui fait la relation amicale, se réconforter auprès de ceux qui savent accepter les failles... et quelques fois les manquements. Se dire qu'il est temps d’appeler les uns et les autres, le faire et ne pas procrastiner ce polissage des amitiés, ce don d'énergie, de temps et d'affection propre à redémarrer, pour un temps, rassérénés par tant d'accompagnement.
Se dire que l'on ne choisit pas sa famille... et que la déception est la conséquence d'une attente trop forte... même si, même si j'aurais bien craché au visage... se défaire de cette violence non-constructive et se conforter aux relations choisies.

Récupérée presque seule, le loupiot se reposant dans la pièce d'à côté. Reprendre des forces en profitant des roses offertes sans raison (si celui de me faire plaisir). Profiter d'un temps pour moi après l'avoir offert aux autres (ou quelques fois leur avoir volé):
reprendre des nouvelles des malades (en oubliant cette valorisation de la transmission des aïeuls qui ne pourra décidément pas avoir lieu), rencontrer la famille de l'amie, offrir le sourire de bienvenue à un petit être tout désiré à la grande sœur omniprésente (et grande absente), soutenir la maman dans son envie d'allaiter avec des coquillages nacrés et polis scandinaves.

Reprendre des forces après avoir accompagné une classe entière de petits, les avoir consolés devant la marionnette sorcière qui fait peur, les avoir soutenus dans la balade groupée où le rythme individuel passe après l’impulsion groupée, avoir mouché les nez, convoyé les pisseurs, réparé les accidents de parcours, fait un brin de limites, materné les plus épuisés, réveillé les dormeurs à l'arrêt de bus... et récupéré le sien pour le savonner et lui faire un gâteau au chocolat (qu'il ne mangera que le lendemain) épuisé qu'il était.
Profiter de son choix musical de repos "Pierre et le loup" de Prokofiev et respirer, respirer.

2 commentaires:

  1. je me suis laissée porter par votre texte! cela donne envie de se mettre aux thés... d'apprendre plus sur le sujet!
    bon week-end.

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  2. Daisy: merci. Ce que j'aime dans le thé, en plus du goût, c'est la diversité, cette invitation à l'expérimentation sensorielle (vue, ouïe, gout et toucher) et une occasion de me poser et de créer une atmosphère.
    Il faut tenter, c'est sûr ;)

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