jeudi 3 août 2023

Comment préparer des enseignements pour élèves aux troubles dys?

 L'année dernière j'apprenais que j'allais enseigner à des élèves aux troubles dys +++ associés. Or je ne suis pas une enseignante spécialisée. La formation a duré 2 jours dont 1 était "Construisez votre grille d'observation personnelle car les besoins de vos élèves sont différents d'un trouble ou handicap à l'autre!" Bah oui mais justement comment on la crée cette grille.

Parce que oui. A l'inverse des autres écoles où le programme délimite une progression par cycle, là il faut partir de l'élève.


extrait du programme avec modification 2020 en mathématiques pour le cycle 3, infographie de Virginie Gorgone

Dans une classe ordinaire (toutes les écoles même dites inclusives parce que pas de temps à accorder plus que ça aux élèves aux besoins particuliers et pas assez de formation du corps enseignant), la programmation suit un déroulé induit par la méthode choisie. Pour la classe de CM2 que j'avais eu auparavant, j'avais choisi la méthode de Rémi Brissiaud (manuel "J'apprends les maths CM2"). 


 Voici ce que ma progression (comment je découpe la programmation de mon année en période) donnait (extrait).


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Là tout est différent. Nous partons des élèves, nous les observons finement. Je devais enseigner à des élèves de CM2 mais ne pouvais pas partir de cette trame. Tout simplement parce que mes élèves étaient dyscalculiques ou aux fonctions exécutives faibles (par exemple mémoire de travail ou planification de la tâche).

Alors justement: faut-il partir de leur trouble ou de la didactique de la matière?

Déjà le trouble.

Les troubles dys sont: dyscalculie, dyslexie, dysorthographie, dyspraxie, dyschronologie, dysphasie. J'avais bien-sûr chercher ce que cela voulait dire.

Moui et encore. Il nous faut plus d'informations pour savoir comment adapter. Alors il faut se tourner vers des ressources d'enseignants ou d'orthophonistes.

 

extraits d'un poster (2 pages) de Ressources école inclusive

 


 cartes mentales de Carole Gadré, orthophoniste (site dix sur dys) importantes car elles nous permettent de comprendre ce que cette difficulté entraine. 

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Il y a bien le GEVA-sco (guide d'évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation). Ce document à fournir à la MDPH (maison départementale pour les personnes handicapées) est une grille d'observation déjà construite mais identique à tous les handicaps et troubles.

Et puis il y a la grille d'observation de Bruno Egron (inspecteur ASH), je vous conseille de lire son livre et tout au moins de retrouver sa grille et l'explication de cette observation/évaluation ici.

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Oui mais bon, au quotidien dans la classe, quelles adaptations, aides apporter?

Parce que moi, assez naivement, je pensais que reprendre les bases, adapter les supports, expliciter, apporter des supports visuels de réactivation des notions, accompagner les procédures, que tout cela allait suffire. Et qu'il me fallait "juste" repartir d'un niveau plus bas: ils sont en CM2, reprenons les bases du CE2.

Tout faux!

Mes élèves avaient déjà eu des professeurs de CE2, de CM1, excellents ou moins bons, mais ils avaient déjà eu les apprentissages, les adaptations, les remédiations. Les élèves avaient besoin d'une différenciation complète, de reprendre les bases autrement.

Oui c'est bien de connaitre les troubles, les conséquences au niveau pédagogique, mais il faut aussi comprendre les différents concepts, étapes, procédures mis en place pour chaque notion. Donc de la didactique pour comprendre les opérations mentales, les compétences et les savoirs.

 

extrait des fabuleuses fiches de préparation au CRPE de maitresse Amélie (du nouveau dans mon cartable)

Soit pour la lecture: décodage, vocabulaire, compréhension vers la production d'écrits.

Voilà à quoi je passe mon temps depuis un an. Et parce que j'aurai des élèves de CM1/CM2 aux troubles dys +++ associés l'année prochaine (un peu comme cette année donc) et que je compte passer le CAPEI (certificat d'aptitude professionnelle aux pratiques de l'éducation inclusive), je suis encore plus exigeante sur mes recherches.

A suivre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Encore plus exigeante... tu m'étonnes! (où est le point d'ironie?) Ton billet m'éclaire tellement sur la difficulté qu'a pu avoir l'ergothérapeute conseillée pour aider Fille Cadette vers la fin de son primaire, il y a 25 ans. Car je n'ai découvert sa dyspraxie que lorsqu'elle m'a dit en 2018 qu'elle n'arrivait pas à manger des cerises ni des olives, ni à peler des pommes de terre. Je l'ai équipée d'un dénoyauteur performant et son mari s'occupe des patates.
Je te souhaite toute la santé nécessaire pour abattre la charge de travail qui sera la tienne et tout le soutien possible à la maison. K

VanessaV a dit…

Oui on peut passer à côté de la dyspraxie et penser à de la maladresse. J'ai fait un billet justement sur la géométrie et le peu de tracés que j'ai demandé cette année à mes élèves: dessin à main levée, tuteur élève (ou moi) qui trace sous les consignes de l'élève. Des adaptations pour les classeurs, les découpages etc...
Oui mon cerveau fume bien en ce moment. Je suis arrivée par hasard dans cette école particulière (au sein d'un hopital) et j'en redemande. Peut-être même y rester les 20 ans avant la retraite. Je ne comptais pas être professeur spécialisé mais les troubles dys sont une énigme pour un professeur (j'adore intellectuellement) et du temps et des moyens nous sont offerts pour les faire progresser. J'ai même organisé mon premier séjour scolaire avec eux! De grands défis, de grandes ambitions, de grandes remises en question de mon travail (oh là là oui, chaque jour!)