mardi 31 mars 2009

Commentaires d'après amour

Un minuscule livre et pourtant repris trois fois pour le finir. C’est dur d’aller lire les lignes d’une pertinence, d’une intelligence et véracité folle, celle d’une rupture amoureuse, celle d’un retour à soi aussi… d’un retour à soi, pour soi et pour recouvrer la santé.


« Laissez-moi, Commentaire » de Marcelle SAUVAGEOT offre le monologue d’une trentenaire, grande malade, qui découvre sa rupture amoureuse par lettre interposée. Melle SAUVAGEOT parle d’elle, de sa manière d’aimer et des termes même de sa rupture.



*source de la pochette de l’édition Phébus, « Maillot de bain, Izod » de George HOYNINGEN- HUENE… pour ces deux vues dans la même direction mais comme si différentes et jamais en harmonie.

Les « commentaires » reprennent les sentiments derrière l’amour. La fierté d’être avec l’autre, sans faire-valoir mais bien en complémentarité. Etre un couple, une création de relation, entre dialogue et confidences. Cette envie de garder tous les détails d’un moment passer sans l’autre pour les lui amener les sensations presque brutes ! Mais qui peut aussi passer par une incompétence à dire dans l’immédiateté l’émotion ressentie. Marcelle SAUVAGEOT juge son ami parti, comme elle l’a jugé dans leur relation. Oui elle a saisi, amoureuse, ses faiblesses, ses marques très déplaisantes comme on décortique un fruit convoité, pas par manque d’amour mais bien pour le connaître et devenir un défenseur acharné car compréhensif (mais pas loyal). Elle voulait tout découvrir, lui voulait se cacher… elle voulait même qu’il dévoile lui-même ses « petites laideurs ».

Mais c’est surtout un livre sur la rupture, la séparation de corps mais surtout d’esprit. La rupture est décortiquée : de cette absence qui permet d’objectiver un amour à notre propension à le détruire volontairement, voire même rationnellement, à ces excuses, prétextes, propos de commisération ou d’apaisement après la souffrance. Le monologue, avec aucune envie d’être lu par l’intéressé mais bien avec envie de se retrouver, décrypte les termes. Etre fait pour quelqu’un n’est plus comme une fatalité mais bien une action volontaire. La rupture ne nécessite pas retrouver les manques de l’autre mais pourrait se contenter de décrire ce qui ne convient plus, ce serait bien assez. Tout le livre marque bien cette souffrance d’avoir été quittée, elle ne voulait pas se battre pour ne pas être laissée mais ne pas rester par contrainte se voulait aussi, tout de même, rester tout de même. Et l’après rupture ? De l’amitié, de l’absence, de l’indifférence. Il s’agit d’une infidélité, pas celle de corps mais bien celle du sentiment… ne plus aimer n’est pas obligatoirement trahir, rendre l’autre plus faible. L’auteur ne veut pas de faux semblants, de mots d’apaisement, de consolations fabriquées ou de rapprochements après-coup. Sa notion de la rupture est comme la sienne du bonheur, claire et pertinente. Le bonheur peut être comme un parfum, il faut en distinguer les nuances, ne pas trop le saisir pour ne pas être écœuré, ne pas être grisé et ressentir l’incomplétude. Garder en chaque instant « un petit coin de conscience » pour voir le déroulement de la joie.

C’est un livre fort sur l’amour et l’amitié, sur notre capacité à être avec l’autre. « Notre amitié sera une très jolie chose à l’avenir ; nous nous enverrons des cartes postales pendant nos voyages et des bonbons au chocolat au Nouvel An. Nous nous ferons des visites ; nous nous dirons nos projets au moment où ils se réaliseront, afin de vexer un peu l’autre et de ne pas subir sa commisération en cas d’échec ; nous prétendrons être ce que nous croyons être et non pas ce que nous sommes ; nous nous dirons beaucoup de « merci », « excusez-moi », des mots aimables que l’on dit sans penser. Nous serons des amis. Croyez-vous que ce soit nécessaire ? ». Cela sonne vrai et que dire de mes amitiés après? Suis-je aussi persuadée de ce que j'en pensais .
Entre les lignes, aussi, ce dévoile un certain féminisme, ne pas être un objet dans le couple, ne pas être aimée par tout ce qui fait l’intelligence, l’originalité, la force d’une femme et rejetée parce que trop indépendante. Les quelques phrases contre les midinettes mariées aux conversations tournées vers leurs maris me rappellent étrangement les nouvelles de Dorothy PARKER, avec cette haine des femmes, des hommes, de ces relations amoureuses, consensuelles, tout en espérant y ressembler un peu tout de même.
Entre les lignes aussi, cette démarcation entre le monde des en pleine santé et des grands malades. Le dégonflement des moments précieux sans idée d’avenir… ce manque d’investissement de certains bien portants à envisager l’avenir par extrapolation. Marcelle SAUVAGEOT se raccrochait à cet amour aussi pour se raccrocher à l’autre monde, puis découvre au fil de ses écrits qu’elle se perdait aussi dans cette illusion de sentiments et que revenir à elle lui permettrait d’être elle et pas seule.

Une lecture à conserver près de soi quand il nous prend de ne plus savoir ce qu’est le sentiment… pas pour juger l’autre mais pour ce rendre compte de l’éphémère et du beau. Merci Lily pour ce livre voyageur… et de m’avoir mis l’eau à la bouche de cet amour déçu en pleine Saint Valentin .

vendredi 27 mars 2009

Précautions supplémentaires pour les huiles essentielles

Lors de notre dernière promenade dans la presqu’île Bauloise, nous étions revenus chargés, entre autre, des huiles essentielles (He) de ma maman. Je les utilise en aromathérapie… et en cuisine. Maintenant, en voulant les noter dans mon tiroir d’huiles essentielles sur ce media, j’ai remarqué que mes précautions ne sont pas encore suffisantes. Il ne suffit pas de connaître le nom de l’espèce botanique exacte et d’y lire la marque Bio pour pouvoir les utiliser.


La mention HEBBD (Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie) m’était apparue à la première lecture juste une étiquette de plus et pourtant il est nécessaire de connaître les éléments que seule cette mention propose:
1/ Le nom exacte, en latin, de l’espèce botanique, il existe par exemple plusieurs He de Lavande et encore plus d’Eucalyptus. Il nous faut le genre (par exemple lavandula), l’épithète qualificative (exemple vera, spica…) et parfois la variété (exemple var.fragans). L’He d’Eucalyptus est multiple : “Acheter une huile essentielle d’Eucalyptus sans autre précision est donc aussi aléatoire et dangereux que de préparer une omelette aux champignons sans les connaître” (extrait de “Connaître l’essentiel sur les huiles essentielles” du Dr Ph. GOEB).
2/ L’organe producteur (o.p.) dont dépend le prix, le parfum et les propriétés thérapeutiques. Les différents organes producteurs sont les feuilles, les rameaux, les parties aériennes fleuries, les écorces, les racines, les bois, les semences ou les fleurs.
3/ La spécificité biochimique. Par exemple l’He de Romarin officinal (rosmarinus officinalis) selon qu’il est plus oxyde, camphré ou encore acétate de bornyle et verbénone ne lui confère pas les mêmes propriétés (action pour le foie du romarin officinal, verbénone et acétate de bornyle, et toxique pour le foie version camphrée). “Ces composants sont classés par familles biochimiques: alcools (linalol, 4-terpinéol, géraniol, a-terpinéol, menthol, bornéol, thuyanol), aldéhydes (citronellal, géranial, néral), cétones (thuyones, camphre, pinocamphone, pulégone, molécules potentiellement toxiques selon usage), esters (acétate de linalyle, acétate de bornyle), hydrocarbures monoterpéniques (a-pinène, limonène, p-cymène), hydrocarbures sesquiterpèniques (b-caryophyllène, a-humulène, curcumène, cédrène), oxydes (1.8 cinéaole eucalyptol), phénols (eugénol, thymol, carvacrol).” (extrait du “guide pratique d’utilisation, huiles essentielles et huiles végétales” de Phytosun aroms)

J’avais parlé du besoin d’un ange à la manière de Marie LAFORET (pas de dissolution des He dans l’eau) mais était passée trop rapidement sur les modes d’application:
1/ la voie orale: ne jamais donner d’He contenant des phénols aux enfants de moins de 6 ans. Pour les enfants et les adultes, il est déconseillé de prendre les He contenant du carvacrol, thymol, aldéhyde cinnamique seules (1 gtte d’He pour 3 gttes d’essence de citron jaune et ne pas prendre plus de 2 gttes de ce mélange).
2/ la voie cutanée, soit massage, friction ou compresse: Les He riches en monoterpènes et phénols sont irritantes pour la peau.
3/ la voie atmosphérique: ne pas chauffer l’He.

Ainsi qu’une mise en garde pour les enfants. La précaution de ne pas utiliser d’He pour les enfants de moins de 3 ans serait pour certains à augmenter jusqu’à l’âge de 6/7 ou 8 ans car le système endocrinien ne serait pas mature jusqu’à cet âge donc très réceptif… voir ici pour un débat qui finit en combat de boue (ou d’argile).

Les détails de mon tiroir d’huiles essentielles vont donc être complètés, voire même changés considérablement… je me mets à ces modifications dès que notre lutin, à la varicelle, est un peu plus chaos et pas dans la même pièce.

jeudi 26 mars 2009

Livres pour apprendre seul, Balthazar et Montessori

Je suis intéressée par la pédagogie Montessori. Mes billets à ce sujet viendront, peut-être quand j’aurais réussi à relier mes différentes lectures, sur la théorie avec les livres de ce docteur Maria MONTESSORI, et sur la pratique avec les activités proposées à l’école ou à la maison. Je n'avais pu que vous proposer deux extraits, sur la construction de l'adulte par l'enfant et la timidité.



Observatrice d’une déviance de notre loupiot, un déficit de la concentration, et consciente d’un de mes manquements selon MONTESSORI, adulte à l’esprit trop fictif et pas assez organisé (j’en reparlerais), je tente d’offrir à notre petit d’homme des ressources papier ou réelles qui lui permettent d’apprendre, de comprendre et de découvrir seul. Des premières approches de la vie pratique et de la vie sensorielle dont je vous ferais part mais aussi des livres, support adoré par la maman et réclamé avec force énergie tous les soirs. Sachant que la période « sensible », absorbante, période de découvertes et d’apprentissages est à son paroxysme vers 2/3 ans, j’inclue dès maintenant des lectures plus ciblées. Je ne veux pas dire par là que je souhaite l’acquisition (encore moins en avance) mais que j’ai envie de proposer des lectures structurantes d’un apprentissage et de me laisser guider par sa demande.
Je voulais faire un billet précis sur les techniques et le matériel MONTESSORI (hors de prix). Avant, et en suivant un schéma plus normal, j’ai acheté la collection « Aide-moi à faire seul » des éditions HATIER. Elle reprend, avec un minimum de matériel (si ce n’est le livre), des activités de lecture et de mathématique.

Alors commençons par ça, par ces livres que je voulais et dont je vous parlais . Voici les titres que nous avons, tous écrits (à vérifier) par Marie-Hélène PLACE et Caroline FONTAINE-RIQUIER


Ceux-ci sont déjà à l’ordre du jour…
« Balthazar et les odeurs ». Le parcours du héros à travers des odeurs quotidiennes. Des cartes odorantes sont proposées pour suivre l’histoire et, par paire, servent de carte de d’apprentissage olfactif : après il pourra seul retrouver l’autre carte odorante menthe par exemple.
« Balthazar et le temps qui passe ». Les saisons, le temps d’une année, demain, hier, dans deux heures, les générations sont présentés. Le sablier, l’horloge, la poutre du temps (représentation visuelle d’une année éclatée par saisons, mois, semaines et jours avec la possibilité de mettre un élément pour se rappeler le temps : une visite dans 2 jours par exemple) mais aussi l’arbre généalogique et l’explication solaire du jour et de la nuit. L’histoire permet une attention continue et la poutre du temps proposée à la fin va faire des merveilles.
« Balthazar et l’espace ». La géographie autour du héros prend corps, à travers l’histoire, nous avons une coupe transversale d’une maison, proposant ainsi une vision des pièces les unes par rapport aux autres, une orientation visuelle dans un quartier en passant par tel marchant, tel coin de rue, une planisphère aux terres rugueuses, être un explorateur ou un dauphin, la faune selon le milieu et à la fin un plan de ville… de plus en plus abstrait. L’intérêt de notre loupiot de 2 ans ½ est encor dans l’histoire, la concentration reste et les mises en application, interactions, arrivent d’elles-mêmes.
« Les chiffres de Balthazar ». Les chiffres sont dessinés en surface rugueuse, avec le sens du mouvement que je décris pour les lettres à toucher. Il va jusqu’à 10 et intéresse énormément notre loupiot… ce livre est extrêmement gestuel : le chiffre est dessiné mais remis dans le contexte d’une main : « Voici ma main, elle a cinq doigts, en voilà trois » effectué par l’accompagnant et l’énonciation du chiffres et de l’illustration (3 = rois) qui permet d’avoir la bonne phonétique amuse et interpelle… au point de devoir aller plus que de 3 en 3 pages.



Ceux-là ont été ouverts mais la concentration n’a pas été au rendez-vous.
« Balthazar et les lettres à toucher » Des lettres en minuscule en épaisseur rugueuses permettent de suivre le tracé de la lettre, un point de départ et une flèche aide au mouvement. L’accompagnant prononce la lettre en phonétique et l’enfant retrouve l’objet commençant par cette lettre sur l’illustration.
« L’Abécédaire imaginaire de Balthazar ». Des lettres en majuscule à la surface lisse mais résistante, même fonctionnement que les lettres à toucher. Une affiche permettra de redécouvrir cela par l'enfant seul.
La disponibilité d’attention doit être à son comble. Pour ces livres-ci, il est nécessaire de ne pas brouiller les pistes et de ne pas donner toutes informations non-nécessaires. Alors je patiente car le loupiot n’est pas encore actif. Après, nous recommencerons, 3 pages par 3 pages.


Ceux-ci sont pour plus tard !
« Balthazar découvre les phonèmes » permet de tracer les phonèmes en minuscule selon la même méthode, d’y ajouter le son en phonétique avec illustrations et d’associer seul les phonèmes aux illustrations par des cartes à « jouer ».
« Les premiers calculs de Balthazar » D’abord une présentation de l’esprit mathématique en classant par ordre de grandeur, de quantité, de poids, initiation au calcul quotidien. Une initiation aux chiffres. L’utilisation de matériels spécifiques : les barres concrétisant un nombre par une grandeur, les chiffres et les jetons pour découvrir les unités dans un chiffre.


Il est évident que notre loupiot de 2 ans ½ n’utilise pas tout le potentiel de ce matériel. Devrais-je dire que le fait que les livres se trouvent avec les livres de fiction jeunesse est aussi un signe d’un manque de discipline… de l’enfant mais avant tout de l’accompagnant, qui, même s’il respecte le choix d’un moment calme et de disponibilité conjoint, ne met pas à profit la concentration et l’énergie d’apprentissage de l’enfant. Alors en attendant, je lis les histoires en intégrant la méthode comme un plus. Par contre un livre a un succès fou, il s’agit du « Livre à compter de Balthazar, à la poursuite du lapin brun ». Une histoire complète où les chiffres sont dessinés et à reproduire qui marche à tous les coups en terme de réactivité, autant pour l’envie de compter sur l’illustration que sur le mouvement des doigts de l’enfant (après ceux de la maman bien sûr !).

mercredi 25 mars 2009

Prescripteurs bloguesques de livres jeunesse

En attendant le billet de Lily sur sa participation au débat organisé par EVENE au Salon du livre 2009 :« Libraires, médias, Internautes et blogueurs: qui influence le choix des lecteurs ? » et mon complément… je voulais vous donner mes prescripteurs de livres jeunesse, sans ordre :
Lily pour des livres plus ados et coups de cœur,
Ribambelles&Ribambins pour des livres très graphiques,
Malice pour ses mises en perspective,
Katell pour ceux qu’elle use devant les yeux écarquillés de ses élèves,
Clarabel dans les lectures de sa fille et des livres ados,
Kimoki pour des découvertes non-médiatisées,
Marraine pour les livres de grandes princesses,
Benjamin LACOMBE, pour ses coups de coeur quelquefois très osés
la maman de Clémence pour les livres ressources, éveil, éducation,
Sylvie que j'ai oublié et pourtant... pour des albums coup de coeur, ses apports sur la mythologie (la sienne ou les autres) et les contes
Pour les enfants et les parents en terme d'éveil
et dans l’inspiration, dans le sens des choses Holly Golightly

Et quelques bons conseillers de librairies jeunesse, entre autre sur Paris …

Alors un petit clin d’œil du soir avec un nouvel arrivage de livres… un thé et une gourmandise…
enfin le papier de la gourmandise, petit garçon d’un autre temps, gourmand, que nous devons à Germaine BOURET… autre clin d’œil à Ribambelles… parce qu’elle en parle ici, entre autres…

Trouver sa place... à Paris

En passant par un billet d’humeur et une visite auprès d’un ange proposée par Florizelle… j’ai envie de vous montrer nos nids à nous (cocons extérieurs et intérieurs).

Un livre de l’excellentissime Béatrice ALEMAGNA, à laquelle nous devons « Gisèle de verre » dont je parlais et qui a illustré aussi les « Comptines du jardin d’Eden » dont je parle ici, « Un lion à Paris ».



Histoire courte, au format énorme, les illustrations étant à chaque fois comme un petit tableau. Les illustrations, découpages de visages photographiés, de stylisations poussées, me sont toujours aussi agréables.

Un lion part de sa savane où il s’ennuie pour trouver un travail, l’amour… à Paris. Il déambule dans la capitale, découvre des monuments de Paris avec une sensibilité autre. Il espère ne pas faire peur, se cache pour ne pas provoquer les colères face à l’étranger, l’animal sauvage qu’il est. Mais personne ne le voit, personne ne le remarque, la promiscuité et aussi l’indifférence lui font peur… il cherche quelqu’un qui saurait le regarder… et une bien belle demoiselle ne le quittera pas des yeux. Elle est connue de nous tous mais peut-être pas à sa valeur, elle « regarde quelque chose en vous, mais qui est derrière vous, dans votre passé. Elle regarde l'enfant que vous avez été, comme une mère regarde son enfant. » nous dit Bruno MATHON, critique d’art.

Ce livre à regarder, lire et rêver aussi comme un plan de Paris, propose une histoire belle, courte mais sensible et aussi un merveilleux derrière un monument. J’aime cette façon de donner vie… même à un lion de Belfort. J’ai hâte de faire le chemin du lion, de prendre le plan de la ville et d’aller lui dire « Bonjour, tu as trouvé ta place » et quelle place… Denfert-Rochereau. Sylvie nous parlait de cette envie de redécouvrir Paris et de l'aimer grâce à ce livre ici.

En attendant, nous avons la tête dans ces arbres-là, à regarder de plus près les branchages et les confections artisanales des oiseaux… les nids sont vides mais visibles… ne pas oublier de regarder encore, encore, de s’émerveiller encore.

C’est pas la peine d’aller chercher plus loin

J’ai envie de fuir, ne pas répondre au téléphone pour des propositions professionnelles… de toutes façons qu’est-ce que c’est que ce micmac déshumanisé… « Quelles sont vos prétentions salariales ? - Dites moi déjà pour quel poste vous m’appelez. Je ne sais même pas comment est arrivé mon CV sur votre bureau. – Ah je ne sais plus, je reprends votre dossier et vous rappelle. – Dans ce cas-là, quand vous aurez mon cursus sous les yeux, je vous dirais combien je gagnais. Nous pourrons repartir de là et de vos postes à pourvoir. » M… alors, je n’aime déjà pas ces méthodes pour les avoir moi-même évincées quand j’étais au poste de recruteuse. Et puis cette étiquette professionnelle qu’il me faut garder.
Suis-je une marginalisée du système ? Puis-je me mentir encore pour intégrer une entreprise conventionnelle quand mes rêves sont créatifs, culturels, participatifs, d’éducation et d’échanges. Je rentre dans la catégorie bien nommée et si bâtarde des créatifs culturels. Mais ce fourre-tout permet-il de recadrer des personnalités dans le monde actif ? Il est bien beau d’avoir d’autres priorités que la compétition ou l’argent… une once d'écologique (une once, vraiment une once), une place prépondérante pour l’être (le développement personnel ou plutôt la connaissance personnelle) et des envies d’alternatif et de culturel, voir ici pour vous situer.
Est-ce confortable comme position ? Etre à la maison… mais non, ma bonne dame, oh que non. Je n’ai pas vocation d’être femme au foyer même sans notion péjorative. Se remettre en question, choisir une reconversion, s’investir dans son rôle de parent… d’éducateur (oui, oui, je confonds encore beaucoup…), chercher, étudier, digérer des réflexions si peu reconnues dans notre société, si loin de nos éducations. C’est tout ce qui déstabilise au contraire. Le rythme journalier du professionnel auquel j’étais habituée permettait de mettre ce que je suis en pause. Je n’ai pas envie de rêver ma vie toute ma vie, de rêver celle que j’ai envie d’être. Alors, avec aussi de la compassion pour celle que je suis en ce moment et mes énormes failles, je prends du temps pour appeler ma Vanessa à entrer en scène. Est-ce trop demandé ? Sûrement ! Je ne travaille pas au sens convenu du terme mais qu’est-ce que j’apprends tous les jours… une éternelle chercheuse et découvreuse de ce que je suis et de ce que sont mes valeurs, mes limites, mon respect (et encore irrespect). Une grande observatrice de notre enfant, de ce qui se passe ailleurs.
Quelques fois, pendant quelques jours, je ne me sens pas à ma place, autiste de nos normes. J’ai envie de fuir les autres, ceux qui me regardent en cherchant à me mettre dans un espace, une catégorie, à remettre un timing de vie. Qu’est-ce qui effraye le plus mes proches ? Le fait que je sois sans travail reconnu ou mes réflexions et mes remises en cause perpétuelles ? Comment font les autres, ceux auxquels j’ai l’impression de ressembler ? Ceux pas à la bonne place, décalés, non manageables par des techniques de bâton et de carotte ?

Je me veux en élan perpétuel, attiser la curiosité de mon fils, en constant entretien de mes relations amoureuse(s) ou amicales, capable aussi de ramener la pitance à la maison (l’argent mais bien plus la nourriture, la sécurité, le soutien, la confiance). Mais aussi investie en une démarche constructive, de société...

Et dire que c’est l’artiste Alain BASHUNG qui m’inspire ce billet d’humeur pas si constructif pour le lecteur. Artiste dont je n’ai pas pris la peine de considérer l’œuvre de son vivant… « autiste-artiste », comme il s’appelait, prenant courage de ses emportements, de ces actes, assumant ses failles… Pointilliste des émotions, j’aurais dû écouter plus tôt… là me vient une version de Léo FERRET « Avec le temps »…


« C’est pas la peine d’aller chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien… »

mardi 24 mars 2009

Petit déjeuner sous influence... colis reçu!

Hier, je suis allé chercher un colis, celui du SWAP « Si le petit déjeuner m’était conté », celui que Nathaline m’a envoyé. J’ai eu un peu peur, le carton était déchiré mais en fait, rien de cassé, rien d’endommagé… juste de très belles surprises.

Un petit déjeuner sous influence donc !
Allez pour une boisson chaude, le temps s’est refroidi par chez nous : du thé équitable (du roobois et du thé au citron, un incontournable)… et leur petite théière fleurie pour mettre mes boules à thé. Pour profiter du thé, une gourmandise (pour toute la famille)… un cake à la banane, vraiment fameux, que nous avons pu entamer ce matin… il n’en reste déjà plus que la moitié… Une confiture de pastèque, citron et orange que je n’ai pas encore pu déguster.

Une fleur pour mettre sur ma desserte de petit-déjeuner… non, une fleur et d’autres pour mettre autour de mon cou. Une crochetée et ces petits coussinets, sorte de rhizomes de lotus… ou de pincushion…


De la lecture avec « L’esprit du Zen » de Alan WATTS… et des envies d’évasions avec ce moine à l’enfant, ce parasol rouge sur habits oranges, ce à quoi je rêve est ici… entre autre.
Et puis pour continuer dans le créatif et ne pas laisser enfermer mes pinceaux et crayons, un carnet aux pages parcheminées (croyez moi sur parole, je l’ouvrirais plus tard). De quoi continuer à écrire, croquer la vie et lui donner d’autres couleurs…

Et puis pendant la photo, mon petit loupiot a trouvé une cachette pour sa tortue (doudou)… une théière petit sac tout molletonné… j’ai dû lui courir après pour le récupérer (après avoir pris la photo bien sûr !).

Merci encore Nathaline pour ce colis. Louis AMSTRONG m’avait accompagné grâce à toi un autre matin… J’avais pris beaucoup de plaisir à suivre tes crochetages (et suis ravie d’avoir reçu une de ses fleurs de ton livre japonisant), tes tricotages et tes humeurs… dans ton blog Le chemin des petites croix. Merci à notre organisatrice N-Talo (n’hésitez pas d’ailleurs à lire ces petits-déjeuners du lundi ) et à toutes celles qui ont fait vivre le blog du SWAP.

Du cri dans de la musique... oui, des fois j'aime

Un peu de musique avec des cris, de la sauvagerie (la vidéo avec le chanteur est encore plus étonnante mais je préfère cette version: un chanteur noir des années 50 avec des cornes dans le nez, à rouler les yeux, un spectre surmonté d’un pommeau en tête de mort… du vaudou ? en tout cas complément fou ! regardez-donc ici ou plus récemment et plus orchestré )…
Screamin' Jay Hawkins « I put a spell on you »

samedi 21 mars 2009

Pains d'épices version swap

Pour le SWAP « si le petit-déjeuner m’était conté » organisé par N-Talo, j’ai fait partir quelques gourmandises… des industrielles et des faites mains… Soient des recettes très fortement inspirées de ce lien. Le colis est arrivé chez Marmotine, regardez donc et profitez-en pour regarder ses créations de savons bio et naturels et tous ses bidouillages créatifs, alors voilà la gourmandise maison expliquée, à trancher, faire dorer et beurrer (beurre salé).


Pain d’épices 1:
250g de farine de blé
250g de miel cabécou (entre le miel jaune et le miel brun)
1 cuillérée à soupe de lait
1 cuillère à café de bicarbonate de soude
20g de zeste d’oranges confites
1 cuillérée à soupe d’eau de fleur d’oranger
20g d’amandes effilées
1 belle pincée de gingembre moulu
1 belle pincée de cannelle moulue
2 belles pincées de mélange 5 parfums (coriandre, girofle, paprika, badiane, gingembre, fenouil)
1 tasse à café (petite) de thé noir

Préchauffez le four à 150°C. Mélangez tous les ingrédients secs. Chauffez le lait et le miel jusqu’à ce que le miel se dissolve entièrement. Incorporez délicatement le liquide au sec.
Pour des mini-pains d’épices, coulez le mélange dans des moules en silicone à muffins en lissant bien la surface (soit trois beaux pains d’épices ou 6 petits). Enfournez pendant 1h à 1h15 jusqu’à ce que la pointe du couteau planté dans l’un d’entre eux revienne sèche.


Pain d’épices 2:
250g de farine de blé
250g de miel cabécou (entre miel jaune et miel brun)
250ml de lait
1 œuf
20g de zeste d’oranges confites
50g de noix concassées
1 grosse poignée de graines de sésame
2 gousses de cardamome verte
1 belle pincée de mélange 5 parfums (coriandre, girofle, paprika, badiane, gingembre, fenouil)
1 tasse à café de thé Kusmi (mélange Prince Wladimir aux notes d’agrumes et de clous de girofle… les précisions viendront plus tard)


Mélangez le sec. Rajoutez l’œuf délicatement. Incorporez ensuite le miel dissout dans le lait (comme précédemment) mais cette fois-ci le plus froid possible. Disposez le mélange très liquide dans des moules en silicone pour les muffins et enfournez les 30 minutes à 210°C, couvrez de papier d’aluminium et continuez pendant 30 minutes à 180°C.

jeudi 19 mars 2009

Croire encore que gravir une montagne est possible

Allez, allez Arian. Parce que j’aime ta détermination… parce que j’aime que tu ailles de l’avant et ne succombes pas à la procrastination (trouble que je connais bien), parce que changer le monde est en fait, un peu, pas à pas, à notre portée… parce que tu as les épaules pour… il te faut ces sponsors ou ce don de 5 euros par personne dont parlent certains dans les commentaires de ton blog.
Le « Balayeur des cimes » doit avoir de l’avenir: rappelez-vous, devenir sensible à notre gestion des déchets, par un défi aventureux, d'un aventurier, …et les enfants t’écoutent (la BD « Coccinette et Arian contre Mr CHTRIMAL » le prouve bien)… nous sommes de tout cœur derrière toi et j’ai bien l’intention de suivre tes « escapades » en montagne avec un globe terrestre et notre loupiot.


En espérant retrouver ses conseils de visu, avant qu'il emmène le loupiot avec lui (Pas avant ses 10 ans!), vous pouvez le retrouver sur son site.

Dédicaces, ou mieux, paroles autour d'un café salé

Je n’ai jamais aimé les dédicaces… pas en faire bien sûr, mais en demander. J’aime la créativité, j’aime les écrits, les dessins, les tableaux, les chansons, les sculptures… j’aime leurs œuvres et pourtant je n’ai pas envie de les rencontrer. En fait, c’est un peu faux, voire complètement certaines fois.



Je n’aime pas me frotter aux personnes connues (voire quelques fois reconnues, par leurs pairs, par la foule), je ne sais pas si je réussirais à voir derrière le masque officiel. Je fuis d’ailleurs toute personne people-isée ou starisée (même non égocentrique), comme je déteste tous les mouvements de foule. J’ai pris sur moi pour les files d’attente aux avant-premières au cinéma, aux festivals, aux concerts mais ne peux toujours pas profiter d’une exposition dite fabuleuse aux musées si la file d’attente me demande plus d’1/4 d’heure… à l’intérieur je ne serais pas avec ma place attribuée, mon espace vital, mais bien encore à me faufiler, à faire des concessions sur la promiscuité choisie… encore pire j’aime prendre mon temps et surtout ne pas écouter les commentaires, indélicats, ineptes, vulgaires, consensuels, de certains publics. J’ai tout de même quelques dédicaces sur certaines œuvres, faites devant moi, alors ?

Parce que jeune femme, j’étais en couple avec un dessinateur, que nous vivions aussi dans les bandes dessinées (surtout les éditions DELCOURT, tranche noire au triangle rouge avec le signe distinctif de la série) et que, par choix de vie professionnelle, nous louchions vers ce milieu… je suis ravie d’avoir pu dire à Guillaume SOREL l’impact qu’a eu sur moi "Le fils du Grimacier » (avec Mathieu GALLIE).
Les autres, je les ai eu comme un cadeau de retour… de ce même dessinateur, l’homme de mes 18/23 ans ; mais aussi d’écrivain/poète ou peintre parce que notre journée ensemble s’est achevée et que je repars avec une de leurs œuvres, dont nous venons juste de parler, ornée de la dédicace comme un sceau asiatique (pour me remémorer l’atmosphère de nos échanges) sur une œuvre plus toujours aussi personnalisée après le passage des métiers de l’édition.
C’est cela justement. Certains artistes me sont indifférents même si j’aime ce qu’ils ont créé, leurs créations les dépassent, les réduisent à néant ou l’individu derrière le masque m’est d’aucun recourt (secours). J’ai comme l’impression qu’ils m’ont déjà offert le meilleur.
Pour les « reconnus par leurs pairs », il est plus question d’une relativité du discours. Je n’ai pas forcément besoin d’avoir le propos le plus compétent en « live », j’ai souvent peur d’être ridicule à côté, ou pire, les découvrir humains, plein de failles, de celles que je n’aime pas : l’orgueil, la condescendance et l’immodestie.
D’autres me sont plus chers et là ce ne sont que concours de circonstances. Je les croise dans la vraie vie, à un autre moment que celui désigné pour cette rencontre (pas dans les loges, pas dans les séances de dédicaces). En fait, j’aimerais vivre avec ces artistes. Non, non, pas d’hystérie de petite oie blanche ! J’aimerais les côtoyer dans ma vie de tous les jours en voisin, en ami. Certains me font l’honneur d’en être… d’autres m’ont fait le plaisir de laisser aller les mots, les paroles, dans une discussion réelle et sincère, un repas après un spectacle ou lors d’une visite dans un atelier.


Mais pourquoi donc vous raconter tout cela. Parce qu’au Salon du livre de Paris 2009, où je suis allée lundi en très bonne compagnie, j’ai reçu deux dédicaces. « Plus on prête attention aux coïncidences, plus elles se produisent », cette citation de Vladimir NABOKOV, tirée de son contexte mais mise en devanture du site culturel EVENE ces derniers temps, a été d’une pertinence ce jour-là (le lien avec EVENE ? oui, plus tard).
Avec cette demoiselle si prescriptrice de livres, Lily, (je garde le meilleur pour un autre billet), nous avions été conviées chez un auteur, dont l’écriture est chère à ma sensibilité. Parce que nos mots l’avaient touché, il nous avait ouvert son chez lui et son amitié. Rencontre riche de sens et de promesses. Et voilà qu’au Salon du livre, après le temps des engagements achevé, nous nous sommes rendues aux stands de nos lectures, suivant l’intertextualité de l’une, de l’autre ou de nos enfants. Et par un hasard, nous avons dédicacé une œuvre à quatre mains : « Petits poèmes pour passer le temps » de Carl NORAC, illustré par Kitty CROWTHER.

Oui, vous avez bien lu, je n’étais pas au courant en y allant que je rencontrerais cette demoiselle dont les écrits et les illustrations me parlent si profondément. Si vous ne le saviez pas, faites une recherche sur « Blog-it express » (dans la colonne de droite) pour retrouver tous mes articles concernant CROWTHER. « Demoiselle », oui ! Demoiselle pour toujours et à jamais. Loin de connaître sa situation conjugale, le demoiselle fait référence à ces femmes qui me transmettent autant… de la sensibilité, une philosophie de vie, une transmission de réflexions (sans âge ou plutôt enfant, pour leur dose d’émerveillement et de curiosité, et vieille femme, pour leur pertinence, en même temps !)… je pense ici à une autre de ces ombres de mon quotidien (ombre pas dans le manque ou la noirceur mais bien dans la présence insoupçonnable pour celui qui ne fait pas attention), Holly Golightly. C’est drôle mais nous avions, Lily et moi, cette même impression avec l’auteur qui nous a ouvert ses portes… un vieil homme mais des yeux pétillants d’enfant, mi garnement, mi aventurier.
Alors oui, je ne me suis pas défilée pour la dédicace. Surtout que cette association entre Carl NORAC et Kitty CROWTHER me plait énormément. Grâce à la seconde, en suivant ses choix et ses participations, j’avais découvert le premier, formidable auteur (jeunesse uniquement ?). Surtout que ce livre, que j’ai du racheté pour avoir le grigri de ces deux auteurs si compétents, « Petits poèmes pour passer le temps », me suit depuis sa sortie… une approche fine, poétique, burlesque et si déconcertante du temps, du quotidien. C’est un livre que j’offrirai encore et encore… deux sont en partance.



Mais voilà… quelle déception de n’être que moi-même. Je n’aime pas les séances dédicaces parce que la plupart du temps il n’y a pas d’échange… un regard, une parole de convenance et un grigri fait à la chaîne pour des lecteurs que les artistes ne peuvent pas repérer (assidu, opportuniste d’une signature négociable, nomade littéraire, fan du personnage, épris de leur œuvre, sensibilité proche ?). Je n’aime pas parce que je ne sais pas leur dire mon enthousiasme.
Et quelle honte, le nom de Carl NORAC m’était connu pour d’autres écrits que celui que j’avais entre les mains, parce que je voulais vous en parler ici, dans ce blog, parce qu’il m’avait ému… sans retrouver de quel(s) livre(s) y s’agissait. Quel manque d’à propos ! L’auteur des « Mots doux » avec ce petit hamster si charmant… ou mieux encore ce livre, avec Kitty CROWTHER « Le père Noel m’a écrit ». Ce dernier si agréable dans ce monde niais autour de Noel. J’en reparlerais.
Et puis avec quelle incompétence de communication j’ai parlé à cette demoiselle CROWTHER… j’aurais tellement préféré la rencontrer autour d’un café avec une pointe de sel ou lors d’une promenade champêtre pour que mes mots se délient. Lily me poussant à être là, pour un dessin, une parole, une signature, alors oui, je les ai eu… j’ai été témoin de cette manière si attentionnée qu’ont les sourds de nous écouter, nous entendants, de suivre nos mots sur nos lèvres, d’avoir les mains prêtes à l’expression (peut-être au langage des signes). La demoiselle a eu sa période silencieuse et ses gestes, ses yeux, le portent encore… c’est peut-être cela que nous retrouvons dans ses œuvres, une part entrouverte de sensibilité encore insoupçonnée.
Merci Lily de m’avoir accompagnée là… lors de cette seconde coïncidence.

mercredi 18 mars 2009

Du miel, des abeilles et un petit-déjeuner

Il y a des matins sous le signe des abeilles… non, non, je ne suis pas une adepte quotidienne d’apithérapie mais il est vrai que le miel, la propolis, le pollen et la gelée royale font partie des tiroirs. J’aime à les utiliser de manière préventive même si je suis encore loin de saisir tous les possibles.
Il est vrai que j’ai mis du miel sur la lèvre ouverte de mon fils. Et que j’en mets régulièrement sur la gerçure de son pouce (qu’il met en bouche) après avoir nettoyé consciencieusement avec du sérum physiologique. Très spontanément j’avais pensé au miel comme élément nutritif non toxique (que mon fils a un malin plaisir à lécher) mais aussi en espérant une cicatrisation favorisée. Et en effet, le miel permet une meilleure cicatrisation et même une désinfection, entre autres bénéfices. Pour en savoir plus sur les soins naturels aux coupures et écorchures c’est ici. Nous avons une dizaine de miels dans les placards, parce que les propriétés sont différentes pour chacun bien sûr ! Mais non, parce que les goûts me plaisent, allez, je vous mets en lien, quand même, les différentes propriétés selon les miels ici... je rajoute mon miel de chêne, non indiqué, qui tonifie et minéralise mais est aussi contre les infections pulmonaires et bronchiques.
Le pollen, je le prends en cure, pour reprendre de l’énergie aux changements de saison mais il aurait aussi de multiples vertus. Il est aussi très riche en sélénium… un bon point pour mon papillon thyroïdien. La propolis, en gomme, pour tous les petits bobos de bouche (aphte, mal de dent, problème de gencives ou mauvaise haleine), ma maman m’en parle aussi pour des problèmes respiratoires… Mais j’y reviendrais sûrement plus tard.


*source miel encore dans les alvéoles

J’adore le miel, j’aime aussi chercher à y retrouver la fleur source en exerçant ainsi mes papilles… la fleur ou l’arbre. Mais là il est vrai que je me demandais un peu d’où venait un miel d’arbre non mellifère ou peu. Un miel de sève, est-ce possible ?
Mes miels de sapin, de châtaignier, de chêne alors. Il s’agirait de miellats et non de miels. Substance liquide produite par les abeilles à miel ayant récolté le miellat des suceurs de sèves (entre autres les pucerons)… soit un miel de déjections. Je me rappelle un extrait fabuleux de la trilogie des fourmis de Bernard WERBER (de ce qui n’est pourtant pas ma littérature préférée), racontant avec aventure cette production en masse faite par les pucerons, esclaves minuscules des fourmis. De quoi tout de même remettre les yeux sur le grimoire du Savoir Relatif et Absolu, de WERBER, illustré par Guillaume ARETOS… pour d’autres raisons, alors j’en parlerais plus tard.

Alors oui, un miel de déjections, tout de suite, cela ralentit ma déglutition… mais en fait non, j’aime ce miel foncé et puissant… ce miel d’épineux ou de grands arbres. En quand nous arriveront à l’explication du miel pour notre loupiot (bientôt), je rajouterais l’histoire du miellat avec quelques indices ici de ce cher journal des terriens, La Hulotte dont je vous parlais . Et peut-être un coloriage reprenant la vie d’une abeille et la fabrication du miel. Du miel de nectar ou de miellat expliqué ici au miellat des pucerons .

*source La Hulotte n°28/29

« En France, les forêts de résineux et de chênes sont, au moins potentiellement, les principales ressources de miellats. Tous les résineux ont leurs parasites, sapins, épicéas, pins, mélèzes, cèdres. Souvent des “ Cinara ” qui contrairement à d’autres espèces de pucerons ne vivent que sur un seul arbre hôte, mais également d’autres espèces…Ainsi les épicéas peuvent-ils être parasités par une cochenille, Physokermes piceæ, laquelle produit du miellat en abondance. De part leur étendue et leur situation, en récolte le plus souvent, en France, des miellats de sapins et d’épicéas, plus rarement de pins et de mélèzes. Les miellats de mélèze, très riche en mélézitose, sucre très peu soluble, sont très difficiles à extraire car très visqueux. Les miellats de pin sont largement produits dans certains pays européens… Les chênes ont également leurs prédateurs, souvent des cochenilles, mais également un puceron Lachnus roboris. Ils sont à l’origine de la majorité des miellats produits dans les forêts de plaines tant en zone atlantique que méditerranéenne. Les miellats de chêne sont bruns foncés. Ils différent des miellats de résineux tant pas leurs éléments figurés, que par leur caractéristiques sensorielles et physico-chimiques (profils des sucres, acidimétrie). On ne parle jamais des miellats de hêtre bien que ces arbres aient également leur parasite, producteur de miellat. Certains arbres produisent à la fois du nectar et des miellats. Les tilleuls, les érables et les châtaigniers sont dans ce cas. Les miels issus de ces espèces combinent plus ou moins, selon les années, les deux origines avec une variabilité assez importante dans la couleur, la physico-chimie, les caractéristiques sensorielles… » (extrait du Monde des miellats)

Et puis que dire sinon que ces insectes, les abeilles mellifères, me sont presque indispensables… j’aime les retrouver sur les ruches du parc Georges BRASSENS dans le 15ième parisien, je tourne autour des autres ruches du Jardin du Luxembourg et rêve d’aller faire un stage d’apiculture avec la Rêveuse. Je n’en ai pas peur à l’inverse de mon homme qui slalome entre elles, j’aime les regarder travailler. J’aurais aimé que ma maman puisse continuer son projet de ruches… malheureusement je ne goûterais pas ce miel de marais salants. Et puis, n’hésitez pas à lire ce billet sur l’abeille sentinelle écologique.

Mais je vous parlais de miel parce que ce matin, en plus d'avoir pris ma cuillérée de pollen avec du miel, j’ai envoyé de quoi préparer un petit-déjeuner … et que dedans il y a du miel… et pour le reste j’ai mis :
« A. Thé de menthe, thé de cynorrhodon, thé de tilleul, thé de jasmin… au choix
B. Œufs de petits oiseaux chanteurs
C. Champignons séchés ou frais, choix d’au moins 60 variétés (grand champignon parasol, agaric jaune, chanterelle, corne d’abondance, bolet comestible, champignon de prairie, boletus mirabilis, russule, morille)
D. Beurre d’huile de tournesol ou de navets
E. Panade de semences variées de graminées
F. Pain de farine de glands
G. Œufs de fourmis
H. Confiture de myrtilles, de framboises et de mûres
I. Pain d’épices dont le sucre vient du miel ou de la betterave sucrière. »
(extrait de « Gnome » de Wil HUYGEN, illustré par Rien POORTVLIET)
*source « Gnome »

Ou presque, le tout pour partir en montagne … non en forêt, j’en ai trop dit !

vendredi 13 mars 2009

Science et vie de la terre et autres recettes culinaires

Un peu plus et je participais à un casting, ouf, j’ai échappé belle ! Ma cuisine étrange, sans prétention, familiale, n’est là que pour mes cobayes, amis. Alors pour continuer à pénétrer dans ma cuisine et me donner envie d’aller de l’avant voici une autre fournée de recettes avec des graines germées, des légumineuses rendues digestes, une petite anecdote pour enfant (comment reconnaitre une graine d’un caillou avec son cours sur la germination) et un légume mucilagineux à souhait et pourtant fort bon si bien cuisiné.
***

Soupe de racines et quinoa germé
1 gros panais
2 carottes
1 à 2 topinambours
½ tasse de quinoa
1 échalote
1 petit morceau de gingembre
De l’huile d’olive


Faites germer le matin le quinoa. Soit dans un germoir soit à même une assiette creuse en ayant rincé votre quinoa pour enlever la saponine. Pour le germoir, faites déjà tremper votre quinoa une petite heure dans l’eau, puis étaler votre quinoa sur un plateau recouvert d’un linge aux mailles fines (style lange de bébé). Dans une assiette creuse, mettez le quinoa avec un fond d’eau, recouvrez d’une autre assiette creuse et attendez.

Epluchez les légumes racines (s’ils sont bios vous pouvez juste les brosser et retirer la peau du topinambour si elle est trop épaisse). Emincez finement l’échalote et le gingembre et mettez-les à fondre dans la casserole à fond épais où l’huile d’olive est chaude, rajoutez une pincée de sel pour qu’ils suent. Rajoutez les légumes coupés très finement. Laissez-les suer aussi le plus possible sans qu’ils attachent. Rajoutez le quinoa (égoutté si germé en assiette) et l’eau à hauteur des légumes. Laissez cuire jusqu’à ce que les légumes soient al dente et mixez.

***

Haricots rouges germés et digestes (oui, oui, rouges au départ!) au shoyu
1 poignée de haricots rouges
1 fine lanière de kombu
1 pincée de bicarbonate de soude
persil
shoyu

3 jours avant, faites tremper toute une nuit les haricots rouges. Le lendemain, mettez les sur un plateau du germoir et rincez-les très souvent dans la journée, le soir mettez-y même la main (propre) pour retirer le gluant entourant l’enveloppe responsable de l’odeur peu agréable. Trois jours plus tard, retirer les téguments (enveloppe rouge), dessous la graine a germé un tout petit peu. Si l’opération est délicate, replongez les haricots dans l’eau, le tégument se retire en appuyant sur une des bosses… (une très agréable coopération avec un loupiot de 2 ans qui tire lui sur le tégument à demi retiré !).

Faites les cuire dans une casserole avec beaucoup d’eau. Rajoutez-y l’algue kombu qui permet une cuisson des légumineuses plus rapide et une pincée de bicarbonate de soude qui permet de retirer ce qui cause les ballonnements. En effet, pendant la cuisson vous retirerez à l’écumoire l’écume blanche responsable de tous nos maux (deux ou trois fois).

Lorsque les haricots commencent juste à se détériorer, arrêtez la cuisson, égouttez en gardant l’algue kombu et rajoutez un filet de sauce shoyu et le persil.

Et pour le lutin qui nous accompagne en cuisine : « Sais-tu reconnaître une graine à un élément minéral comme un caillou ? Ca n’existe pas un arbre à cailloux. » Ou un début de cours pour la germination du haricot et une autre approche du milieu végétal par saison, changements, germinations et autre (un véritable cours de SVT dont est issu le schéma).

***


Bamia bel tamarhendi (gombo au tamarin à la syrienne) selon Claudia RODEN « Le livre de la cuisine juive » (livre dont je vous parle ), parce que ce fruit de l’hibiscus me plait déjà et d’en avoir parlé m’a redonné envie, vous vous rappelez ?
1 bocal de gombo
2 cuillérée à soupe de tamarin (en pulpe ou purée)
2 cuillérée à soupe de sucre
De l’huile d’olive
1 oignon
1 gousse d’ail
Du sel, du poivre

Diluez la pulpe de tamarin avec un peu d’eau chaude pour retirer les filaments (épais) et les pépins. Emincez l’oignon, dégermez l’ail et mettez-le en petits morceaux. Dans une poêle chaude, ajoutez l’huile d’olive, l’ail et l’oignon.

Puis après douce coloration, rajoutez les gombos rincés soigneusement (sans les écraser et débarrassés de la tomate ou autre ingrédient dans le bocal trop acide), le tamarin et le sucre. Je préfère les gombos déjà en bocal ou en conserve car le côté visqueux apparait moins. Mais si vous voulez être le plus proche de la saison, de sa récolte et ne pas avoir du tout ce côté mucilagineux, il vous faut les prendre très jeunes et tout juste cueillis et suivre La Cuisine du jardin . Les gombos étant déjà cuits dans le bocal ou la conserve, 5 minutes suffisent à la poêle.

Le plat n’est pas beau mais très bon.

***

Tarte à la salade mesclun
1 pate brisée
3 cuillérées à soupe de fromage blanc
1 sachet de salade mesclun
1/2 poivron rouge
Du fromage râpé
1 échalote
De l’huile d’olive
3 œufs
Persil
Ciboulette


Faites dorer le poivron rouge en lamelles avec l’échalote. Quand il devient mou, rajoutez la salade jusqu’à changement de couleur mais en gardant le volume. Laissez refroidir.

Dans un saladier, mélangez les légumes, les herbes, le fromage blanc et les œufs battus. Répartissez le tout sur la pâte brisée, rajoutez le fromage râpé et enfournez une trentaine de minutes à 180°C.

jeudi 12 mars 2009

Désordre de l'émerveillement...

Certains le disent ouvertement, d’autres le laissent échapper par mégarde (surtout quand je parle de ce livre d’ailleurs….) et d’autres encore y trouvent un certain charme : notre intérieur n’est pas très rangé….

Des livres partout, des jouets aussi (depuis 1 an c’est obligé) et des petits riens auxquels j’ai du mal à trouver une place (et, oui, les poubelles de tri sec pour le recyclage que je ne sors pas tous les jours).
Mais « Le grand désordre » de Kitty CROWTHER me convient pour de nombreuses autres raisons. Cette auteure/illustratrice jeunesse m’interpelle, me ravit, m’emmène comme dans une maison ou j’aime me blottir. Vous me savez fane, oui, oui, je parlais de sa petite mort et de ses livres pour tous petits ici… et je parlerais de tous ses livres ! Et celui-là donc ! Et bien une jeune femme, Emilienne, laisse chez elle un grand désordre. Elle vit seule avec son chat et cela ne la dérange que peu mais son amie, elle, se sent de plus en plus incommodée par sa façon d’être et ne prend plus plaisir à lui rendre visite. Alors les soupirs arrivent, il faut faire le grand ménage.




Une histoire belle et poétique mais bien plus. C’est toute une spiritualité de vie qui se dégage. Le désordre n’est pas diabolisé, la remise en ordre est comme une forme de ressourcement, pour se remettre en ordre aussi. L’utilisation du temps a aussi la part belle. Cette oisiveté de l’éveil, de la curiosité, est mise en valeur autant par de petites créatures qui dérangeraient l’intérieur d’une maison et cette notion de marée nocturne qui apporteraient son lot d’objets, que par la place importante des activités d’évasion : herbier sauvage, premier rayon de soleil, dernier de lune, baignade sauvage.
Emilienne est une jeune personne entre enfance et âge adulte. Les amis, comme les objets, ont une place importante dans sa vie… les discussions, les confidences, l’attention aux autres… la nostalgie et la transmission.


Par les objets, l’amitié se dessine, les affections se créent. Et l’histoire d’un caillou peut devenir une vraie aventure. Ou comment recycler de l’amour, des objets, du créatif et de l’imaginaire. Clarabel nous livrait ici son avis sur le rangement proposé par Emilienne de nos bibliothèques personnelles.

J’aime ce livre, le lis et le relis pour toute la poésie, pour cette impression subtile d’être chez une amie, entourée, enlacée par des mots, des paroles, des ressourcements divers et je donnerais cher pour transmettre moi aussi cette saveur à mes enfants, petits-enfants… un livre sur les soupirs : quelle belle idée « 2 soupirs : un souci ; courir trois fois autour de la maison et suivre la première idée qui vous vient. 3 soupirs : mettre les pieds en hauteur et lire les 100 meilleures blagues de l’année ou « Moumine le Troll » de Tove JANSSENS. »Une lecture qui laisse une atmosphère dense et loin d’être fugace qui nous permet de suivre quelques petits bonheurs quotidiens et de voir en notre désordre aussi des trésors. Le chat d’Emilienne s’appelle Daguerréotype… cette innocence et cette pertinence dans l’hygiène de vie de l’héroïne est faite de ce procédé là « L'image produite par cette méthode est si fragile qu'elle ne supporte pas la plus légère manipulation, et doit être protégée contre tout contact. » (extrait tiré d’ici )

Et me croirez-vous mais l’intertextualité me plait, j’aime à suivre certaines façons d’être et de vivre, alors les pieds en l’air je lis « Moomin et les brigands" de Tov JANSSENS, j’en reparlerais… et que dire de ces capucines si importantes pour moi, de ces baignades de minuit et petits bonheurs…

mercredi 11 mars 2009

Un pied... de nez, non, de Chawan... pour un Tag

Je suis en retard, sur tout… le quotidien et son organisation, mes envies, mes formations (dont celle-ci), dans le SWAP ou jeux et puis dans la réponse aux TAG… trois en attente. Alors le premier Tag proposé par Ribambelles&Ribambins "... dévoiler la 6ème photo du dernier dossier qui a été chargée sur votre ordinateur... puis taguer six personnes à votre tour"…

Alors dans ce dossier blog, avec les différentes photos prises ici et là, ou flashée par moi, en attente d’un billet un peu plus conséquent…
*source schéma

La sixième : un schéma des pieds de chawan (les koudai ou takadai ?), en attendant d’offrir un billet sur cette utilisation du bol de cérémonie ou sur la fabrication de cette céramique… je m’étais arrêtée sur sa description et ne fais que baver sur celles que nous font d’autres amateurs éclairés de thé et céramiques… je pense à Fortunato entre autre et bien d’autres…. Alors en attendant d’offrir quelque chose de constructif, je reste muette !
Quand aux autres personnes qui veulent se prêter au jeu de dévoiler la 6ième photo... n'hésitez pas, je n'ose plus réclamer à quiconque....

Commencer par la fin, le loup si doux

Suis-je une jeune adulte gavée des contes, insoumise, qui confond l’originalité et la précipitation ? Peut-être ! Alors au lieu de commencer par le début, les références, je commence par le détournement. Je ne lui ai pas encore (re)lu « Contes pour enfants pas sages » de Jacques PREVERT mais il est vrai que je n’ai pas résisté à ce « Suis-je un grand méchant loup » de Kristina ANDRES.



Comme tous les enfants, le rôle de méchant est apprécié, réclamé, plébiscité…. Par exemple, le loup de promenons nous dans le bois du « Si le loup y était » de Philippe JALBERT, polar tactile offert par feu Soeur Anne (ne vous inquiétez pas elle va très bien, mais dans la vie réelle).



Ce livre par sa page pop-up permet ce soupçon de frayeur appréciable « Miam miam » jusqu’à ce que nous mettions le doigt dans la gueule du loup et que cette gueule de papier soit remise à sa place, à la page précédente, fermée sur un loup tombé dans l’eau.
Il l’aime aussi dans « La tétine de Nina » de Christine NAUMANN-VILLEMIN, illustré par Marianne BARCILLON, loup affreux, pas beau, qui sent mauvais et fait peur… qui devient un loup tout doux, tout mou, gros doudou…

Mais il ne connait pas encore le chaperon rouge ou tous les autres contes où le loup est un méchant, vraiment méchant et pourtant. Pourtant il aime ce « Suis-je un grand méchant loup » avec une lecture au premier degré sans les références bien-sûr.

Mais ce loup qui tient dans sa mâchoires ses amis lui renvoie toutes les notions de manger son enfant dont je parlais là un peu et qui lui sont mystérieuses…. « manger zazel » fait partie de son quotidien langagier et il est bon de remettre aussi une petite notion de respect du corps, dont je parlais ou encore d'une autre manière là et de sciences naturelles par rapport au loup soit la chaîne alimentaire d'une forêt réduite aux animaux pour l’instant (ici je pense à ma cousine adorée qui lors de sa prise de conscience de cette chaine est devenue végétalienne pour 10 ans !)

*source de la chaîne alimentaire (lien avec les différents intervenants : piscivores, herbivores, granivores, insectivores, herbivores, carnivores et omnivores)

La lecture est aussi agréable parce qu’elle peut faire intervenir le bambin « Suis-je un grand méchant loup ? » la plupart du temps : noooonnnn ! Et certains actes doux et chaleureux des amitiés reviennent ici pour balancer les colères, les dents qui veulent mordre ou le hurlement qui s’ensuit : papoter, offrir des contes oraux (lus ou spontanés), partir au pays des merveilles….

Le loup peut être doux, fragile, riquiqui, il peut être câlin, réconfortant, propre, conteur : il choisit lui-même ce qu’il veut être !

Et puis ces illustrations à la plume et colorées doucement, ces animaux doudous, ce loup à la fois animal sauvage mais aussi peluche ou cerf-volant... j'adore!

lundi 9 mars 2009

Un point de vue à decrypter, du sol, du ciel...

Ce très beau livre « Dessiner le monde, Histoires de géographie » de Caroline et Martine LAFFON est une merveille.


La lecture ne se fait pas d’une traite, le livre est pourtant compartimenté. Il fourmille tellement d’indices, de références et d’illustrations, de niveaux de lectures à décrypter que le passage d’une page à une autre peut paraitre comme une précipitation. Mieux vaut encore prendre une double page (illustration et texte) par-ci par-là. J’ai mis un temps fou pour faire ce billet, presque embrouillée par les multiples lectures proposées. Le livre passe par la notion de géographie, avec l’histoire de la discipline, de ces principaux acteurs et leur stratégie et erreurs, pour certaines volontairement conservées sur les cartes. Mais aussi il nous offre une histoire de nos perceptions : de la cosmogonie, des mythes et légendes, à un positionnement terre entourée de mers, terre et mers entourées de ciel, terre plate ou globe. Il est aussi possible d’y lire les colonisations, les chemins pour acheminer les ressources d’autres pays (route de la soie par exemple), les batailles et toutes les cartes d’espionnage. La philosophie a une part importante dans notre conception du monde. Alors entre calculs, cadrillages, mais aussi stratégies politiques, religieuses, mises en valeur d’un patrimoine, le livre nous ouvre de multiples voies en suivant les siècles, les hommes, les explorations et les découvertes ou l’histoire des outils d’arpenteur, boussoles, compas maritime, sextants, roses des vents, lunettes astronomiques.
Les interrogations face au monde sont universelles, ce livre nous montre que les réponses sont, elles, multiples, raisonnées ou fantasmées.

Un point central, un nombril : De cette mise en évidence des lieux très hauts, des montagnes, comme lieu stable et résistant aux changements. La cartographie est le tout début d’une description cosmogonique, représente aussi la position occupée par les commanditaires ou l’organisation du religieux, du politique ou du familial. Le paysage peut aussi être un corps, toutes les cultures ont aménagé un centre, un nombril du monde selon les religions… par exemple la Kaaba à La Mecque pour les islamistes.
Les premières cartes de positionnement sont aussi des cartes dessinées et sacrées. L’oralité est encore de mise dans la description des chemins à prendre, les cartes plus individuelles suivent mais sont à usage immédiat, il faudra encore attendre pour l’arrivée des plans (avec une très belle précision sur la ville de Tokyo par exemple). Les cartes permettent de s’orienter mais aussi de raconter une histoire. Selon les cultures, certaines cartes dessinées ne servent pas à refaire le chemin (en Chine par exemple, la conception de la peinture suppose de mettre en avant, en relief, les obstacles, ou les chemins et les cours d’eau de manière peu distinguables, ou un aller et une autre couleur pour le retour sans précisions.

La cartographie est comme la mémoire de nos visions du monde et chaque détail, le choix de mise en valeur, les codes culturels, les couleurs, rappellent un élément, une stratégie, une histoire, une découverte. Des mots reprennent de leur sens : la terre inconnue était appelée Antichtone et ses habitants marchant les pieds en l’air, les Antipodes. Mais l’Arctique et l’Antarctique reprennent une autre saveur aussi ainsi que l’arpenteur (par exemple au Moyen Age ) ou le portrait (vue des villes au XVième siècle).

Par la terre, connue, et ensuite les terres approchables par la mer, les océans et les étendues d’eau et enfin le ciel. L’eau qui entourait principalement la terre connue devient aussi un élément important, les lacs, les cours d’eau. Les « grenouilles autour d’une mare », explorateurs de la mer méditerranée, ne sont plus les seuls à prendre en compte ces voies maritimes. Là aussi les codes culturels changent, la couleur de l’eau dépend de sa densité, sa clarté mais aussi peut dépendre d’une histoire qui a eu lieu à cet endroit (exemple massacre avec une eau rouge).

Ce livre est foisonnant et j’ai pris un immense plaisir à suivre cette ethnologie de la représentation géographique. Les erreurs dans les cartes d’Amérique car les Indiens aidant à leurs conceptions marquaient de la même manière les cours d’eau et les routes pour eux des voies de communication aussi praticables les unes que les autres. Mais aussi ces repères différents sur un chemin : des cornes de yack au Tibet pour marquer les points d’eau et les camps possibles, des mouvements d’eau sur les rochers en Polynésie. Ces traces de pieds pour montrer le sens unique sur les cartes d’Amérique latine.


manuscrit nahuatl
Ou ces différentes interprétations des mesures de notre environnement, du ciel par exemple : « Pour les Mongols, peuple de cavaliers, la Polaire c’est le clou d’or où sont attachés les chevaux dans le ciel. »

Les cartes, véritables invitations aux voyages, sont aussi de véritables preuves d’égoïsme, de volonté combattive… chacun veut être au centre, veut rivaliser, veut vaincre. Que ce soit en écoulant des anciennes cartes erronées mais élogieuse pour un peuple ou un géographe, astronome ; une carte fantasmée pour prouver les ressources de la terre inconnue et ce mythe de l’accueil à bras ouverts des populations autochtones ; en se représentant au centre, l’Empire du milieu, la Chine, et ses premières découvertes révélatrices ; ces villes repérées, répertoriées voire classées avec des codes culturels différents mais souvent une vision plate, neutre (sans indice ethnique ou social ou de fluidité de circulation) ; ces synthèses des activités humaines (champs par exemple) pour le compte des plus grands ; ces cartes de type judiciaire peintes pour preuve lors d’un éventuel procès pour héritage. « Il faut savoir regarder quelle fiction se joue derrière les cartes. » C’est toute une philosophie de vie qui se découvre aussi en les regardant une par une.

Merci encore à Babélio et à son opération Masse critique, ainsi qu’aux éditions SEUIL pour ce superbe ouvrage qui me demandera de multiples lectures pour découvrir toutes ces merveilles. Une autre page est ouverte . Et oui bien sûr Lyjazz, je rêve de planisphère et de globe pour tout effet contre le nombrilisme et rester en éveil.
livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com