jeudi 31 janvier 2008

Autres voix, autres chambres

Une amie, oui, une amie, de celles qui, sporadiquement (pas tant que cela en fait), montre par un mot, une phrase, qu’elle voit, comprend, jusqu’aux tréfonds des os. Donc Holly golightly, parce qu’il s’agit d’elle, m’a fait ce cadeau… en plus de tant d’autres spirituels.

Je ne savais pas si j’allais me laisser aller à cette lecture mais, par de ces enchantements qui font que le choix des personnes appréciées est toujours une ouverture vers soi, je voulais le lire (ou plutôt savoir le lire). Il faut bien dire que la lecture de Paul LEAUTAUD me parlait d’office par ses thèmes très personnels et que les histoires de fantôme ne m’attiraient pas ce jour-là.. Je ne savais pas que penser non plus de cet auteur, Truman CAPOTE, personnage visuel autant que littéraire. Alors j’ai commencé la lecture doucement, comme dans un songe, pour découvrir, et le récit et le potentiel ressenti de lecture de cette mademoiselle. « Les domaines hantés » de Truman CAPOTE a fait le reste.



Joel, un enfant de douze ans, va découvrir son père, après des années d’absence paternelle et la mort de sa mère. Il part dans une contrée lointaine peuplée de personnages fantomatiques. L’histoire est belle mais plus encore ce sont les émotions à fleur de pages qui ne vous laissent pas indemnes. Les rencontres humaines sont à chaque fois comme une découverte d’un pan caché de sa personnalité. Et loin d’être une quête de père, il s’agit bien là d’une quête de soi : son paternel n’a pas la clef de toute son existence en devenir et les réponses et personnes référentes ne sont pas là où il les croyait. J’ai beaucoup aimé trois personnages en plus du garçon et dans chaque j’ai eu l’impression de lire la personnalité complexe du garçon, jeune homme et homme d’âge mûr.
Comme une panthère en cage, Zoo la servante noire, est enfermée par son devoir envers son père. Elle parait être la femme dans tout son charme féminin, sensuelle comme une femme fatale, louvoyante, à la violence contenue et vécue, un peu mutine. Sa quête de « neige », une fois sa liberté non retenue, comme un rêve d’existence, lui ramène la cruelle vérité et tarit sa vitalitéJe ne sais pas pourquoi mais j’imaginais Holly Golightly, un des personnages fétiches féminins de Truman CAPOTE, avec la même finitude…une fleur capiteuse voulant s’épanouir au-dessus du monde et qui retombe en pétales flétris sur le sol que les passants écrasent sans vergogne. Je vérifierais très bientôt en lisant "Petit déjeuner chez Tiffany" que je viens de me procurer.
Cet oncle Randolph, vieux jeune, aux goûts efféminés, qui se découvre une sexualité autre en devenant adulte. C’est un homme en prise avec son passé, qui se complait dans une activité créatrice mais vit enfermé dans sa chambre, véritable « tombe de luxe », comme retiré de sa propre substance, déjà mort, encore mort (depuis sa naissance).
Et Idabel, ce garçon manqué, aux paroles plus matures que son petit corps. Cette témérité qui la pousse à se dépasser, à être en totale harmonie avec elle.




*source photo

« (…) toute musique doit être entendue plus d’une fois. Et si ce que je te dis aujourd’hui te semble dénué de sens, tu ne le trouveras que trop clair quand tu y repenseras plus tard ; et quand cela arrivera, quand ces fleurs épanouies dans tes yeux, fleurs qu’on ne retrouve jamais, seront fanées, alors, bien que nulle larme n’ait jamais pu dissoudre mon propre cocon, je pleurerai un peu pour toi. »
Il en est de même avec cette lecture, si riche. Il me faudra bien plus d’une lecture pour assimiler la notion d’amour qui transpire des mots de Randolph : aimer n’est pas synonyme de pitié, ce n’est que pure tendresse, aimer c’est considérer un nombre important de petits riens comme essentiels à l’amour porté à l’autre…il ne faudrait pas concentrer toute son attention à l’être aimé, nous en perdrions le bonheur. Et que dire de cette fulgurance de l’amour : ce Narcisse, non pas égoïste mais seul détenteur de la vérité, son reflet est le seul compagnon réel de sa vie, le seul en mesure de répondre à ce besoin.
Et puis une sacrée leçon de vie sur l’homosexualité ou la bisexualité. Personnellement, j’ai toujours pensé qu’une démarche amoureuse se définit par l’objet d’amour en tant que personne plus qu’en tant que genre, se limiter à l’un n’est qu’une affaire de convention, d’éducation, de norme ou de marginalisation volontaire. « Le cerveau peut recevoir des conseils, mais pas le cœur, et l’amour n’ayant pas de géographie, ne connait pas de frontières ; pèse sur lui, enfonce-le aussi profondément que tu voudras, il trouvera toujours moyen de remonter à la surface, et pourquoi pas ? Tout amour qui nait au cœur d’une personne est naturel et beau ; il n’y a que les hypocrites pour reprocher à un homme ce qu’il aime, les illettrés émotionnels et les envieux qui, dans leurs inquiètes agitations, confondent si frénétiquement la flèche qui se dirige vers le ciel et celle qui conduit en enfer. »
La finitude de l’homme est partout : la mort est présente, animale ou humaine, comme allant de soi, mais aussi ce sentiment diffus tout au long de la vie : « (..) la jeunesse est rarement humaine : comment en serait-il autrement puisque les jeunes ne croient jamais qu’ils vont mourir… et surtout ne croient jamais que la mort vient (…) ». La décrépitude est aussi une part entière : les humains très, très, vieux, à l’extrême limite, qui peuvent soutenir le regard de la mort, ceux qui deviennent dépendants, simples végétales au regard omniscient, miroir des autres âmes et même plus de la sienne. La difformité (un cou de girafe, une main en bois) côtoie l’ambigüité des sexes.
Truman CAPOTE fait la part belle aux refoulements échafaudés ici en rêve éveillé. Comme si nous nous étions arrêtés de devenir ou comme si notre vision du monde avait été déformée sous l’effet d’un choc quelconque. Je me retrouve en Joel, dans cette quête de lui-même, avec l’envie de définir ce qui nous confine à l’état de Kay, anesthésié de la vie, dans « La Reine des neiges » d’Andersen. Le cahier des rêves de Dolorès, les rêves de Zoo et de Joel, leurs mensonges, semblent quelques fois plus réels que le reste.


Magnifique lecture qui me laisse un goût d’inachevé dans mon parcours : « Notre suprême désir c’est qu’on nous tienne…qu’on nous dise…que tout (tout est une drôle de chose : le lait de l’enfant, les yeux de papa, les bûches ronflantes dans le froid du matin, les hiboux, le camarade qui fait pleurer après l’école, c’est les cheveux de maman, c’est avoir peur, et les figures grimaçantes sur le mur de la chambre)…que tout finira par s’arranger. » Merci Holly... tout finira par s'arranger...

mercredi 30 janvier 2008

Les animaux féroces imaginaires *4* février

Avant de vous proposer votre page sur vos grands-parents imaginaires de janvier, je vous soumets le thème de février des Passeurs d'imaginaires (vous avez jusqu’au vendredi 29 !) : un thème, qui vous reposera peut-être de vos confidences et de vos vécus intenses, les animaux féroces !


"Une ourse et son nouveau né, entouré par le placenta. L'ourse léchera son petit, et les hommes du Moyen Age pensaient qu'elle façonnait une masse informe, inachevée. D'où la célèbre formule "ours mal léché" pour qualifier un individu bourru et asocial. "

*source de cet ours et de sa légende

Vous pouvez :
- nous parler des animaux qui vous effrayent : loups, ours, serpents (ou plus petits en fonction de ceux que vous côtoyez près de chez vous)
- nous amener dans des lectures où d’épouvantables animaux sévissent…le monstre du Gévaudan, le loup-garou…
- créez votre animal féroce, en le dessinant, en l’amenant à la vie sous votre plume… en le photographiant (pour les plus téméraires)
- aller plus loin en parlant de vos phobies (de la petite sourie, des araignées…)
- déstabiliser la bestiole, la rendre inoffensive : une histoire de loup ridicule, un ours redevenu peluche, un tigre à qui l’on aurait coupé les griffes et les dents
- nous apprendre ce que cachent ses frayeurs animales…un folklore, une peur de l’autre, une délimitation du mal…
- nous inviter dans son habitat épouvantable
- nous confier ce que vous choisissez pour faire peur (tout en douceur) à vos enfants et nous dire ainsi quelle est la bonne dose de férocité
- nous parler des monstres humains tels que des animaux : les loups-garous, les ogres, le Mister Hyde (attention seulement, les méchants feront office d’un autre thème !) ou le Frankeinstein…
- nous prouver par A+B que les animaux ne sont pas féroces mais restent conformes au cycle de la nature… ou prendre la défense de certains...



*source Gravure du traité de physiognomonie de Ch. Lebrun et Morel d'Arleux, 1806

N’oubliez pas qu’être Passeurs d’imaginaires ne représente que l’envie de partager un peu de son univers, réel ou imaginaire, sur un thème ou plusieurs. Notre envie de venir vers chacun suit immanquablement.

mardi 29 janvier 2008

Kéfir de lait non nomade pour mon système digestif

Après le kéfir d'eau, me voici testant le kéfir (ou képhir) de lait avec une « mère » plus petite que dans mon adolescence .

Normalement il faut une température de 22°C, avec notre chez nous à 19°C, le kéfir de lait donne un lait fermenté, qui ressemble au lait Ribot breton ou Yorik/ Elben magrébin. Il y a une ressemblance aussi, s’il est agrémenté de sucre, avec lactimel proposé aux enfants et très à la mode.


Mais qu’est-ce donc ? Comme pour le kéfir d’eau, il s’agit de microorganismes probiotiques mais ils ressemblent à des petites têtes de chou-fleur et peuvent donner un agrégat gros comme une pivoine ou petit comme ici. Souvent ils sont appelés « mère ». Ils fermentent le lait et donnent après quelques jours un fromage blanc particulier.

Pour la petite histoire, le lait cru était mis dans une panse de chèvre ou de mouton dans le Caucase avec ce ferment pour mieux se conserver et être bu ou dégusté tout le long des périples nomades.

Comme leurs petits frères d'eau, les kéfirs de lait sont réputés assainir le système digestif et renouveler les bonnes bactéries eu détriment des mauvaises...leurs bons soins sont légendaires mais pas encore testés réellement... alors pour le goût!




Recette :
1 litre de lait si possible entier et cru
30 g de kéfir de lait

Dans un bocal en verre, mettez le tout bien mélanger et réservez à température ambiante 24 à 36 heures avec juste une assiette au-dessus ou un cellophane. S’il fait assez frais, cela donnera un lait fermenté, s’il fait plutôt chaud un fromage blanc fermenté, les grains de kéfir remontant légèement à la surface.

Dans le second cas, retirez le petit lait (liquide jaunâtre qui apparait au-dessus à mettre dans les plantes ou à boire pour les addicts) et passez le mélange crémeux dans une passoire en plastique (pas de métal) avec mousseline…vous pourrez ainsi avoir du fromage frais, à agrémenter de fines herbes ou autre. Pour conserver la boisson ou le fromage, mettez les au réfrigérateur 2 à 3 jours.

Les grains de kéfir de lait sont, soit réutiliser de suite et n’ont pas besoin d’être rincés (sauf si la fermentation précédente a été très acide), soit rincés dans une passoire en plastique minutieusement et mis dans un peu de lait au réfrigérateur pour une conservation sans fermentation.

Pour nous, ce sera pour cet hiver du lait fermenté et je me bats avec notre buveuse de thé pour en avoir : elle n’aime pas le lait et pourtant, dès que la fermentation commence, le couvercle est retiré…

Idem : il s’agit d’un petit secret qui prolifère vite, je peux en offrir à qui veut en fonction du stock. Alors n’hésitez pas !

Gâteau comme expression de soi

J’avais beaucoup lu ici et là de billets sur ce petit livre, des très enthousiastes aux plus modérés. J’avais quand même envie de croquer dans le gâteau et Lily me l’a permis, merci encore. « L’enchanteur et illustrissime gâteau café-café d’Irina Sasson » de Joëlle TIANO.

Le premier pas dans cette lecture est cette recette de gâteau, qui se complète au fil des pages. Comme une litanie, quelque récitation de vieille femme pour ne pas perdre la tête.

Une recette, si personnelle, qu’à travers elle, l’histoire de cette centenaire se transmet à sa petite-fille, Susan…petit à petit, par ajout de produit et tour de cuillère. Irina se raconte grâce à son gâteau café-café : ses amours, ses petits et grands bonheurs, ses rôles de femmes, son imbrication dans la Grande histoire. Mais aussi, à travers cette recette, la population de Batenda apparait…avec ses attentes et ses peurs.
Le gâteau est un présent, un acte de foi : une présentation au peuple accueillant, une offrande d’amour et une échappatoire, une sauvegarde de son identité. A travers les pages et les trois écritures (Irina, l’histoire à la troisième personne et Susan) il a une transmission féminine, une philosophie de vie : le gâteau se veut pour choyer les convives, comme une dégustation de mets délicats. Il faut une certaine lenteur pour apprécier. Il s’agit aussi d’un héritage en partage, ne serait-ce que dans le choix des produits : les biscuits thé bruns, le beurre de Normandie, les œufs blancs, le café corsé, Catuai ou Marago, de la gousse de vanille fendue, du sucre blanc raffiné pour ne pas déstabiliser le goût etc... « Et maintenant je comprenais que ç’avait été comme si, à côté de ma connaissance et de ma douleur d’adulte, mes rêves de petite fille avaient cheminé tranquillement, vécu leur vie propre, ignorants de la cruauté du monde. »
Il s’agit d’une belle transmission féminine, culinaire et émotionnelle…comme quoi à travers un gâteau énormément d’émotions peuvent passer. Voici les avis de Katell, de Cathulu, de Bellesahi, de Tamara, de Chiffonnette, de Stéphanie et bien-sûr les superbes billets de Lily et de Rose, experte des transmissions culinaires, un peu déçue.

Mes Madame G

Il est trop dur de parler de mes grands-parents… peut-être aussi parce que certains sont encore en vie… peut-être parce qu’il arrive à l’une de mes grands-mères de me lire…
Alors, pour les Passeurs d'imaginaires, sur le thème des grands-parents, je vais parler de ces dames, qui, par leur attention, leur joie de vivre, leur enthousiasme, ont fait parti de mes grands-mères adoptives.
Ce sont toutes deux des Madame G.





La première fut celle qui garda ma mère et ses frère et sœur. Elle habitait à 100 mètres de chez mes grands parents maternels et paternels (en face l’un de l’autre au début). Elle était danoise et c’est chez elle que j’ai vu de grands sapins de Noël, des décorations magiques comme peuvent le faire les populations scandinaves. Nous lui avons repris les cœur danois...


J’y allais quelques fois, accompagnée de ma mère, prendre une collation et c’est avec bonheur que je la vois sur les photos de mon baptême (qui n’a que le nom, fait lors de mes quatre ans !). J'y allais en privé, sans le reste de la famille, comme si seule j'avais de l'importance.
La seconde était, je crois, la marraine de ma maman. Elle habitait Saint-Cloud et nous allions la voir, ma maman et moi, une à deux fois par an. C’était une escapade que j’attendais avec impatience. Nous prenions la voiture, longions les bords de seine où j’admirais les péniches et grimpions sa rue pour entrer dans cette résidence privée. Je ne me rappelle que de la saison automnale : la balançoire dans le jardin, très haute, les coques de marrons sauvages, partout sur le sol. Dans son appartement, j’étais une hôte de marque, du cake maison, du thé (un vrai délice car je n’avais pas le droit d’en boire à la maison : cela excite les petites filles ! J’ai dû attendre 14/15 ans !), servi dans de la vraie porcelaine fine, sur une petite table face aux fenêtres donnant sur la vue du parc privatif. A chaque fois, cette néerlandaise m’offrait un album : « L’album des jeunes » de l’année en cours.


Je les ai tous gardé. A cette époque–là je n’arrivais pas à me concentrer… j’étais intéressée par tout, sans jamais pousser ma curiosité, et je me morfondais dans un ennui total… sans jamais voir que j’avais sous la main un ouvrage qui pouvait m’ouvrir des voies insoupçonnées. Je crois tout de même avoir conservé de ces lectures parcimonieuses le goût pour les découvertes scientifiques, pour les contes et leur contexte ethnologique, une envie de comprendre la faune etc… Cette madame G était aussi sur la photo du baptême.


Ce cliché me plait énormément pour un orgueil mal placé car sont présentes plusieurs nationalités: danoise, néerlandaise, vietnamienne, ivoirienne…

Je garde de ces dames des instants magiques où j’avais l’impression d’être une jeune adulte, d’être dans le secret des femmes. Je ne suis pas sûr que nos conversations aient été poussées mais leur comportement à mon égard a toujours été d’une grande affection et d’un immense respect. Est-ce que le fait d’y aller avec ma maman participe aussi à ce bon souvenir ? Oui évidemment, c’était avant les clashs, pendant cette période adorée où j’étais essentielle, où ma maman prévoyait pour moi des activités ou des éveils fabuleux et où mon petit frère est né. Après ma maman s’est concentrée sur autre chose que nous….

lundi 28 janvier 2008

Elles n'attendaient que cela et ont reçu beaucoup!

Et dire qu’elles ne créent plus que rarement. Pour les remettre au travail, elles ont trouvé quelque chose et j’ai été obligée de m’exécuter. Le Pay It Forward…mais si, mais si, vous l’avez vu passer ici et là sur les blogs…

Alors pendant une insomnie je me suis inscrite chez Katell, voui, voui, je vais recevoir quelque chose de ses mimines.
Vous ne voyez toujours pas, alors un petit récapitulatif s’impose :
1/ avoir un blog (condition première pour que n’importe qui puissent laisser un commentaire)

2/ les trois premières personnes à laisser un commentaire sous ce billet recevront de ma part un petit quelque chose que j’aurais fait moi-même….heu, je ne sais pas, du tricot (non sûrement pas, je ne sais pas tricoter), des dessins (peut-être), des.... Bon, en fait, je ne sais pas encore et puis cela dépendra des personnes volontaires (ou devrais-je dire cobayes !).

3/ ce « petit » présent vous parviendra dans les 365 jours suivants, cela me laisse un peu de temps

4/en échange vous devrez payer à l’avance en proposant vos mimines pour cette chaîne d’offrandes sur votre blog (Pay It Forward !). Et en faire la promesse cela va de soi !

Vous ne pouvez pas vous inscrire à plus de trois chaînes (donc trois blogs).

Qui veut ? Elles attendent avec impatience...


Pour tout vous dire j’ai été gâtée par Maijo sans même être inscrite (je suis arrivée trop tard) et comme cela, sans faire la promesse à d’autres, pour le plaisir. Cette douce demoiselle m’avait envoyée pour mon non-Noel un colis bien achalandé : des palets de chocolats de Lyon (brun, marron et orange pour les couleurs délimitant les saveurs des chocolats plus ou moins dosés en chocolat justement !). Pas de photo, j’ai tout mangé !
Et puis un lapinou…pour le petit loup, peut-être, mais moi je l’ai gardé pour moi en égoïste…



Et un porte- …, pour moi ce fut un porte-calames…

superbe, aux tons mauves, un vrai petit bijou…mes pinceaux sont sur un porte-pinceaux chinois et maintenant mes calames, modestes, sont dans leur pochette…un vrai bonheur.
J’ai adoré son choix de tissus, de coloris, et l’un et l’autre sont sur ma table à coucher (étagère de salon, chut, il ne faut pas le dire !). Merci infiniment Maijo pour cette pensée si subtilement offerte.

vendredi 25 janvier 2008

Nos rapports aux grands-parents

Le thème des Passeurs d'imaginaires de janvier, les grands-parents, appelle toutes les histoires familiales, les émotions contenues, plus ou moins diffuses. Je me suis rendue compte qu'en parler vous plaisait, mais en privé. J'ai été très émue de toutes vos confidences, de votre intérêt au partage. Mais le billet de mise en bouche pour les autres va être assez mince....

*source ESCHER

N'y a t-il que de la réalité derrière ce terme? Vous avez jusqu'au jeudi 31 janvier, soit jeudi prochain, pour vous laisser aller à de la fiction, à des détails: un objet, un métier, un personnage fictif, une activité de sénior etc. Je dois dire aussi que j'ai du mal à vous proposer quelque chose... sacrée histoire!

Vers l'autonomie: la marche

Hier était à marquer d’une pierre blanche, le petit d’homme marche…non, non, pas d’un meuble à l’autre, pas après incitation….il marche tout seul, se présente à l’entrée du couloir et marche dans le noir entre sa chambre et le salon…tout du long, comme un prince. Mais oui, petit seigneur de nos cœurs de parents !
C’est une étape cruciale, bien sûr, une étape vers plus d’autonomie. C’est aussi ce que nous, parents, attendons avec impatience. Mais pourquoi donc ? Pourquoi autant d’impatience dans le développement moteur de nos enfants ?

Holly golightly m’avait interpellée avec ce discours de Gilbert Keith CHESTERTON à la gloire des bébés : cette gravité du regard d’un bébé dû à l’étonnement face au monde, ce rapport à leur personne surnaturelle par leurs découvertes de chaque instant, leur appréhension toujours neuve du monde. En fait, il est bien question de cela. D’un étonnement ambigüe de tous les instants. Le fait d’avoir été « bloquée » au foyer m’a permis de profiter de cette période où nombre d’entre nous prenons les bébés pour des petits non-êtres. C’est vrai que leur fonctionnement physiologique prend énormément de temps. Il dort, mange, défèque, pisse et quand nous pensons à une interaction, que nous rêvons devant ce premier sourire, nous nous rendons compte, avec un peu de désappointement la première fois, que le bambin sourit aux anges (c’est-à dire un état de béatitude au monde et non un sourire adressé à quelqu’un !).
Alors avons-nous profité de ce petit monsieur dans sa prime-prime enfance (avant 1 an !) ? Il est sûr que j’ai eu la chance de voir certaines étapes mieux que le papa. Les premiers mots ne sont pas forcément prononcés le week-end ou le soir. Les applications manuelles sont aussi des jeux quotidiens.
En pourtant, j’avais envie de le voir bouger ce trésor. Il était par terre souvent, sur un tapis spécial bébé, doux et moelleux dans le salon, pas de parc et très peu de lit. Mais je m’impatientais de le voir se tourner, de couché sur le dos à plat ventre. J’ai pris énormément de plaisir à le voir se relever, se mettre debout, trouver son équilibre tout seul. L’haptonomie, après la naissance, permet de nous réinscrire dans une approche de l’autonomie de l’enfant, lui proposer dès le début de se tenir droit tout seul, de retrouver son centre de gravité, son centre affectif… alors oui, nous étions un peu sensibilisés. Et pourtant…



J’aurais aimé être sensibilisée aux théories d’Emmi PIKLER. Pour elle, le bébé n’a pas besoin de l’intervention d’un adulte pour changer ou garder la position. Le développement vers la position assise, debout ou de marche doit être le résultat d’une démarche active de l’enfant et il s’agit bien là d’un développement cohérent, pas plus lent ou moins assuré mais, peut-être justement, source de confiance en lui. Il faudrait partir du concept de « soin global » soit une prise en compte de tous les aspects de l’enfant (ergonomie de son terrain de jeu, des jouets, alimentation, repos, rythme journalier, thérapie éventuelle…) et concevoir dans le système éducatif une part importante à l’organisation de vie entre parents et enfants et à l’environnement proposé. Ainsi les parents pourraient proposer des activités libres à leur bébé avec toute la sécurité et la meilleure adaptation aux demandes du développement de l’enfant : un tapis moelleux serait remplacé par un tapis de sol (antichoc mais permettant une meilleure oscillation ou amplitude de mouvements du corps), des stimulations à bonne distance des mains potelées mais pas forcément de provocation parentale. Ainsi absorbés par leurs activités, sereins et en sécurité, les petits bouts de chou laissent leurs parents, sans sentiment de culpabilité, reprendre le cours de leurs occupations.
Pas de regret pourtant, car même si nous n’avons pas forcément adapté tout l’environnement, notre petit baroudeur a, de lui-même, fait ses apprentissages. Nous ne l’avons provoqué que dans l’oscillation des hanches pour apprendre à se retourner: comme un élan de toute l'énergie vitale, en partant de sa base. La station debout et la marche n’ont été que des aboutissements de ses escapades sur les poufs, les enjambements des obstacles, les slaloms, de son envie de voir au-dessus, d’attraper les objets convoités, de récupérer seul ces jouets…Seul petit pincement, n’avoir pas vu, assez, la magie de toutes ses découvertes, de tous ses étonnements, de toutes ces ascensions vertigineuses des monts de son nouveau monde, le notre.
N’hésitez pas à aller sur le site de l’Association Pikler-Loczy de France .

jeudi 24 janvier 2008

Oz en rêve

Pour le concours du Magicien d'Oz de Mystères et boules de gomme ici ...

Oz(é)


Scones d'avoine et épinards au yaourt et herbes

Voici deux dérives de recettes : une de Valérie CUPILLARD et l’autre de Gilles CHOUKROUN, tous les deux très très apréciés.



Soit un repas léger :

Epinards au yaourt et aux herbes aromatiques (version maison de la boite d’épinards au fromage blanc et herbes du second)
Pour 2 personnes
Epinards congelés en branche (450g environ)
3 yaourts
1 poignée de persil émincé (plat ou non)
1 poignée de basilic émincé
2 cuillérée à café de coriandre moulue
1 cuillérée à soupe d’algue Dulse en paillettes
1 cuillérée à soupe de shoyu

Mettez à cuire les épinards avec le shoyu une quinzaine de minutes. A part, préparez la sauce en mélangeant tout le reste et réservez-la au frais. Au moment de servir, nappez les épinards de sauce sur chaque assiette (si vous vous y prenez trop tôt, le yaourt va faire de l’eau !)

Scones salés d’avoine (version maison des burgers d’avoine de la première via Anne de Blogbio)
Pour 2 personnes
1 beau bol de flocons d’avoine
1 pincée de sel
2 œufs
1 poignée d’herbes aromatiques (aneth, coriandre, persil)
1 cuillérée à soupe d’algue Dulse en paillettes

Mettez de l’eau dans les flocons d’avoine jusqu’à la surface. Laissez-les gonfler quelques minutes. Rajoutez les œufs battus et le reste. Mettez la préparation dans des moules à scones flexibles en remplissant à moitié. Enfournez 15 minutes à 200°, les scones vont gonfler et dorer légèrement. Attention au démoulage !

Oz

Parce que j'aurais aimé participer aux concours de Mystères et boules de gomme, parce que certains thèmes me plaisaient (le chaperon rouge, Barbe-bleue, les épouvantails ou le Magicien d'Oz), parce que Sa Marraine la Fée et VGM me titillaient avec leur proposition...
parce que je n'arrive plus du tout à dessiner à mains levées, parce que, sans modèle, j'ai l'impression de n'être qu'une fillette sans don, sans tact...
parce que....
mais voilà, pour exorciser le mal...je vous montre un des croquis préparatoires...si jamais j'arrive à un résultat qui me convienne, je participerais...

OZzzzzzzzzz(ez):

mercredi 23 janvier 2008

Autour de la table: une transmission

J’aime faire la cuisine, et pourtant, depuis un an (et quelques), je n’y arrive plus. Avant, je rentrais du travail, sortais mes livres de cuisine selon mon envie. Légumes, fêtes, végétarien ou macrobiotique, pour tous (si invités). J’en sortais au moins 3, regardais les ingrédients, choisissais une recette que je pouvais dévier un peu (rien de plus embêtant que de reproduire exactement). Au tout début, je n’ai dû faire que cela, reproduire. Je ne savais pas faire à manger (toujours pas) et encore moins cuisiner… sans parler des produits particuliers que j’achetais. J’avais ce rapport au livre de cuisine comme à celui d’une agence de voyage : je compare, je juge les temps de préparation, l’originalité de cette dernière (si possible ne pas cuisiner la courgette comme hier ou avant-hier !). La cuisine est surtout une envie de faire plaisir à table. De transmettre déjà une bonne chose à partager.
Lily a acheté un livre de cuisine (pour les blondes, elle qui est brune !) pour se redonner envie d’être à son plan de travail. Elle nous parlait aussi des bonbons de nos enfances à la sauce d'aujourd'hui et tout de suite j’ai pensé à ces livres-ci.


Ils ont fait parti de ma désinhibition culinaire. Avec eux, je sais que je peux improviser, utiliser des touches de couleurs, mettre un peu d’espièglerie dans le résultat. Je pioche en effet beaucoup dans ces recettes de cuisines farfelues, où le plat est assez loin du plat familial traditionnel. J’aime aussi énormément les clins d’œil, les anecdotes : le repas dominical de Rose est un régal, je confirme Lily. Sans anecdote, quasiment moins de saveurs.
Pour reprendre le thème des Passeurs d'Imaginaires de janvier, les grands-parents, je crois que je me vois bien en grand-mère de cette sorte : des jeux gourmands à chaque visite, comme je le faisais avant l’arrivée de notre crapouillot. Une odeur d’épices dans la maison… des découvertes de saveurs, de textures, de goûts… comme dans l’antre magique d’une bonne sorcière. Utiliser tout ou presque rien, se dénicher quelque chose de bon, juste pour se retrouver, tous ceux qui s’aiment, autour d’une table pour simplement passer un bon moment ensemble. La cuisine comme un grand bol d’amour à prendre, reprendre, lécher jusqu’à la dernière goutte.

Mais pourquoi donc parler de Gilles CHOUKROUN ? Parce que son livre sur les épices est un vrai régal.


Il resitue le contexte de ces denrées, à l’origine rares… propose des associations nouvelles et permet à chaque fois de proposer un plat rénové. Langoustines panées aux pistaches...

milch-shake de courgettes et chèvre





Le second est encore plus jouissif. Il se met à table et selon le contexte nous propose des déviations. Comment faire en amoureux, à Paris ou ailleurs, avec la marmaille, avec les copains, sur le pouce, festif, avec des boites de conserves.

J’aime l’idée des croquettes de vache-qui-rit,
les lentilles en boite surcuites au pain d’épices, l’utilisation très prononcée de réglisse (en bâton ou en rouleau, zigoto)…ou cette salade de fruits rouges et de fraises tagada ou encore ces bonbons de dattes...


Attention, il est question parfois de découvertes culinaires et non de pure gastronomie, mais j’aime les deux que voulez-vous. Autant faire de l’amusement que rechercher mes herbes et fleurs comestibles dans les balades, autant ouvrir une boite de conserve (sans la reconnaitre au repas) que de choisir des produits du terroir, marier les époques, les influences et le style fast-food, avec des produits de luxe. Pour vous faire une idée, son site est à lire avec ce petit modérato .

mardi 22 janvier 2008

Des livres en cadeaux...et plus

De retour...
Et me voilà prête à choyer mon (ou ma) Swappé(e) du SWAP Noir c'est noir, Polar, café et chocolat proposé par Fashion et Stéphanie.


en fait, pas que lui/elle...
je cherche, un peu, beaucoup, pas toujours aussi librement que je le souhaite...
le crapouillot a décidé de marcher!
Pour ne pas passer à côté des bonnes choses, je me suis réinscrite au lotobook (seconde saison) de Stéphanie (encore elle)...rappel de mes premières envies ici et cela donne cela chez Tamara (la gagnante),



*source photo: Tamara bien sûr prise par Mr Tamara (encore confuse de ne pas avoir demandé!)

soit plus de 70 livres à prendre en photo!
pour mieux comprendre suivez l'organisatrice et pour vous inscrire, jusqu'au 16 février la marche à suivre est ...

mercredi 16 janvier 2008

Je serais derrière, devant, sur les côtés...

Nous partons quelques jours pour confirmer une très bonne nouvelle...

mes attentions postales attendront notre retour.

Kéfir d'eau pour mes reins, entre autre...

Peu à peu je sortirais les cadeaux reçu de la hotte…
Aujourd’hui, par ce que le résultat est probant, je vous fais part d’un secret (mal gardé : il se propage de ménagère à ménagère comme une bonne recette ou une excellente occasion). N’empêche !

Ma maman m’offre toujours de ces petits riens qui sont au final de vraies magies. J’ai reçu par la poste un colis liquide, dégoulinant mais enchanteur…des grains de Kéfir (ou Képhir) de lait, d’eau et un Kombucha. Au début de ce blog, je vous avais parlé du kéfir de lait comme d’un souvenir d'adolescente …j’avais été tentée depuis par les deux autres bizarreries.

Loin de me laisser aller à un dégoût (volontiers sur les visages voisins), j’ai retiré mes belles petites choses gluantes, je les ai lavées, rincées et mises au réfrigérateur pour un repos réparateur.
Et puis, après une journée de repos : au turbin ! Je me suis fait un thé glacé un peu alcoolisé (1%) avec les grains de Kéfir d’eau (ou dits de fruits).


Mais qu’est-ce donc ? Ce ne sont pas des champignons mais des agrégats de microorganismes probiotiques (qui aident la flore intestinale). Soit des petits grumeaux translucides, très transparents. Le Kéfir d’eau est supposé avoir des effets sur la santé de l’organisme importants : source de longévité des caucasiens, allié inséparable du système immunitaire. Pour ma part, je prends juste son effet assainissant et son goût. Je vous laisse lire ce billet, offert de bouche à oreille, d’une fille qui l’a reçu aussi de sa maman (quelles sorcières !).

Donc ces grains de kéfir d’eau (qui contiennent des ferments lactiques), sous l’effet de la lumière (et surtout pas du soleil direct), avec les levures de fruits ajoutées (dans les fruits frais et les fruits secs) proposent une boisson gazeuse peu alcoolisée qui s’apparente selon la recette à de la limonade, du thé glacé ou du jus de fruits pétillant.

Recette de base transmise par l’offreuse:
1 litre d’eau de source (remplacée ici par un thé à la begamote froid)
5 cuillérée à soupe de grains de Kéfir d’eau
3 cuillérée à soupe de sucre (celui-ci est obligatoire : c’est lui qui permet aux grains de proliférer et de fermenter !)
2 figues sèches (ou autres fruits secs)
½ citron (et/ou autre agrume)

Mettez le tout dans un bocal en verre, mélangez et recouvrez (d’un film alimentaire par exemple). Laissez macérer 24 à 36 heures à température ambiante.


Lorsque les figues sèches remontent à la surface, passez le liquide dans une passoire en plastique (surtout pas de métal). Récupérez les grains de kéfir et jetez le reste après avoir bien pressé l’agrume.
Mettez les grains de kéfir avec de l’eau sucrée dans un bocal fermé au réfrigérateur pour attendre la prochaine utilisation, sur le mois, ou recommencer le turbin (recette ci-dessus ou autre). Séparez les, dès qu’ils sont trop nombreux, en petits bataillons, laissez les proliférer et transmettez les autour de vous (« Tiens un ingrédient pour une potion magique, tu veux ? »)

Si vous ne vous en servez pas pendant des mois, il faut les déshydrater dans du papier absorbant et les stocker au sec (attention, cette démarche est risquée, vous pouvez en perdre en route).

La boisson est fraiche et pétillante et se conserve 24 heures au réfrigérateur…normalement la consommation se doit d’être quotidienne.

mardi 15 janvier 2008

Hallucinogène du réel...thé au trèfle

« Peut-être retournerai-je un jour dans le premier des mondes où je suis entré. En attendant, j’aimerais en dire quelque chose, ne serait-ce que pour ne pas oublier ce que je suis. » Le superbe livre « Thé au trèfle » de Ciaran CARSON commence ainsi.



Merci infiniment Béatrix pour ce livre voyageur, il est extrêmement motivant pour d’autres lectures, relectures, découvertes en culture catholique et en pratiques de peinture. Oui en effet, ce roman long (et pourtant formé de chapitres très courts) va vous déstabiliser un peu. La narration n’est pas rectiligne, les détails foisonnent et se succèdent sans rapport évident avec l’histoire. Les références sont multiples et vous aurez envie d’avoir, pendant la lecture, un livre sur l’hagiographie, les écrits de Conan DOYLE, de Ludwig WITTGENSTEIN, d’Oscar Wilde, de Bertrand RUSSEL ou encore de Keith CHESTERTON. Vous vous intéresserez sûrement à des détails de peinture flamande…ou vous passerez votre chemin très vite. Sinon prisez, fumez, buvez du thé au trèfle...seule la recette de la mère d'Oscar Wilde est la bonne, n'hésitez pas à aller lui demander en mains propres.


Il est question de hasards bizarres qui arrivent à trois enfants: Carson, lui-même, sa cousine Bérénice et Maeterlinck. En buvant un thé, le thé au trèfle, ils sont attirés par un tableau de Jan Van Eick et se retrouvent propulsés dans une histoire de tous les temps. Ce qui m’a le plus envoutée est cet enchevêtrement entre la réalité et l’art. « Ce qui me fait penser à ce conseil de Léonard de Vinci aux peintres : Regardez donc fixement certains murs tachés d’humidité, disait-il. Vous y verrez apparaître des paysages divins, avec des montagnes, des ruines, des rochers, de vastes plaines ; vous y verrez aussi des batailles et des personnages étranges se livrer à des actes violents. » Mais en allant plus loin le choix de prendre en compte chaque détail comme important : « C’est ce qui fait que j’aime que le monde soit lumineux. Vous savez cette façon qu’ont les choses de vous faire signe (…) comme si elles voulaient vous faire partager leur bonheur d’être simplement ce qu’elles sont. »

Le concept de serendipity est des plus fabuleux, l’adulte en reste un enfant à vie…et se remet à lire une autre histoire entre les lignes de celle-ci : « Quelques recherches lui permirent de découvrir qu’il avait été inventé par Horace Walpole, auteur d’un roman gothique intitulé Le Château d’Otrante. Walpole appela serendipity un enchaînement d’événements bizarres et heureux, d’après un conte appelé Les Trois Princes de Serendip, où les princes en question ne cessent, au cours d’un voyage, de découvrir par hasard ou par sagacité des choses qu’ils ne cherchaient pas : par exemple, l’un d’eux découvre qu’un chameau aveugle de l’œil droit l’a récemment précédé sur la route parce que l’herbe n’a été mangée que du côté gauche. »

La lecture de ce livre est un peu confuse par l’accumulation de détails, très intéressants pris seuls, mais la philosophie qui s’en dégage est déroutante : il faudrait considérer notre imaginaire comme une part belle de la réalité…comme une part vraie et non fictive…« En cela vous n’êtes pas sans ressembler aussi aux Français, qui sont nombreux à pouvoir se représenter mentalement toutes les pièces d’une maison imaginaire, comme si les murs et les parquets étaient en verre ; et puis, il y a ceux qui se rappellent des scènes, non d’un point de vue d’où elles ont été observées, mais de manière distanciée, comme s’ils se voyaient acteurs sur une scène de théâtre imaginaire. »
Ou cette anecdote. Marco POLO, à la recherche de licornes, retrouve dans le rhinocéros de Java ce qu’il imaginait de cette créature fabuleuse dans ses romans médiévaux. Les détails différents comptent-ils plus que les points communs ? Et puis que dire de cette inspection sous la table pour vérifier la présence de licorne : « Sans compter qu’il refusait d’admettre qu’un rhinocéros imaginaire pouvait avoir autant de présence qu’une licorne, tout aussi imaginaire. Car l’un comme l’autre peuvent être imaginés et décrits par le langage, qui a le pouvoir de créer des mondes dépassant celui de l’observation empirique. »

Il est difficile de parler de ce livre, pour vous donner envie, n’hésitez pas à aller voir le billet de Béatrix (merci encore) et d’Yvon. Pour un détail artistique, regardez donc Sainte Marguerite et son dragon.

Et puis prenez donc une tasse de thé au trèfle dans cette tasse à thé en porcelaine fine de Belleek décorée de trèfles. En regardant le tableau « Les époux Arnolfini » ou « Double portrait » de Van Eyck il risque de vous arriver des broutilles : un grand voyage dans le temps et la cosmologie catholique. Et si vous voyez une abeille voler autour de vous, ne vous étonnez pas.




« Nous sommes tous impliqués dans l’affaire du thé au trèfle, et du Double portrait, qu’on pourrait décrire comme un moyen de transport. Transport au sens étymologique, du latin translatio, ou transférer, d’un lieu à un autre, ou encore traduire, passer d’une condition à une autre. » Pour ma part je vais continuer à expérimenter mon imagination : « Elle voit l’âme noble du cheval à bascule. Cavalier et coursier ont survolé l’Arabie. Il lui apprend à voler pour qu’elle soit son égal. Quand il mourra, car il doit mourir quand elle sera grande, elle volera de ses propres ailes. »

lundi 14 janvier 2008

Vos hivers imaginaires

Autant le thème des cabanes nous dévoilaient, mais uniquement en filigrane, autant la saison hivernale a convoqué, pour certaines, énormément d’émotions. Voici la mise en bouche de toutes les participations, pour que …encore …nous soyons ensemble autour de nos hivers.
Rappelez-vous, tout le monde peut être Passeurs d'imaginaires, il suffit de croire que nos ressentis, nos visions réelles ou fictives, sont un fil d’Ariane pour comprendre le labyrinthe que nous sommes. Il est nécessaire aussi de vouloir partager…le reste, le lien, se fait tout seul.


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Un hiver source de contemplation

Sous nos latitudes, l’hiver est la saison d’hibernation. Une saison rude pour la nature et les hommes. N-Talo, grande magicienne des sous-bois, nous propose de prendre place à côté d’elle à la fenêtre et de regarder dehors sa saison préférée et les oiseaux, petites ombres passantes aux couleurs préservées.


*source Jaseur

La Fille du Consul nous dévoile des détails de la flore, un brin de gui pour apprivoiser à son cou l’hiver. Un voyage encore plus dans la nature nous amène à mettre un pas dans le restaurant des becs affamés grâce à N-talo.


*source mangeoires

Les paysages semblent plus vierges de l’homme et c’est comme si la nature reprenait ses droits : du givre présenté par Galet&galette et d’autres visions bien spécifiques sur le site de L’œil ouvert.

L’imaginaire des éléments naturels est en éveil. La neige forme aussi une architecture aux formes changeantes. Je m’imaginais suivre des empreintes de la faune dans la neige en ayant une idée plus précise des animaux recherchés par rapport à Florizelle. Moins enchanteur, quoique, l’hiver et la neige permettent des sorties différentes, à pied en se tenant comme je suivais Dominique A mais aussi Envol de papillons nous amenait en traineaux et Florizelle en tous types de transports .
Plus que toutes autres, il s’agit d’une saison où nous devons nous préparer : mettre des manchons, pourquoi pas ceux de Florizelle. Où la lumière prend une place de choix, voire même sublime la période comme nous montre les flammes gelées de Florizelle (encore elle), la neige est alors une cristallisation de la nature.


*source hiver : Mailhot

Rose, toujours prête à nous apporter sur un plateau de la culture, propose les visions artistiques avant de nous convier à se réchauffer avec du vin chaud. Oui Arcimboldo !
Moi j’ai envie de vous proposer celle-là d’image, dépaysante…


*source Kuniyoshi Utagawa


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Un hiver comme une allégorie des fêtes de fin

Noel trône dans cette saison, avec son sapin, anglais, présenté par Florizelle, naturel proposé par N-Talo, ou différent comme nous le montrait Galet&galette et comme je me suis prise à le considérer, un mobile enchanteur.

Mais il s’agit aussi d’une saison d’ambiances : Envol de papillons nous invite à suivre des visions singulières, les couleurs changent et se parent pour l’occasion : un noël rose pour les fées, blanc comme le givre et ses dentelles sur les naseaux et les feuillages, bleu comme l’ombre du ciel sur la neige ou noir et blanc résolument moderne.

Béatrix nous envie cette saison enneigée, inconnue en Afrique et nous convie à un Noel africain, une crèche dépouillée et des sensations nouvelles.


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Un hiver comme un appel à plus de chaleur

L’hiver est une saison rêvée, peut-être pas désirée, pour certains, il est synonyme de nature préservée, pour d’autres il manque le soleil, la chaleur. Ce n’est pas un hasard que des séances de luminothérapie soient envisagées par certains. La luminosité est réduite et poussent les personnes à se recentrer sur eux, dans leurs maisonnées. Il est temps de se ressourcer. Caroline nous convie à se reposer chez elle près d'une flambée après nous avoir confié ses souvenirs et angoisses. Lily propose le thé fumant venant de sa théière de sorcière comme une source de réconfort. Virginie, dévoilant des moments intimes, de petits détails, propose une soupe, des veillées et de la chaleur humaine. Le pays de l'hiver proposé par Sa Marraine la fée est une histoire de famille, une recherche de chaleur humaine, un vrai héritage, une émotion pure.

Quand certains se pelotonnent, d’autres regardent par la fenêtre et rêvent encore de jardins. Les jardins d’hiver verts de Florizelle trouvent leur pendant gourmand dans mes rêves et mes bouchées gourmandes et Florizelle sublime le tout par des douceurs givrées roses.

L’hiver est aussi pour moi la saison des petits-riens de bonheur dans le métro parisien : une clémentine bien détachée par compartiments, l’odeur fait naitre un sourire sur toutes les bouches inconnues. Ou un poêle dans une pièce…encore mieux dans un atelier.


*source image Eugène DELACROIX

Pour d’autres, c’est la saison des poètes…
« L'HIVER
Et l'hiver nous aurions encore fait de la poésie. C'est un bon temps pour le poète et pour les amants. Il fait froid au dehors, la bise souffle, la neige tombe, le fleuve est arrêté, l'arbre est tout blanc de frimas, la basse-cour est muette ; alors vous vous enfermez avec soin pour faire de l'égoïsme à deux. Que de conditions pour être bien alors ! Vous avez une chambre toute close, des tableaux, des gravures, une large glace pour refléter ton image, Charlotte ; un bon feu de chêne, et à vos pieds un tapis qui représente des fleurs, et autour de l'appartement d'épais coussins, et pour moi un large fauteuil, et à ma droite des parfums, et sur la cheminée des vases antiques, et tout à côté un piano entr'ouvert, et au-dessus du piano des rayons chargés de livres, et des rideaux de soie aux fenêtres, et tout cela éclairé par une lampe d'albâtre ; et au-dessus de toi le buste de notre Shakespeare, le vieux William, qui domine tout ce petit univers ; et alors tu me dis, Charlotte : «Lis-moi quelque chose d'un grand poète de ton pays. - Je vais te lire les vers de Lamartine, Charlotte.» »
(extrait de « Le voyage imaginaire » de Jules Janin)


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Un hiver source d’or blanc

Pour certains il s’agit de la saison synonyme de ruée vers les montagnes pour les sports de glisse. Florizelle nous rappelle ces jeux d'hiver effectivement plus comme une poursuite d’espions que comme une activité fun.

Pour d’autres, un retour à la nature en esthètes :
« Ces [raquetteurs], marcheurs, de neige empruntent des pistes discrètes et silencieuses, recherchent la neige vierge loin du fracas des descendeurs...en se disant bonjour au cours de leurs rares rencontres complices. « Le calme, le bruit des pas et le temps de voir des traces d’animaux. » La randonnée hivernale confirme l’expérience de la balade estivale en intégrant la neige comme évènement saisonnier important. La métamorphose du paysage hivernal situe la neige comme l’architecte de ses formes changeantes. L’attention est portée sur le déplacement sur une peau paysagère où il ne s’agit pas de la tanner en glissant mais plutôt de la caresser dans la lenteur du geste. La rencontre avec la glace mystérieuse du lac et l’incursion dans la forêt labyrinthique aux branches chargées qu’il faut contourner sont des exploits vertigineux rendus possibles par un sens retrouvé de l’orientation nomade... On entre dans ces lieux magiques « Quand on entend plus les bruits » la neige devient une résonance acoustique intime, la limite sonore franchie ouvre les sons particuliers du silence nivéal, un territoire de l’écoute de soi, apparaît comme l’horizon d’un Grand Nord pour tous, ce vide si rempli d’images anciennes que l’on ne retrouve qu’ici. » Philippe Vadrot



*source photo


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Un hiver comme une fascination enfantine

La neige est en effet une matière qui enchante les enfants : du blanc (pas si sûr !), doux et froid, fragile et assez compacte pour envoyer des boules de neige (se chamailler avec la permission des adultes), glacée et fondante en bouche.
Les personnages de l’hiver nous ramènent aussi en enfance. Le bonhomme de neige en première place. Lily et Maijo reprenaient le poème de Jacques Prévert : personnage, ami des enfants, pour Lily; symbole de la saison pour Maijo.

Des contes, pour enfants et grands enfants, reprennent nos premières joies, nos premiers émois : La Rene des neiges pour Florizelle, illustrée grâce à Béatrix (c’est une de ses princesses préférées, mais chut, ne le dites à personne !). Envol de papillon rappelle au dessus de nos toits l’Ange de la nuit de Noel. Moi je ne peux concevoir cette saison sans lutins…ceux scandinaves…
De Maileg…


En passant par les enfants de Carl Larsson…


Avec une pensée pour ce gros là…pendant un peu mièvre du lutin exubérant d’Halloween chez Tim Burton…

(ici un étranger, le mien s’est caché tout l’hiver…je le rappellerais l’hiver prochain !)
Enfin quand il est sculpté par Bearlangifts, je ne dis pas non, non plus.


*source photo

Maijo nous confie sa fascination pour les flocons de neige et ce dépaysement qui fut le sien, à travers une saison, un vrai héritage. Une carte postale me suit depuis ma tendre enfance et reprend cette fascination, cet amour de l'éphémère.


Merci de tous ces partages : Béatrix, Caroline, Lily, Sa Marraine la fée et son double, Maijo, Rose, N-Talo et … Envol de papillons, Galet&Galette et Florizelle inconsciemment.

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lire La neige dans tous ses états de Philippe Vadrot ici.

vendredi 11 janvier 2008

Hagiographie et sang du dragon

En attendant la mise en bouche sur vos Hivers (qui a pris du temps faute d’un connexion internet satisfaisante), voici une histoire de dragon et de Sainte.

« En peinture, [l’] emblème [de Sainte Marguerite] est un dragon, parfois assez grand pour avaler un être humain,

*source image

*source enluminure (n'hésitez pas à aller sur ce lien pour en savoir plus sur les colorants des enluminures)

*source photo
mais en Bohême, un maître anonyme du XIVe siècle l’a peinte avec un petit dragon perché sur le poignet, tel un faucon. Souvent, le dragon arrive à hauteur du genou de Marguerite, comme un chien domestique ;


*source photo

c’est ainsi que Jan Van Eick a peint la sainte et son escorte, à l’intérieur d’un fleuron sculpté sur le fauteuil, près du lit, dans le tableau connus sous le nom des Epoux Arnolfini ou Arnolfini et sa femme. »
Extrait tiré du livre « Thé au trèfle » de Ciaran Carson dont je parlerais dans un prochain billet plus consciencieusement et qui est une véritable armoire à épices/couleurs. Dans chaque compartiment, tout petit chapitre, l’auteur vous laisse aller à la perception d’une couleur, vous abreuve de culture catholique, hagiographique ou d’histoire de l’art.
Chapitre 2 : Sang-de-dragon

Pour savoir ce qui relie Sainte Marguerite et le dragon, lire ici. Qu'est-ce que j'aimerais la voir sur cette peinture....

Si Marguerite signifie « perle », que nous pouvons appliquer pour arrêter les épanchements de sang et les passions du cœur, le sang du dragon n’en ai pas moins saupoudré sur les plaies en Chine.


*source photo

Cette gomme rouge vient d’une résine colorante (sève d’un palmier, le Daemonorops draco).


Comme pour le caoutchouc, il suffit de blesser l’écorce pour le récupérer. Il sert, dilué à de l’alcool, comme pigment, teinture et encre.

*source photo