Le passage dans un atelier de nuit et me voilà repartie dans des souvenirs de palettes de couleurs, d’eau diluée dans des pots de yaourt en verre, de beaux pinceaux à poils sombres, de papiers épais et doux.
Il s’agit là de l’atelier de peinture (ou d’activités manuelles) de ma tante,
Marie-Laure S. Espace privilégié avec son propre aménagement (ou désordre), la
"cabane" de ma tante est une pièce qu’elle a conquise bec et ongles. J’ai toujours aimé cette pagaille organisée de produits, de tubes de couleurs, de sources d’inspirations.
Un enchevêtrement de matière à dessiner, tout est sous la main, le regard s’arrête toujours sur un objet utile.
C’est la seule, dans cette famille de peintres, amateurs et professionnels, à s’être installée dans la technique de l’aquarelle. Elle vivait entre la Belgique et le Luxembourg et cette technique, mêlant l’eau, diluant les couleurs chaudes, est fondamentalement ancrée en moi comme propice à décrire les paysages de ces régions : des couleurs délavées, des rayons de soleil transperçant le panorama, des ciels bleus/blancs, gris/roses, mais jamais de ce bleu « chaud » des régions très ensoleillées.
Quand je passais chez elle, j’étais ivre de sa technique, de ses astuces et de ses « outils ».
Son
papier, tout d’abord. Ce n’était pas les toiles de ma maman, ni ses brouillons de croquis, c’étaient des papiers épais, à la fibre apparente, assez spongieux pour récolter l’eau, pour aider les lavis et la peinture « au frais ».
Des bocaux d’eau ensuite. Son eau propre au départ, prenant la teinte de sa peinture. J’aimais énormément suivre la diffusion de ce pigment dans l’eau clair et trouble ensuite. Il lui arrivait de changer l’eau (ou d’avoir deux pots d’eau, je ne sais plus) entre les couleurs pastels et les sombres. J’étais alors loin de la technique maternelle : chaud et froid.
Ses petits paquets d’aquarelles aussi : de petits cadeaux de couleurs ! J’ai toujours été plus émerveillée par ces tout petits carrés denses, durs, de couleurs…des coquillages à ne pas lécher (souvenir d’une confiserie d’enfant !). La couleur n’était pas celle du résultat rien qu’en enlevant le papier. Un tube propose sa couleur brut, à mélanger oui, mais quelque chose de visuel très rapidement. Le petit paquet, lui, devait être caressé par le pinceau pour laisser filer sa couleur.
Les palettes ensuite, bien différentes de celles utilisées en huile, proposaient des nuances douces.
Et sa technique alors. Et bien simplement et magiquement celle de l’aquarelle : des coups de pinceaux visibles, des blancs non vide, des effets garantis de lumière, des surprises dues à l’eau, des petits grains de sel laissés ici et là, de la mie de pain, et une pâte pour délimiter ce qui ne devait pas être pris par la couleur, une sorte de dentelle de diffusion de la couleur et de l’eau…
Après elle s’est tournée vers d’autres techniques et d’autres loisirs créatifs. L’huile et l’acrylique ont trouvé leur place.
Les tissus de patchwork, de peluche aussi : des dessus de lit, des ours en peluche,
des tableaux de découpe, collage…et des carnets de voyage.
Je n’ai pas beaucoup de ses peintures en photo, livre ou tableaux à la maison, je ne vous propose alors que quelques pages de son carnet de plage, fait dans la ville de nos vacances dernières.
Elle a eu aussi sa période animalière : les chevaux, les chats ou gros félins (avec ou sans crêpe bretonnes à lécher !)…
Au fait, vous avez compris mon bonheur : j’ai des tableaux authentiques chez moi, quelques miens, quelques uns de ma maman, d’autres de cette tante…d’autres de peintres plus ou moins connus…il me manque quelques uns de mon père (qui peignait aussi avant de partir), de mon grand-père maternel et un de ma grand-mère maternel (sa statue africaine !). Et j’ai quelques portraits de moi (je compte un jour sur le plaisir d'être le modèle d'
Anh…)…des prochains billets en perspective…sans compter l'atelier de ma
maman...