samedi 3 mai 2014

L'anglais oral - de la prononciation, Silent Way

Avec ce séjour à Londres, un constat s'impose. Je ne sais toujours pas parler anglais, je ne l'ai jamais su. Bon oui, j'ai fait de l'anglais scolaire, en seconde langue, devenant la première en seconde (allez comprendre) mais je n'ai jamais été bonne, je ne me suis jamais exprimée et je ne comprenais jamais rien à l'oral. Constat affligeant.
Un des luxes de la femme à la maison que je suis, en pleine recherche sur l'éducation, la pédagogie ou ... (enfin bon, vous voyez) est que je peux fantasmer reprendre l'apprentissage d'une langue étrangère en accompagnant le lutin. Mouais, sur le papier c'est bien mais sans professeur, avec mon niveau zéro et mes priorités axées sur un apprentissage alternatif, il me faut aller de l'avant, rechercher, tester... et puis un jour allez me coltiner au réel de l'oral avec un groupe (et un enseignant) ou dans le pays. A suivre.


Je n'ai pas beaucoup appliqué mon karaoke solo avec une bande son... quelques semaines à raison d'un album par jour sur 3 à 5 jours et puis j'ai eu une extinction de voix et un mal au dos. Et j'ai rangé au placard ma belle résolution. J'avais mis aussi la barre trop haut, je tente de m'y mettre seulement une fois par semaine et de caler cela avec une autre méthode. Bah oui tant qu'à faire. J'avais un temps voulu me formée à la pierre de Rosette mais le prix est effrayant. Et puis, à travers des recherche sur le français, la lecture simplifiée (en couleurs), je découvre une voie qui me plait beaucoup: le Silent Way proposé par le mathématicien Caleb GATTEGNO.



C'est presque le contraire de la Rosetta au début: Rosetta Stone présente des images et nous demande de prononcer le mot correspondant. Il s'agit d'une forme d'immersion comme le serait un enfant dans son foyer lors de ses premières années. Silent Way part de la prononciation de sons mais en aucun cas de la compréhension. Pas de mot, pas de sens, pas de discours (enfin au début je vous rassure).
Le point positif des deux était cette priorité mise à l'oral de l'apprentissage. Au début, dès le début, tout le temps.

*source cuisenaires

Silent Way est une méthode impressionnante. L'enseignant ne parle pas anglais. Presque jamais pendant toute la durée de son cours et ce jusqu'à la maîtrise de la langue par ses étudiants. Il utilise le plus souvent des mimiques, des outils (tableau des couleurs/charte de sons, tableau de mots Fidel, réglettes cuisenaires pour intégrer la phrase et la grammaire).
Tout est mis en place pour que l'étudiant parle, sans être impressionné et même sans se rendre compte qu'il vient de parler anglais. Je vous laisse lire sur ce site une explication bien plus compète et argumentée et vous en reparlerais quand j'aurais fini de lire le livre "L'anglais avec l'approche Silent Way" de Roslyn YOUNG. En tous cas, le début m'impressionne, me parle et j'aime l'idée que les étudiants, ou les enfants apprenant, sont acteurs réels. Voici d'ailleurs le résultat d'une étude menée sur des enseignantes en primaire, avec une méthode traditionnelle et la méthode Silent Way.


Je suis pour l'instant dans une étape charnière, la première, celle de l'inconnu (parce que oui, je trouve encore que je suis perdue dans un monde anglophone): la prononciation. C'est d'ailleurs quelque chose que je n'ai jamais réussi à faire... Ici des heures et des heures sont consacrées à cela sans jamais donner de modèle si ce n'est des mimiques, des gestes comme des images de maison Borel-Maisonny (exagération de la mâchoire, de l'énergie à apporter, etc...) et le sons effectué par les autres élèves.
"Pendant le travail décrit ci-après, un travail qui dure entre deux et quatre, voire cinq heures, mon but est de développer une prononciation excellente et une facilité d'expression chez mes élèves. Le sens n'est introduit à aucun moment. Il s'agit de faire vivre par l'élève les mouvements de l'appareil phonatoire typiques de la langue, nécessaires pour prononcer facilement les "sons-voyelles" inhabituelles, les diphtongues, les "th", "-ing" et autres "r" ou "h" que les élèves francophones trouvent si difficiles dans la langue anglaise. Ce temps passé sur la prononciation me donne l'occasion d'introduire l'accentuation dans les mots et les phrases; leur rythme usuel, engendré par les accents toniques; les intonations et mélodies typiques de l'anglais. Les élèves sont invités à porter toute leur attention sur la qualité de la réalisation des sons, le rythme et l'intonation. Pendant ce travail, je ne leur demande aucun effort de mémoire. Aucune difficulté orthographique, aucune ambiguïté de sens ne viendra les dérouter. La qualité de la prononciation s'en trouvera grandement améliorée."

"Ce travail des premières heures peut être considéré comme ayant la même fonction que le babillage, que nous avons tous fait dans notre berceau quand nous avons mis en place les circuits de feed-back nécessaires pour apprendre à parler notre première langue étrangère, la langue maternelle."

Me voilà donc babillante, m'offrant à la gymnastique buccale. "Il existe pour chaque langue une position spécifique adoptée par les natifs pendant la production de la langue parlée. Cette position s'appelle la "postura". C'est la forme naturelle que prennent la bouche, les joues, la gorge, et surtout la langue, lorsqu'on parle sa langue." Langue posée derrière les dents inférieurs chez les francophones, pointe de la langue derrière les dents supérieures pour les anglophones.

J'ai des difficultés à suivre les exemples et les propositions du livre car les symboles phonétiques me sont inconnus, j'ai donc opté pour un suivi de vrai cours. Malheureusement les mimiques du professeur, Donald E.CHERRY, ne sont pas toujours dans le cadre, mais la fatigue de la bouche arrive, les fous rires aussi... bah oui suivre des japonais c'est extrêmement attractif et décomplexant.
Voici donc les premières leçons de prononciation, les 14 leçons associées au sound color chart.
















5 commentaires:

isa a dit…

Merci, ce sujet me passionne !

VanessaV a dit…

Isa: bienvenue entre mes billets! Avec plaisir! Pour ma part, ce fut un mal à la mâchoire et encore je n'ai pas fait plus d'une heure, à refaire, à continuer, avec persévérance...

Anne a dit…

Moi aussi je trouve ça fort intéressant ... mais aussi très très bizarre (très très).
En fait, je ne comprends pas très bien (faudrait que je me replonge dans les liens que tu as donné).
J'ai du mal à comprendre comment apprendre une langue sans l'entendre parlée autour de soi.
J'ai sans doute une vision très "simpliste" de la chose (celle qui fait la fortune des vendeurs de séjours en immersion). Moi qui suis bilingue FR-EN et parle/comprends un certain nombre d'autres langues, j'ai toujours eu l'impression d'avoir appris en écoutant les autres. D'ailleurs, très étrangement (et totalement indépendemment de ma volonté), je n'ai pas d'accent français mais un vague accent néerlandais, qui s'adapte à l'endroit où je suis/qui je parle.
Je ne connait rien au sujet, que ma propre expérience, alors je suis curieuse de voir ce que ça va donner pour toi (et je suis prête à être convaincue).
En attendant, dans les mois qui vont suivre, ma priorité va être de me mettre au chinois si je ne veux pas vivre cloîtrée dans ma nouvelle maison.
Bon courage et tiens-nous au courant !

VanessaV a dit…

Anne: Oui un peu bizarre. Mais c'est assez logique en fait car cette méthode part du principe de babillage. Cette première étape n'est là que pour ne pas lire les lettres et y induire un son en fonction de notre première langue mais de créer le son seul, plus précis donc.
La seconde partie est aussi sans parole du professeur! ;)) Elle correspond à la mise en place d'un langage de besoin. Il n'y a pas apparemment de vocabulaire précis en terme de "me présenter", "la maison" etc... C'est une interaction obligatoire et qui, parait-il, déconstruit la grammaire de la langue maternelle. Les règles cuisenaires offriraient des automatismes. Et là les étudiants se parlent mais n'imitent pas le professeur ou ne font pas que répondre à des questions.
Et enfin à la troisième étape, le dialogue apparait avec le professeur. Hi, hi...

Ce n'est pas encore très clair mais je me suis arrêtée au cours de ma lecture pour me concentrée sur le début. C'est intéressant pour moi car je n'ai jamais réussi à avoir le réflexe de parler en anglais sans passer par le français au préalable. Et bien-sûr, je suis toujours convaincue que l'immersion est fabuleuse.

A suivre donc!

Anne a dit…

Je te rejoins tout à fait sur le babillage et puis aussi sur cette horrible manie que nous avons, nous les Français (et d'autres ??? mais pour l'instant, je n'ai observé ça que chez des Français), de ne rien pouvoir prononcer sans avoir auparavant vu le mot écris... ce qui du coup, fausse la prononciation. Alors que beaucoup de gens pratiquement illetrés que je connais apprennent des mots dans d'autres langues rien qu'en les entendant et en essayant de les prononcer "à l'oreille". Je crois que notre culture académique nous a forgé dans le moule que les langues devaient être écrites avant (ou au lieu) d'être parlées. Je connais d'ailleurs une école d'anglais pour les enfants qui interdit de montrer le mot écrit à l'enfant, pour ne pas "polluer" la prononciation du mot anglais avec celle de la langue maternelle et ça me semble tomber sous le coup du bon sens (je pense essayer de me forcer, pour le mandarin, à travailler auditivement, au maximum).
Je comprends aussi le besoin de ne pas "repasser par le français", ce qui est, encore une fois, un très gros écueil que je rencontre chez les Français ici. Autant je ne considère pas l'accent comme un problème, autant lorsqu'un Français parle ou écrit l'anglais, très (trop) souvent, on "sent" la construction française de son anglais (tout en étant grammatiquement correct). Je pense notamment à des exemples comme les brochures bilingues d'organismes tels que l'Alliance Française (qui offre des cours de français). À la lecture, ça passe, mais on sent que la personne qui l'a écrite est francophone, parce que l'anglais est tourné comme du français.
Mais une question me vient à l'esprit: comment les élèves peuvent converser s'ils n'ont pas d'abord entendu les mots dont ils ont besoin ?
Et aussi: les règles cuisenaires ... je ne comprends toujours pas le but/principe (mais j'avoue, je n'ai pas regardé les vidéos que tu as posté).
Merci de cet échange très intéressant !