mardi 20 mai 2014

Et toi, où étais-tu quand...?

A la récréation du midi, un copain d'école du lutin s'est fait tabassé par plusieurs élèves de sa classe. C'était la semaine dernière. Des coups au ventre, à la tête, aux testicules. Il retourne en classe et vomit, deux fois, entre des sanglots. Et puis rien... rien de plus pour certains.

*source des trois singes sages

Et toi, où étais-tu? Question posée à l'adulte référent, à l'adulte manquant, aux petits yeux qui regardaient... à mon fils. Les parents sont prévenus le soir par la grande soeur, intervenue pour séparer. La soeur oui, bien présente.

L'agressé a passé sa soirée à l'hôpital pour tous les examens, le corps médical constate même que c'était proche du pire. Les parents n'ont presque pas dormi du week-end. L'enfant, lui, est arrêté 8 jours. Et puis rien...

Et cette mère qui monte au créneau, demande à voir les parents. Et puis rien. Elle a le courage d'aller plus loin. Et le père d'un des agresseurs veut lui parler. Ouf, l'humanité reprend son cour... mais non.
L'altercation en elle-même m'a choquée. Perturbée par ce père à aucun moment compatissant ou simplement compréhensif de la peine (et le terme est doux) de l'agressé ou de ses parents. il toisait en intimidant cette mère et la culpabilisait au point que l'agressé devenait coupable. Je suis témoin.

Et moi, où étais-je? Je découvre les faits tard. Je suis témoin de cette confrontation agressive menée par le père et puis rien... oh oui juste une trace mais sans vraiment en faire plus. Le lutin vient juste d'apprendre les faits, ni agresseur, ni même témoin alors... Et pourtant j'avais tellement à dire, je me défile encore une fois... je ne mets les mots qu'ici, manque de corrones, manque de cran, peur pour mon chenapan, influence des proches bien attentionnés. Bah...

...
Il est nécessaire que l'acte ne soit pas banalisé. Une bagarre est de la menue monnaie dans une cour de récréation d'école, surtout entre garçons. Et encore?! Est-ce vraiment une violence quotidienne à laisser filer, même celle-ci présente dans les jeux? Mais le fait d'entourer un enfant à terre et de se mettre à plusieurs pour le battre est différent. C'est une situation a arrêter d'urgence, source d'une réelle remise en cause des enfants.
Des agresseurs, pour comprendre la portée de leur acte: un acte réprimable aux conséquences bien plus importantes qu'une simple bataille entre copains ou même ennemis. Une obligation de sortir ses enfants agresseurs de ce circuit malsain et dangereux, pour autrui, ET AUSSI POUR EUX, de la violence exercée.
A aucun moment, la notion de racisme n'a à voir avec la responsabilité d'un enfant. Il serait regrettable que, sous souci de politiquement correct, l'implication d'un enfant qu'il soit français ou non, d'origine étrangère ou non, de religion qu'elle qu'elle soit, soit écartée.
L'acte de battre un enfant n'a à aucun moment l'excuse qu'il aurait pu le chercher. La victime est victime!
Remise en question de l'agressé. Il n'a pas le choix: il a été battu, insulté, dénigré, dévalorisé. Il doit être accompagné, revalorisé. Un chef de file a vu en lui une faille et a appuyé dessus. L'enfant était harcelé depuis déjà quelques temps. - Oh mais ce n'est qu'une brimade. Moi pourtant sensible au harcèlement pour avoir écouté les symptômes de M, je n'ai pas pris au grand sérieux cette mère. C'est ça le problème du harcèlement: les signes sont ambigus, quelques fois; c'est un amoncellement de petites choses; c'est aussi souterrain.
L'agressé va devoir devenir plus fort, plus sûr de lui, sûr de son potentiel, de son intelligence, de sa capacité à être unique, soit exceptionnel.
Il est nécessaire de réapprendre à communiquer, à être ensemble avec cet altruisme loin de toute mièvrerie ou égoïsme caché mais fait de partage et de collaboration. Et là, je parle aussi pour moi, si facilement ordurière avec une personne me manquant de respect mais que je ne connais même pas... - Quand on est con(ne), on est con(ne)! ("Le temps ne fait rien à l'affaire" de Brassens)

Alors que faire? Où suis-je maintenant?
Nous reprenons avec le crapouillot la notion de respect, de violence. Nous reprenons l'urgence d'avertir, de séparer. Peu à peu, pas à pas, encore.
Je tenterais par tous les moyens de soutenir les fondements fragiles et encore peu battis de sa confiance en lui. Je tenterais de ne pas la saper si automatiquement sans le vouloir mais pourtant si souvent.
Et je reprendrais des références:


*source "Max et Lili, ma Carte d'Identité Scolaire, Halte à la violence, Réagis!"

et des conseils...


*source (et clic sur l'image pour la voir en grand)

et puis être attentive, demain, pour lui, pour l'autre...

2 commentaires:

Anne a dit…

Merci. Ce message va être pour moi un petit rappel de toujours rester vigileante et de ne jamais rien laisser passer.
Jamais. Rien.
Dans les moments de doute (notamment de réflexion sur la non-violence éducative), je me raccroche à ma bouée de sauvetage: "rien ne justifie la violence". Et comme ça je sais où je vais.
Et bon courage pour la suite.

All Sylphs a dit…

La prise de conscience est une sagesse qu'ils reconnaissent assez tôt dès qu'ils se font des copains. En se socialisant, ils ressentent moins être le centre du monde mais faire parti d'un monde.
D'une certaine manière, il faut 'ventiler' leur comportement pour les accompagner sans virer au psychodrame.
Très bon article.