samedi 18 juin 2011

La créativité par l'écriture d'un livre illustré

Nous avons commencé avec le lutin vers ses 4 ans 1/2 à écrire des livres. Oui oui, c'est un bien grand projet, nous sommes encore dans les premières étapes.

Le premier a été fait de découpages et réunissait des titres d'images (une sorte de légende détaillée). Les suivants (et nous en sommes là) ont regroupé des dessins faits la même période, aléatoirement choisis (enfin les plus complets, ceux qui lui ont demandé le plus de concentration: par exemple sa girafe en haut du billet et son zèbre) et placés par le loupiot page par page.

Le texte, que je retranscris mot à mot, est fastidieux: il me donne le héros de l'illustration, avec ces détails morphologiques. Quant à l'action, je le questionne et la réponse est quasi toujours identique: retrouver les copains et la bagarre (avec une faute d'orthographe dans la "tension de l'attention"). Ces propositions me semblent d'ailleurs plus des solutions de facilité pour lui, comme si créer une histoire lui semblait extrêmement difficile. Quant à faire un lien d'une page à l'autre, "c'est une autre histoire"!

Alors petit à petit, il choisira seul ses dessins illustrations et trouvera d'autres mots pour d'autres aventures.
J'aime beaucoup aussi ces petits livres en classe pour les activités extraordinaires, comme une rencontre avec un écrivain/illustrateur. Nous allons, aussi, dans ce sens.

Mais c'est en les rangeant que je bougonne toute seule sur les évaluations scolaires. Quel rapport? Plusieurs!
D'une part, cette volonté de connaitre les supports écrits. Alors oui, deux mea culpa: je n'indique pas au petit d'homme que nous ouvrons un documentaire, que là nous suivons un livre de recette etc; et, honte à moi, surtout au vu de ma fascination pour certains et pour leur(s) métier(s), je ne mentionnais pas les auteurs et illustrateurs de ses livres du soir. Alors qu'il y est quotidiennement "confronté" (et plusieurs fois par jour, si si en voyant l'intérieur de la maison, les tables, le sol et mes occupations, dont vous n'avez qu'un tout petit aperçu sur mes blogs, vous en seriez persuadé). Nous ouvrons les livres, tous, les siens comme les miens, les avec images, les sans, les documentaires, les dictionnaires, les livres d'art, de cinéma, les livres de cuisine, les livres d’expériences. Nous parlons de certains auteurs/illustrateurs. De leur manière de créer, d'envisager telle aventure. Il reconnait certains styles graphiques. Il réclame des histoires inventées et en raconte lui-même le soir au coucher. Et avant que je concrétise le fantasme de lui écrire un livre illustré (même si il y en a déjà un dans les tiroirs: un Nathan en cuisine), il créée ses propres livres illustrés.

D'autre part, l'évaluation des représentations graphiques. Pourquoi faut-il que le sujet soit réaliste? Et puis pourquoi faut-il prendre en compte les éléments morphologiques? Ne pas se dessiner proportionné ne veut pas dire ne pas savoir comment il est fait. Oui des fois il ne se met pas de ventre, d'autre fois si... et surtout parce que nous parlons à ce moment là de digestion par exemple. Certaines fois les mains sont plus présentes pour des raisons de logique de récit. Et puis l'oiseau, le voilà. Il sait qu'il a un bec, pas de dent (enfin pour la plupart), des ailes et qu'il mange des graines, des fruits et des vers de terre.
Mais c'est vrai que nous le poussons à la créativité. Et je craque pour ceux-là, tellement que l'un a reçu mon écriture au marqueur "marquant". Alors oui ils ont la tête minuscule en bas à droite, la bouche ouverte sur des dents menaçantes, de toutes petites ailes ridicules et un ventre carré. Mais leur régime alimentaire et l'originalité de ces "omnivores" me parlent énormément: 1 tortue qui a une fleur dans sa bouche pour sa maman, 1 hyène, 1 scorpion, 1 poussin, 1 grenouille, 1 coccinelle, 1 fantôme rhinocéros et 1 soleil (pour celui dont j'ai eu la présence d'esprit de le questionner sur le vif!).

Et un petit plus, il ne connait pas les contes classiques: oui pas de chaperon rouge, pas de 3 petits cochons etc. Je tente toujours de lui choisir la version la moins simplifiée, la plus authentique... et donc même si nous commençons Pinoccio dans le texte, j'ai plus des histoires de détournements de contes: un lapin rouge et un chaperon qui prennent leur vengeance, un crapaud mystérieux qui n'a pas peur du loup et beaucoup, beaucoup de loups gentils. Et il a une connaissance de la production contemporaine (pour se faire une idée, presque tous les livres classés en "jeunesse" dans mon autre blog et ici dans "premiers livres" sont passés par ses yeux et oreilles!). Alors oui, j'ai laissé le soin à l'école de lui faire découvrir les classiques, parce qu'ils seront toujours présentés. Et deviendront peut-être redondants, euh là je pense à mon enfance, je cherche même adulte, et pour moi seule, à lire les contes dans leur version originale, les Lewis CARROLL, DE SEGUR déjà, mais je voudrais vérifier les aspects plus trash de certains contes: abandon, viol etc...

Alors oui, il ne sait pas répondre aux questions de l'institution. Pas de souci. Ce ne sont que des questionnements à l'instant t avec des conventions de présentation et de programme. J'espère juste que la suite de sa scolarité donnera aussi de la valeur à ces autres aspects, un peu plus ambigus, plus cachés mais qui servent son imaginaire, sa connaissance de l'écrit et ses envies de lectures du soir.

2 commentaires:

Lily a dit…

Ah qu'ils sont beaux ses dessins ! Ils sont plein de détails, ils sont colorés, ils occupent bien l'espace de la page, ils fourmillent de trouvailles, un vrai bonheur !
ça m'a fait sourire les détails que tu donnes sur la façon dont on aborde la lecture parfois à l'école (comme s'il fallait bien "catégoriser" les livres et ce dès le plus âge pour y prendre goût...). Eh oui.... soupirs.
Très belle idée aussi que de lui faire illustrer ses propres histoires (même si elles tiennent en une ou deux phrases, c'est pas évident du tout pour un si petit bonhomme de mettre au clair des idées et de les rendre "lisibles" aux autres. Bravo ;);)
Transmets toute mon affection au petit artiste et qu'il continue à prendre goût aux livres tel qu'il le fait, c'est si rare !

Anne a dit…

L'illustration et l'écriture de ses récits me rappelle le "News Day" de l'école de ma grande: tous les lundis, les enfants racontent et dessinent leur week end et la maîtresse l'écrit. Nous recevons le "Journal" à la fin du trimestre: c'est toujours un énorme plaisir pour les parents !
Ton idée d'écrire un/des livres avec ton minot est géniale ... ça doit être aussi un beau moment partagé, non ?
Je vais y penser, tiens ...