Il avait un petit papier dessus. Un petit mot laissé là par l’un des libraires. « Une révélation ! » En proie aux doutes existentiels, à un manque de confiance en moi chronique et à un état fébrile, j’ai eu envie de me laisser guider et je suis partie avec « Mon frère nocturne » de Joanna HELLGREN, petit roman en bédé.
Jakob va avoir 10 ans dans un mois. Toutes les nuits, il rêve de son frère. Il ne sait pas s’il s’agit en fait de lui-même ou de cet autre, mort à 10 ans, avec le même prénom, tout juste 9 mois avant sa naissance.
« Il est mon frère, son nom était Jakob, comme le mien. Comment savoir sa fin et mon début. Il n’y a pas de différence, croit maman. » Sa maman en est sûr il s’agit bien d’un retour du premier fils sur terre et les affinités de ce second sont tellement identiques à celles du premier qu’il n’y a pas de doute possible. Ils écrivent des chansons au piano… les mêmes.
Jakob sait que, comme son double, 10 ans plus tôt, il mourra à son dixième anniversaire. Et nous voilà dans la tête de ce garçon.Ce roman dessiné est magnifique, les illustrations en noir et blanc sont quelque fois austères, très travaillées, fouillées ou juste stylisées. Des détails sont suivis d’amas d’encre noire. Des fulgurances et des idées noires comme celle du garçon. Loin d’être une histoire glauque, il y a de la vie sous les lignes et les croquis ! Derrière la culpabilité de cet enfant à n’être même pas tout à fait l’autre pour sa mère, à être transparent ou un boulet pour ce frère rêvé, il y a toute la symbolique de l’arrivée d’un enfant dans une famille. "Elle parlait du chagrin dans tes yeux. Elle te parlait comme à quelqu'un de grand alors que tu venais de naître."
Un prénom choisi plein de sous-entendu, de secrets, de drames non digérés. Une enfance pris en étau par les désirs des grands. L’éclatement familial. Mais aussi toute cette douleur et cette naissance pour guérir, ainsi que la différence chez l’enfant.
Il y a toute cette vie en l’enfant, cette créativité et cet investissement à se construire une identité… les mots et les illustrations se répondent, l'écriture elle-même, manuscrite, nous emmène comme à la lecture d'un journal intime. Et la lecture est salvatrice… pour une maman en quête de parentalité non-autothérapeutique.
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