Alors que retiendra notre petit d’homme de cette période. Sûrement rien, si ce n’est les souvenirs entretenus par les photos et aussi reconstruits par sa mémoire, du faux et du vrai entremêlés. J’imagine que cette non-conscience des faits sera pourtant un fondement de son évolution, de son développement. Les bases d’une confiance en lui, d’un respect de lui-même et d’un sentiment de sécurité affectif. J’espère.
Aujourd’hui il a 3 ans.
Se rappellera-t-il de ses courses poursuites avec les vagues ? De ce cheval monté à cru ? De ses premiers pas de patinette ? De ce vélo ? Se rappellera-t-il des livres qu’il nous faut relire tous les soirs pendant un mois jusqu’à ce qu’il passe son dévolu sur un autre ? Se rappellera-t-il de sa première rentrée scolaire ? De sa première maîtresse, Mélanie et son accompagnante Agathe ? Se rappellera-t-il de ses premiers copains, à la crèche et à l’école : Matéo, Umberto et Zacharie… ou encore, pour les premiers noms qui reviennent de l’école : Alexandre, François, Cloé, Mélissia, Mathurine, Camille ?
Se rappellera-t-il de nos difficultés à être parents, notre impatience en week-end, nos coups de colère, notre épuisement ? Se rappellera-t-il de nos débordements d’amour ? Se rappellera-t-il de ce respect que nous parvenons, quelquefois, à lui octroyer (bien peu souvent par rapport à notre volonté) ? Se rappellera-t-il de tous ses apprentissages quasi ritualisés, un peu Montessoriens aussi ?
Moi je m’en rappellerais. De ses 1 an, de ses 2 ans.
Je me rappellerais de cette oppression à être mère, de cette impression d’avancer mais de ne plus avoir de disponibilité à soi.
Je me rappellerais des moments sans parole, des moments de réconfort, des moments de premiers apprentissages où je lui disais en bas d’un escalier « Tiens toi bien, trésor, et vas-y ! » Je me rappellerais de ce tas de sable, ancien château fort de plus grands que lui, abandonné aux retardataires des plages, véritable Mont-blanc pour lui où, aidé la première fois, il a grimpé pour crier « Victoire ! » en levant les bras.
Je me rappellerais de ces premiers pas en cuisine, sur son escabeau, collé à moi, les mains dans la farine ou chipant ça et là, une ou deux Piccolini, un quartier de pomme, une tagliatelle de courgette, crus. Je me rappellerais des premières nuits blanches quand la fièvre l’a touché et où la parole n’était pas encore là pour nous soutenir dans l’aide que nous aurions pu lui fournir. Je me souviendrais des heures et des heures à penser que je suis en retard sur les propositions de découvertes que je lui fais. Sa soif d’émerveillement est à son comble et attend d’être, un peu, étanchée.
Je me rappellerais des lectures du soir si attendues. Est-ce aussi pour cela qu’il les aime ? Le plaisir d’être accompagné dans un imaginaire, de partager la fiction et le moment tendre et le plaisir de voir maman heureuse.
Il a 3 ans. Il grandit, se forge pas à pas son identité, s’éloigne du cocon pour y revenir si vite : il ne prend pas encore son envol, il se lisse juste les ailes, conscients de ne pas être nous. C’est beau de le voir partir (même un tout petit peu).
Il est notre plus grande aventure : éprouvante, déstabilisante, constructive, épanouissante, spirituelle. Notre plus grand amour aussi.
10 commentaires:
Je n'ai pas de mots, j'ai juste les yeux qui piquent et une étreinte au coeur. Ton texte est si beau et si juste, il me touche beaucoup, beaucoup...
Très bel anniversaire Yaël (et à la maman de trois ans et neuf mois que tu es, Vanessa)
En effet quel texte merveilleux ! Quel texte remplit d'amour pour ton Yaël. Joyeux anniversaire petit loup!
ton témoignage est extrêmement émouvant.
Très joli et merveilleux... le cheminement de la vie de parents avec leurs enfants!
Bon anniversaire à ton petit homme, Vanessa, et félicitations à toi, jeune maman, pour l'accompagner avec ce bel amour que tu as si bien su exprimer dans ce texte d'une sensibilité magnifique, d'une conscience aiguë de la difficulté mais aussi du bonheur d'être parent. Bises à vous deux !
Bon anniversaire à ce petit bonhomme si bien accompagné.
Par des humains, perfectibles comme les autres.
C'est un moment qui passe si vite !
Dans très peu de temps tu auras de nouveau des temps pour toi !
Ton texte est très beau et touchant !! Et joyeux anniversaire à ton petit-loup =D
Il est beau comme un coeur ton petit bout d'homme et tout ce que tu dis on font est normal...tous les parents passent par la, le principal est de s'aimer...c'est vrai qu'on ne maîtrise pas tout mais il a un papa et une maman qui l'entoure, le guide et n'est ce pas la meilleure des choses...et comme ils sont important ces anniversaires...ils ne se souviendra pas de tout mais inconsciemment "il saura" que tout cela a été. Belle route à tous les deux.
Lily: merci d'être là aussi, entre les lignes.
Malice: mais au fait, tu l'as vu, non?! J'ai un doute qu'il va me falloir éliminer, je crois que nous nous sommes rencontrées... et si c'est vrai j'étais toute ouie à une cause n'ayant même pas pris le temps, la disponibilité de la rencontre. Bon, je dois me faire pardonner avec une autre rencontre, non?!
Ribambins: merci pour lui
Aline: constructif... et épuisant ;))
Colibri: merci aussi de suivre ces billets plus intimes.
Lyjazz: ah oui, du temps... et dire que sûrement je courirais derrière mon fils pour en profiter avec lui ;)
Claudia: merci pour nous trois
Béatrix: oui il saura tout de même, merci de tes encouragements.
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