Dans ma manière d'être maman, j'ai souvent pris le parti d'éveiller notre lutin. J'aurais aimé lui offrir une pédagogie Montessori, sans formation (à mon grand regret), je ne peux lui proposer qu'un pis-aller, un ersatz avec quelque fois le même matériel. J'ai aussi beaucoup fureté vers les jeux éducatifs.
Mais alors, même s'il ne faut pas, mes exigences étaient là: exigence vis à vis de moi-même mais aussi vis à vis d'un objectif de "résultat". Mon défi était de "(con)centrer" le loupiot, qu'il arrive ou non, juste le fait de le voir tenter. Alors certaines personnes dont l'avis m'est cher m'ont tout de même mise en garde par rapport à ce manque de présence sans demande, juste pour le plaisir. Le plus souvent je n'y arrive pas car le lutin est demandeur d'actions, de mouvements alors ma solution de facilité était de proposer d'office des "ateliers".
C'est encore un livre de Catherine DUMONTEIL-KREMER, "Jouons ensemble... autrement", qui m'a mise sur la voie. Je pensais y trouver un panel de jeux adaptés à l'enfant, respectueux et c'est tout.
Bien plus c'est toute mon éducation ludique qui a été chamboulée. Je n'ai pas beaucoup joué enfant, ni vraiment seule, ni en équipe, ni sur plateau. Je me rappelle ne pas avoir été assez rapide, ne pas avoir été choisie dans les équipes, ne pas avoir compris les consignes, ne pas avoir aimé être touchée d'office (comme si c'était normal).
Je n'avais pas saisi, alors, le manque. En regardant de plus près c'est toute une connexion directe à l'enfant que nous abandonnons en arrêtant de jouer avec. Bien sûr je continue à jouer, à théâtraliser souvent, à me mouvoir de manière à créer l'hilarité mais j'étais loin de vouloir me mettre autour d'un jeu "manufacturé" avec le petit d'homme.
Ainsi le jeu devient une formule magique pour le quotidien avec enfant.
Il permet de répondre aux colères de l'enfant qui ne sont en fait que des appels au secours par du contact, de la présence... et après le rire défouloir, une porte ouverte vers l'écoute et la communication entre les mots ou avec les mots.
Le jeu permet de répondre aux agressivités, aux limites dures à entendre, par le chahut: cette mise en place sécurisée de la bataille, de l'inversion des pouvoirs, de la sensation de force.
Encore mieux, il nous accompagne dans la pose de limites, c'est un comble du paradoxe: dire oui au jeu pour dire non! Bien-sûr je n'arrive pas encore à remplacer toutes mes hausses de tons par de la théâtralisation, par une pirouette, mais savoir que c'est une alternative pour du respect (sans fessée, sans punition ni récompense) cela aide. Même le non de l'enfant peut être écouté avec le jeu "1.2.3 soleil alternatif": à soleil, le parent arrête son action déplaisante à l'enfant... pour la reprendre ensuite et s'arrêter à nouveau à soleil, cela permet de dédramatiser un acte obligatoire et vécu comme agressif.
Le jeu est un très bon moyen de remplir le réservoir affectif de l'enfant et ainsi de sortir des impasses relationnelles dues au trop plein d'émotions de la journée.
Pourquoi je parle comme si c'était évident? Je n'ai lu le livre que depuis 1 mois. Et bien parce que le jeu et le rire mis en pratique m'ont déjà offerts de multiples voies et alternatives. Et puis parce que... j'ai animé avec des ateliers de jeux coopératifs en maternelle moyenne et grande section, j'en parle là.
2 commentaires:
J'aime beaucoup ce livre !
Aline: avec beaucoup d'alternatives, j'en étais sur!
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