mercredi 25 mars 2009

C’est pas la peine d’aller chercher plus loin

J’ai envie de fuir, ne pas répondre au téléphone pour des propositions professionnelles… de toutes façons qu’est-ce que c’est que ce micmac déshumanisé… « Quelles sont vos prétentions salariales ? - Dites moi déjà pour quel poste vous m’appelez. Je ne sais même pas comment est arrivé mon CV sur votre bureau. – Ah je ne sais plus, je reprends votre dossier et vous rappelle. – Dans ce cas-là, quand vous aurez mon cursus sous les yeux, je vous dirais combien je gagnais. Nous pourrons repartir de là et de vos postes à pourvoir. » M… alors, je n’aime déjà pas ces méthodes pour les avoir moi-même évincées quand j’étais au poste de recruteuse. Et puis cette étiquette professionnelle qu’il me faut garder.
Suis-je une marginalisée du système ? Puis-je me mentir encore pour intégrer une entreprise conventionnelle quand mes rêves sont créatifs, culturels, participatifs, d’éducation et d’échanges. Je rentre dans la catégorie bien nommée et si bâtarde des créatifs culturels. Mais ce fourre-tout permet-il de recadrer des personnalités dans le monde actif ? Il est bien beau d’avoir d’autres priorités que la compétition ou l’argent… une once d'écologique (une once, vraiment une once), une place prépondérante pour l’être (le développement personnel ou plutôt la connaissance personnelle) et des envies d’alternatif et de culturel, voir ici pour vous situer.
Est-ce confortable comme position ? Etre à la maison… mais non, ma bonne dame, oh que non. Je n’ai pas vocation d’être femme au foyer même sans notion péjorative. Se remettre en question, choisir une reconversion, s’investir dans son rôle de parent… d’éducateur (oui, oui, je confonds encore beaucoup…), chercher, étudier, digérer des réflexions si peu reconnues dans notre société, si loin de nos éducations. C’est tout ce qui déstabilise au contraire. Le rythme journalier du professionnel auquel j’étais habituée permettait de mettre ce que je suis en pause. Je n’ai pas envie de rêver ma vie toute ma vie, de rêver celle que j’ai envie d’être. Alors, avec aussi de la compassion pour celle que je suis en ce moment et mes énormes failles, je prends du temps pour appeler ma Vanessa à entrer en scène. Est-ce trop demandé ? Sûrement ! Je ne travaille pas au sens convenu du terme mais qu’est-ce que j’apprends tous les jours… une éternelle chercheuse et découvreuse de ce que je suis et de ce que sont mes valeurs, mes limites, mon respect (et encore irrespect). Une grande observatrice de notre enfant, de ce qui se passe ailleurs.
Quelques fois, pendant quelques jours, je ne me sens pas à ma place, autiste de nos normes. J’ai envie de fuir les autres, ceux qui me regardent en cherchant à me mettre dans un espace, une catégorie, à remettre un timing de vie. Qu’est-ce qui effraye le plus mes proches ? Le fait que je sois sans travail reconnu ou mes réflexions et mes remises en cause perpétuelles ? Comment font les autres, ceux auxquels j’ai l’impression de ressembler ? Ceux pas à la bonne place, décalés, non manageables par des techniques de bâton et de carotte ?

Je me veux en élan perpétuel, attiser la curiosité de mon fils, en constant entretien de mes relations amoureuse(s) ou amicales, capable aussi de ramener la pitance à la maison (l’argent mais bien plus la nourriture, la sécurité, le soutien, la confiance). Mais aussi investie en une démarche constructive, de société...

Et dire que c’est l’artiste Alain BASHUNG qui m’inspire ce billet d’humeur pas si constructif pour le lecteur. Artiste dont je n’ai pas pris la peine de considérer l’œuvre de son vivant… « autiste-artiste », comme il s’appelait, prenant courage de ses emportements, de ces actes, assumant ses failles… Pointilliste des émotions, j’aurais dû écouter plus tôt… là me vient une version de Léo FERRET « Avec le temps »…


« C’est pas la peine d’aller chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien… »

10 commentaires:

Anonyme a dit…

"autrement" est une notion difficile à vivre parfois...
la bonne nouvelle c'est qu'on est bien plus qu'on ne le pense à vouloir vivre comme çà.
En un commentaire, on est déjà deux! On a doublé l'effectif, c'est chic non?
:o)

(je précise ici que AdBlockPlus va empêcher les choses de s'afficher chez les lecteurs qui l'installent sur leur machine, ça ne peut en revanche pas empêcher les pubs d'exister... pour çà, le moyen le plus sûr c'est d'avoir un endroit à soi et ne pas utiliser de plateforme gratuite qui forcément, doit trouver de l'argent quelquepart pour fonctionner...)

Holly Golightly a dit…

Je me retrouve parfaitement dans tes mots. Je vis dans une certaine angoisse de devoir, un jour, m'insérer dans ce monde où la seule place que j'aie jamais trouvée est celle que mes rêves ont créée, mais ailleurs...
Merci Vanessa d'écrire ce journal, de le nourrir.
Je te lis.

Malice a dit…

Intéressant ton billet moi aussi je te comprend ! C'est pas facile de trouver sa place dans le monde du travail aujourd'hui être en harmonie avec ce que l'on souhaite ! Je suis bien placée pour cela j'ai un parcours professionnel bien chaotique. À l'heure actuelle mon petit job de bibliothécaire scolaire me passionne, me convient tout à fait mais il est un peu juste au niveau finance. Mais bon c'est un choix, c'est compliqué tout ça et pas facile à vivre c'est certain. Bravo d'en parler avec justesse cela fait écho chez certaines, c'est bien cela permet de ne pas se sentir seule, c'est important déjà !

Anonyme a dit…

je crois que le portrait que tu décris défini bien plus de gens que tu ne penses. Souvent de leur propre gré. Reste à identifier tous ceux qui ne l'ont pas encore fait pas peur, manque de moyen ou d'audace peut être. Éternelle optimiste, je pense que les choses changent, vont changer, doivent changer. Peut être est ce un tort mais c'est ce que à quoi je veux croire pour mes enfants.

VanessaV a dit…

La trollette: ah oui ça fait du bien...
et merci pour les infos

Holly golightly: oh oui, s'insérer, se réinsérer dans un espace si petit, si froid, si inhumain quelquefois... c'est dur! Merci de me lire (les lignes et entre les lignes).

Malice: oui l'harmonie... je serais bien tentée par ta reconversion... Et je ne suis pas si seule, c'est important, merci.

Ribambins: oui je suis persuadée que cela fonctionne par cycle ou tout du moins par mouvement. Le moment de latence est cependant long et le fait de ne pas être seule rend les choses encore plus compliquées... l'insécurité vient aussi du fait que je n'assume pas la situation.

caroline_8 a dit…

je découvre tout juste ton billet. Alors toi aussi, tu n'es pas dans la bonne case... Avec le recul et après avoir batailler et disons le franchement en me sentant mal dans ma peau, hors société et donc méprisable, comme je le disais là:
http://fenetresurlacour.canalblog.com/archives/2009/02/27/12607757.html#comments;
il me semble être arrivée à faire, à chaque fois que cela se présentait, ce que je voulais et non pas ce que les autres voulaient. Aujourd'hui, ma vie ne correspond pas tout à fait au rêve de mes 20 ans, j'assume mais enrage d'avoir à justifier de mes choix de vie... car cela en gêne plus d'un! Qu'est ce qu'une vie réussie, hein?

est ce que je te vois bientôt?

Lily a dit…

Tu sais Vanessa, combien je te comprends !!
Beaucoup de choses à te dire à ce sujet...
Au fait, au sujet des termes parents et éducateurs... L'école de Matthieu (merveilleuse entre toutes !!) a coutume de répéter à chaque réunion de rentrée, vous les êtes les premiers éducateurs de vos enfants... Donc tu vois, tu ne confonds pas... (il en était de même de l'excellent centre de ressources pour l'autisme de Tours qui nous disait que nous en tant que parents nous en savions beaucoup plus qu'eux sur l'autisme et que nous leur en apprenions tous les jours...).
La mort d'Alain Bashung, m'a profondément attristée comme beaucoup de ceux qui l'aimaient. Cela faisait pas mal d'années que ses chansons m'accompagnaient dans la vie...

rose a dit…

Voilà un questionnement que je partage et je suis avec beaucoup d'intérêt tes réflexions.

Chrixcel a dit…

La pression sociale...oui, elle est là et elle peut revêtir bien des formes. En revanche, si toi tu ressens une difficulté à trouver ta place en tant que mère et travailleuse créative dans cette société, moi c'est l'inverse. Je n'ai pas d'enfants et je le vis très bien, et j'ai plein d'activités liés aux arts qui me captivent. En revanche je me sens complètement décalée avec mes amis qui sont tous casés avec enfants...je ne me sens pas à ma place dans ces conversations qui tournent autour des enfants, etc. Du coup, je les vois moins. Pour l'instant je n'angoisse pas à l'idée que peut-être je ne trouverai jamais le père idéal, et pourtant j'ai bon espoir...à chacun de trouver sa voie et d'assumer pleinement ce qu'on est et ses choix...en faisant fi de l'opinion des autres !

VanessaV a dit…

Caroline8: oui je comprends tout à fait, tu as tenu bon c'est le principal... je te vois très bientôt, dès que mon loupiot n'est plus contagieux, revenu chez sa nounou et que je suis un peu plus libre... mais très vite.

Lily: merci de me conforter de ce que j'appelle, aussi, l'éducation... l'éveil et certains éléments que même le meilleur professeur ne peut pas forcément proposer... à chacun de trouver ses valeurs, les miennes sont là!

Rose: merci de suivre, pas à pas, réflexion après réflexion.

Chrixcel: ah oui, cet autre décalage! Dans notre entourage, ils en sont au second enfant, la plupart du temps, cela fait comme si nous n'avions rien vécu... en fait, la norme revient vite donner de ses nouvelles. Oui il y a de multiples voies possibles, pourvu que nous tenions bon! Et courage, le père est peut-être pas loin et puis l'épanouissement peut venir de bien d'autres formes que la parenté!