« « Ca s’appelle un teddy bear. C’est beau, hein ? »
Beau ? De la fausse fourrure – de la peluche, plutôt – en deux teintes de brun, une couleur que j’abhorrais déjà, bourrée de quelque chose qui crissait sous la main – « Du sable ? Y m’ont donné un vulgaire toutou bourré de sable ? – et aux articulations tellement mal faites qu’on voyait la corde qui rattachait le bras à l’épaule ! » (extrait de "Bonbons assortis" de Michel TREMBLAY)
Pour ma part, le teddy bear en question avait un peu plus de classe, d’un brun dorée, sans compter que la peluche était longue, bouclée, quoique très rêche. Il s’agit de l’ours en peluche de ma grand-mère paternelle. Cependant, môme, je le trouvais décati, fané, pas assez doux.
Ma grand-mère se l’était offert aux fêtes de fin d’année quand mon père était encore un jeune garçon. Il avait très mal pris le fait que ses parents lui offrent un élément supplémentaire à son train électrique au vu de ce superbe teddy bear ! Envieux il avait voulu jouer avec, ma grand-mère le lui avait interdit ce soir-là en indiquant que c’était son cadeau, à elle. De rage, il était parti se coucher sans jouer. Au matin suivant, ma grand-mère le lui avait mis entre les mains car au final, ce n’était qu’un jouet en plus d’être un bel objet. Il l’avait alors rapporté sur la petite chaise en face de la coiffeuse de ma grand-mère (sa place depuis toujours) et dit avec emphase que ce teddy bear n’était pas le sien et que plus jamais il ne le toucherait.
Sur cette photo, mon père est avec son teddy bear (moins sophistiqué, d’une peluche râpée blanche pâle), je ne me rappelle plus l’avoir vu après mes 8 ans.
Mais le teddy bear de ma grand-mère a pris une place importante dans les objets rares et précieux dont j’aurais aimé profiter, un peu, comme les objets de la vitrine . Tout simplement à cause de l’anecdote avec mon père. Petite j’ai eu le droit de le prendre dans mes bras et puis plus rien… Il ressemble à celui-là:
Alors ce passage-là de « Bonbons assortis » de Michel TREMBLAY m’aurait énormément plu: mon père n'a pas eu le temps d'être présent pour me le présenter.
Beau ? De la fausse fourrure – de la peluche, plutôt – en deux teintes de brun, une couleur que j’abhorrais déjà, bourrée de quelque chose qui crissait sous la main – « Du sable ? Y m’ont donné un vulgaire toutou bourré de sable ? – et aux articulations tellement mal faites qu’on voyait la corde qui rattachait le bras à l’épaule ! » (extrait de "Bonbons assortis" de Michel TREMBLAY)
Pour ma part, le teddy bear en question avait un peu plus de classe, d’un brun dorée, sans compter que la peluche était longue, bouclée, quoique très rêche. Il s’agit de l’ours en peluche de ma grand-mère paternelle. Cependant, môme, je le trouvais décati, fané, pas assez doux.
Ma grand-mère se l’était offert aux fêtes de fin d’année quand mon père était encore un jeune garçon. Il avait très mal pris le fait que ses parents lui offrent un élément supplémentaire à son train électrique au vu de ce superbe teddy bear ! Envieux il avait voulu jouer avec, ma grand-mère le lui avait interdit ce soir-là en indiquant que c’était son cadeau, à elle. De rage, il était parti se coucher sans jouer. Au matin suivant, ma grand-mère le lui avait mis entre les mains car au final, ce n’était qu’un jouet en plus d’être un bel objet. Il l’avait alors rapporté sur la petite chaise en face de la coiffeuse de ma grand-mère (sa place depuis toujours) et dit avec emphase que ce teddy bear n’était pas le sien et que plus jamais il ne le toucherait.
Sur cette photo, mon père est avec son teddy bear (moins sophistiqué, d’une peluche râpée blanche pâle), je ne me rappelle plus l’avoir vu après mes 8 ans.
Mais le teddy bear de ma grand-mère a pris une place importante dans les objets rares et précieux dont j’aurais aimé profiter, un peu, comme les objets de la vitrine . Tout simplement à cause de l’anecdote avec mon père. Petite j’ai eu le droit de le prendre dans mes bras et puis plus rien… Il ressemble à celui-là:
Alors ce passage-là de « Bonbons assortis » de Michel TREMBLAY m’aurait énormément plu: mon père n'a pas eu le temps d'être présent pour me le présenter.
« C’est donc mon père qui m’a fait aimer mon teddy bear. Avec une simplicité qui m’étonne encore aujourd’hui.
Il a commencé par nous asseoir l’un en face de l’autre, l’ours en peluche et moi, il nous a en quelque sorte présentés l’un à l’autre une seconde fois, puis il a parlé tout doucement.
Il a d’abord parlé de moi au teddy bear avec une telle chaleur, me déclarant à travers lui un amour d’une telle force, que j’ai été obligé de m’appuyer contre la tête de mon lit. (…)
Puis papa m’a parlé du teddy bear, de ce que je croyais être laid en lui, son museau en laine, ses articulations apparentes, ses yeux en boutons de bottine, ses griffes de feutres cousues n’importe comment, soulignant la côté comique de tout ça, ce qu’il y avait de touchant dans la façon maladroite d’être de cet ourson, dans sa laideur naïve, dans sa candeur qu’il dégageait alors qu’il aurait dû représenter un animal sauvage féroce et dangereux. (…) Un ourson en peluche s’adresse à l’imagination et tout ce qui s’adresse à l’imagination est plus qu’aimable, admirable.
Au fur et à mesure que papa me parlait, le teddy bear se transformait à mes yeux et, au bout d’un quart d’heure, j’en étais fou. »
C’est peut-être pour cela que j’en ai cinq aujourd’hui, de collection, dont un, à l’ancienne qui me vient du magasin Harrods à Londres, les voilà. J'ai aussi eu l'envie de savoir en faire… je vous montrerais peut-être mon « singe » (oui, il est entre ours et singe et le voici).
Tout cela pour dire que je suis la seule maître à bord de mon imagination, sûrement. Et que mon petit loup sera présenté, lui!
9 commentaires:
C'est beau et plein d'émotion. Merci pour ces paroles qui font du bien.
Etre présenté à son teddy bear ? Je n'y avais jamais pensé... Pourtant c'est vrai que les peluches peuvent avoir une valeur symbolique et même transgénérationnelle...
Maijo: une vague d'amotions, oui, une grande vague...un passage de témoin entre mon père (mort quand j'avais 1 an 1/2 et mon fils).
Lysalys: je crois que oui, en tout cas, cet ours l'était pour moi, je change la donne avec un autre...et des envies créatrices plein la tête.
C'est une bonne idée de se montrer notre ours en peluche; en fait, le mien sera ... bientôt à mes "fenêtres sur la cour".
Oui,tes mots sont beaux, doux et émouvants pour parler de cet ours, celui de ton père..
Je n'imaginais pas en t'envoyant ce livre à quel point il allait te parler, à toi personnellement.
Quelle belle chose que cette présentation... au moins il ne le mangera pas : "Alice, pudding, pudding, Aloce... Voulez vous un morceau de Pudding? Vous n'y pensez pas! Il est contraire à l'étiquette de manger quelqu'un à qui l'on a été présenté... " ok, je sors ;-)
Caroline: mais ce n'est pas encore le mien, il est au billet d'après...j'attend de voir le tien en tous cas!
Lily: et oui... de toute façon, les mots liés à l'enfance me parle, peut-être parce que j'y ai vécu des manques. Mais regarder l'enfance ainsi c'est très apaisant en fait.
Marraine: oh si, mais si voyons... il va en manger un bout: il faut qu'il connaisse aussi le "surréalisme"... non, non reste, avec autant de belles références reste!
C'est émouvant Vanessa, j'aime bien ce texte..et j'aime bien l'image de ton petit bout d'homme avec l'ours ..doux et tendres souvenirs de l'enfance!
Beatrix: oui j'aime aussi avoir à peu de messages près et mon père et mon fils, ue belle chaîne de nounours...
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