Je l’avais acheté car la pièce de théâtre « Art » m’avait énormément touchée. Fille de peintre d’art contemporain, j’avais envie de me confronté aux réactions par rapport à l’art. Faut-il être amateur, connaisseur ? Faut-il une vraie réflexion, un vrai apprentissage pour aimer une toile blanche, pas si monochrome que cela ? L’art demande t-il une vraie évaluation de professionnels ou un ressenti personnel ?
Derrière ces questions, il y a tout notre rapport à l’autre, à l’amitié, que Yasmina REZA nous propose. L’amitié y est désarticulée : en plus des sensibilités artistiques, la dispute autour d’un tableau blanc acheté cher entraîne une remise à plat de nos attentes de l’amitié et aussi nos rapports de force entretenus, établis, qu’il faut remettre en cause à chaque cheminement. Les amis sont-ils des alibis, des faire-valoir ? Aimons-nous tous ce qui les caractérise ou seulement ce qui nous mets au diapason avec nous-mêmes ? Lecture assez déstabilisante en fait !
Lily a fait un très beau billet et j’ai pris beaucoup de plaisir à relire cette pièce avec les post-it de couleur différente (rose) qu’elle avait laissé sur son passage visuel…
Conversation après un enterrement : un bouquet de chardons sur une tombe, un bilan des endeuillés sur leur vie, quelques secrets de famille et une envie d’assumer ce qu’ils sont. Un père est mort, le poids de son éducation est enfin mise au jour, peut-être en voie de digestion : « Tu sais ce qu’il me disait, constamment ! Outre sa frénésie à m’envoyer au quai Conti, « Il faut que tu te stabilises ! » C’était son maître mot : stabiliser… Comment peut-on envisager une vie qui ressemble à ce mot ? ». La fratrie se libère des cloisonnements parentaux, des imaginaires bloqués et des relations peuvent reprendre cours.
Une envie de vivre reprend à la lecture de ces lignes : « C’est exactement ça écrire, aller quelque part où on ne va pas…Et quoi qu’on fasse déjà, sur la page vide déjà, il y a le retour et la fin de l’aventure…. A vingt ans, j’imaginais mon œuvre, sept volumes en papier bible, un monde de titans, fracassants, soulevés par la houle, happés par je ne sais quelle frénésie… Des êtres tumultueux, des êtres qui auraient été les aspirateurs du monde, avec tout en eux, tout le génie, la force et l’épuisement… J’avais ce genre de fulgurance à vingt ans… Et au lieu de cela, la garniture quotidienne, la petite blessure au centre du monde, le cours interminable des désirs, des pas, des gestes inutiles… Le labyrinthe des chemins inutiles…Et aussi la tendresse…la tendresse qui me fige… »
La Traversée de l’hiver : des discours sur la vie, les cheminements, les attentes déçues, la vieillesse « La vie est mal faite, nous passons à côté de tout. Nous vivons des restes de ce que nous avons manqué, et le temps s’écoule comme une pente lisse… ». Ces moments dans une pension de famille à la montagne rappellent les voyages mentaux ou réels « Savez-vous que dans ma vie j’ai passé des heures devant les atlas ? …
Il n’y avait pas de meilleur livre…
Nous ne sommes que d’une époque, mon pauvre Blensk, et d’à peine quelques lieux. Nous voulons tout connaître et nous sommes incapables de voir la fin des choses… »
Ce livre se prend pour un cerf-volant ! Il est déjà parti par les airs et ne souhaite que recommencer…
3 commentaires:
Merci Sandra :)
Oui, c'était un bien joli cerf-volant !
"Trois versions de la vie" de Yasmina Reza, est repris en ce moment à l'Akteon théâtre. C'est Fabienne Tournet, l'une des comédiennes qui a eu la gentillesse de me prévenir et je vais peut-être y aller :)
Pourquoi ai-je mis Sandra ??? j'ai dû passer chez elle tout à l'heure :) pardon Vanessa !
Lily: et voilà que tu perds la tête! :-)))
de rien....
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