Je ne me réjouis pas à l’arrivée des fêtes de fin d’année. Oui, les décorations sont belles, les lumières, allumées la nuit, me donnent du baume au cœur, j’aime les effets dans les vitrines, je ne suis pas contre des cadeaux, j’aime en offrir (quand j’ai les sous : rien de plus horrible qu’offrir une babiole non choisie juste par ce qu’il faut offrir !). Mais voilà le cœur n’y est pas. Il m’est devenu très dur de préparer les décors de Noël… une certaine déception, des trahisons en bouche. Il est question pour moi d’une fête familiale. Je n’arrive pas… trop d’abandon.
Tout est dit : il est question de famille et d’enfance, sauf que pour préparer cette fête, il me semble nécessaire d’avoir de bons souvenirs, de vouloir un foyer chaleureux et une envie de partage. Oui, oui, ne vous méprenez pas : ma famille est construite et les envies de partages ne manquent pas. J’ai un fils, mais ses 14 mois ne font pas de lui un bambin prêt à se rappeler tous ces préparatifs. Il est avec nous et je m’efforce d’être au jour le jour une maman bien ! Pour ce second noël avec lui, je n’ai pas encore le courage. Il n’est pas en demande, le quotidien, les attentions, les marques d’amour sont là… je n’arrive pas à marquer d’une pierre blanche cette fête pour enfant. Et pour mon homme alors ? Mais c’est un adulte ! Oui toutes les occasions sont bonnes pour fêter ! Oui, c’est sûr mais cette fête-là est familiale, notre famille est toute neuve et lui, de religion différente, a une fête particulière, à une autre date avec l’habitude d’être avec ses parents…
Mes noëls sont une certaine idée de l’enfance, au nombre de deux chez moi… apposés, elles ne sont pas plus tentantes l’une que l’autre.
Côté grands- parents paternels…
Un sapin de Noël décoré de bougies et boules traditionnelles, un faux puis un vrai avec les épines qui tombent au fur et à mesure. Des guirlandes dans toute la maison et des cadeaux sous le sapin le soir venu. Une crèche pour se remémorer que ma grand-mère était très croyante (avant de perdre son fils unique…), avec des personnages anciens et des chameaux. Ma grand-mère, très bonne cuisinière, nous proposait des mets de circonstance : du fois gras fait maison (un délice !), du magret de canard maison avec petites pommes de terre aillées et persillés, des escargots à l’ail ou tout autre bonnes chairs et une buche maison (roulé à la crème de marron ou confiture d’abricot), des gourmandises autres : fruits déguisés ou petits gâteaux algériens, style cornes de gazelle, des pâtes de fruit maison, coings entre autre… La prière de la veillée suivie dans une toute petite église dans le sud de la France. Pour y aller : des petites routes sinueuses, pas de lampadaires autour, juste des bougies géantes à l’entrée de l’église. De très bons souvenirs de bricolages avec mon grand-père paternel, du coton déroulé pour faire toute la colline en blanc neige. Des dessins faits à la craie sur le tableau noir du garage. Des éclairages partout dans la maison et sur la rambarde… Une télé allumée jusqu’à deux heures du matin, les miss France, un bout des Folies bergères ou du Crasy Horse…
Et puis, plus rien…. je ne suis plus la bienvenue, les morts ont enlevé l’envie d’amour filial à ma grand-mère… Et non je ne suis pas un homme, et non je n’ai pas le pouvoir de les ressusciter, et non je ne suis pas celle qu’elle rêvait… je suis devenue consciente, je suis devenue une femme…
Côté maternel…
Pas de souvenir de fêtes, pas de souvenirs précis de cadeaux, pas de repas festifs…. mais des souvenirs fugaces de petits détails, qui restent accrocher à ce que j’appelle l’enfance, des merveilles auxquelles je me suis raccrochée : un arbre, un oranger en pot, décoré comme un sapin de Noël….
*source image
très peu de guirlandes ou de boules mais des paniers/cœurs en papier. Je me rappelle des clémentines offertes comme cadeaux, des châtaignes…
Maman essayant de faire de son mieux après : une branche de sapin décorée sans grande envie…mais aussi, avant, ses décorations danoises, les petits personnages en bois sur la couronne, un feu de cheminée, des bougies parfumées légèrement avec des fleurs séchées, des oranges aux clous de girofle.
Un brin d’enfance au goût d’inachevé, de moments fugaces… mais surtout un rapport aigre à l’enfance :
Je ne pense pas avoir manqué d’amour jusqu’à ma puberté du côté maternel comme du côté grand-paternel, quoique le premier avait une manière bien particulière de me le montrer.
Côté maternel : herbe sauvage, prise dans le feu des autres occupations et surtout dans l’inintérêt de s’occuper d’une telle enfant…. aimée oui, oubliée oui, souvent, inconsidérée peut-être/toujours…mais rappelez-vous, un enfant ne devait pas parler à table, la plus grande devait s’occuper des plus petits (et c’est parfait quand il y a 6 ans ou 9 ans d’écart!!), un enfant est un sous-adulte, un enfant ne prend pas position, un enfant suit, subit, retient jusqu’à rupture.
Côté grand-paternel : chouchoutée, gâtée au paroxysme (sans que vraiment mes envies réelles soient écoutées mais ce n’est pas très important) jusqu’à ce que je ne sois plus une enfant (devient-on démon avec la puberté ? sujet d’un autre billet…).
Oui j’ai dû être un démon… de l’enfance encore insatisfaite, jamais innocente, je suis passée à la survie…
Et puis après, on ne choisit pas sa famille, et pourtant à un moment j’ai cru en choisir une seconde, mais en fait, nous sommes à jamais seul… et j’ai encore l’impression d’être une sans famille… une bâtisseuse de famille (l’arbre généalogique est là… les racines ancrées doivent être arrosées mais surtout le foyer, chaleureux, tout nouveau, reste à entretenir).
*source: Gustav Klimt
En couple, oui, mais la vie défait quelques fois les amours… mère, oui et à jamais. Mais pour l’instant, je préfère être là, m’investir dans les bases solides de son « être au monde » au quotidien. Les fêtes sont traditionnelles, celles de son père, importantes pour qu’il sache d’où il vient et qu’il peut se reconnaître dans un héritage culturel. Pour les autres festivités, je préfère lui dire, lui prouver que son père et moi serons toujours là, au quotidien, et non seulement à Noel. Mais les cadeaux sont prêts, même si je préfère toujours les non-noëls… mais un noël sans cadeaux ou seule, je n’y arriverais plus…
Et puis l’année prochaine, pour lui, pour son père, …. parce que les souffrances seront peut-être mieux digérées, je préparerai Noël : des décorations, un repas de fête, une ambiance de veillée et tout le reste qui fait l’essentiel…
17 commentaires:
Je ne voudrais pas que mon commentaire paraisse bizarre, pathétique, ou quoi que ce soit, mais la seule chose qui m'est venue à l'esprit et au coeur en lisant toutes ces lignes, ma chère Vanessa, c'est que, très fraternellement, je t'aime. On se connaît peu, mais voilà force est de constater qu'il y a des liens, des concordances entre nous que tu ne peux même pas imaginer. Je peux te dire que j'ai le coeur prêt à s'éventrer. Merci pour ce texte.
Billet très beau et très touchant, Vanessa.
Vanessa, je n'ai que très peu de temps libre en cette période la plus chargée de l'année, je passe peu de temps chez chacune de mes "voisines de blog", et ne m'en veux pas si je laisse encore moins de trace de mon passage, mais là, je ne pouvais que te dire au minimum que je pense à toi! Et que si j'avais organisé un "Noël copains" cette année, vous aurez bien sûr été tous trois les bienvenus, ce sera peut-être pour l'année prochaine, bises, D
Similitudes...chaque fête est un rappel douloureux anniversaire, Noël...
Mes enfants sont plus grands, j'ai acheté le plus grand des sapins...mais depuis 15 jours mon estomac est noué.
Nous serons quatre, à la maison, un couple amoureux et leurs deux petites merveilles...puis le lendemain ils partiront...faire la B.A de circonstance...je ne pourrai pas, j'attenderai leur retour, le ventre toujours noué, leurs appels...j'espère trouver le courage de peindre en attendant leur retour...
Comme beaucoup, ma vie s'agite en ce moment et je passe moins de temps sur la blogosphère et pourtant chez toi, je passe... Touchée par tes billets, intriguée par tes découvertes... Je pourrais dire tellement...Je dirai seulement ceci : Noël est parfois cruel parce qu'il est enchanté et pourtant si souvent source de désillusions... Avec le temps, j'ai appris à tricoter un Noël un peu magique pour les enfants, même si parfois j'y vais à reculons, alors je regarde à travers leurs yeux... Essayer un instant d'oublier tout ceux qui ont oublié que Noël était avant tout partage et amour pour que mon coeur lui reste de partage et d'amour, même si seuls certains privilégiés pourront malheureusement en profiter... Alors malgré tout, je te souhaite un joyeux Noël avec un peu d'avance.
Oh tu vois moi mon enfance ne m'a pas donnée de jolis souvenirs de Noël. Les grands-parents étaient tout sauf présents. Mes parents n'avait pas le goût de Noël. Et pourtant j'aime Noël, je me laisse gagner par sa magie, surtout depuis que j'ai mes enfants. Je veux justement leur créer de beaux souvenirs. En entrant dans la famille de mon mari, je suis entrée dans ce que veut dire de plus beau le mot famille. J'adore fêter Noël avec eux. Mes enfants sont avec leur nombreux cousins. C'est un beau moment.
Ton billet m'a émue aux larmes Vanessa. Comment peut-on exprimer avec autant de clairvoyance des souvenirs qui ne te sont pas moins douloureux.
Le temps viendra, sinon l'année prochaine une autre encore, où tu seras prête, avec cette subtilité qui est la tienne, à faire pour ton fils et ta petite famille les plus beaux des Noëls.
Holly golightly: ... entre les lignes... merci
Francofou: quelques soubressauts, quelques fois...
Marraine: merci pour cette chaleur humaine...et oui pourquoi pas un noel copain...
Virginie: ...je suis de tout coeur avec toi et j'espère que tes pinceaux seront au rdv...
Lysalys: merci beaucoup, à travers ses yeux, se sera magique, oui! JOYEUX NOEL en avance
Bellesahi: je suis ravie que ta famille se soit construite autour d'une base solide en te mettant en couple... et je suis persuadée que tes poulettes vont adorer ce noel!
Maijo: oui, petit à petit, la décoration viendra, avec le reste. Merci
Aujourd'hui,je viens de mettre ma Paloma (19 ans)dans l'Eurostar pour 9 mois de jeune fille au pair à Londres. Elle était ravie, je suis contente! Bon, je me suis fait un petit punch en attendant le retour de Jaime... et voilà, que je lis ton billet et que je suis toute retournée... Un jour, bientôt, Vanessa, tu vas faire TA vie et le passé sera bien... le passé et ta vie sera bien présente! tu es quelqu'un, bien que jeune, qui se remet en question et donc, tu es en train de polir ton âme... moi, j'ai confiance en toi et tes actes vis à vis de ton homme et de ton petit!
Je reste sans voix devant ta ténacité et ton courage...partir de très loin pour réinventer Noël...Je n'ai que d'excellents souvenirs en famille (les repas, les échanges de cadeaux, les chansons ou les poésie que nous chantions et récitions aux grands-parents, les pouillages entre cousins, les pleurs, les rires et...les chansons de Tino Rossi chez mes grands-parents paternels!!!). Ton petit bout d'homme aura aussi de jolis Noël avec vous :-)
Tu es une jeune femme qui m'émeut au plus haut point, chère Vanessa.
Je penserai fort à toi, à vous le jour de Noël.
Vanessa comme je te comprends..je n'aime pas non plus cette période et chaque année je suis tourneboulée et chavirée..pour la famille c'est idem je trouve courageux que tu ai pu an parler sur ton blog..moi j'essaye de faire des efforts pour mes enfants..pour qu'ils aient de bons souvenirs et pour que plus tard je n'entendent pas ce que j'ai pu dire de ma famille..il faut essayer de faire mieux qu'eux , ne pas reproduire et ta famille c'est Yael, ton mari et tout ce que tu construis au présent..moi je fête Noel avec mes trois enfants et Laurent et j'essaye de faire en sorte que ce soit quand même gai ..pour eux tout en restant très simple.Merci pour ton texte..j'aurais pu l'écrire. Bisous.
Les sentiments, émotions que tu écris si bien ici, je les partage également, d'une autre façon, selon ma propre histoire...
je t'embrasse très fort
Caroline: oui le passé est encore très présent...mais je me soigne..
Katell: alors très bons pouillages, nous avons déjà commencé et merci
Béatrix: je te souhaite beaucoup de courage pour préparer cette fête, qui sera j'en suis sûr très gaie.
Lily: alors en concordance...merci
bon moi je vais écrire qqchose aussi.
Mais je prépare le texte ;o)
Beaucoup d'émotion que je partage.
F.
F, c'est toi? alors je patiente pour voir ce que tu écris...
c'est un beau texte vanessa. Je reprendrai quelques mots des commentaires précédents pour te dire ce qui me touche dans tes phrases : clairvoyance et courage.
Sylvie: c'est vrai que cela doit être assez bizzare de commencer une découverte par des mots si personnels. Merci de ta compréhension
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