Lily me comble… elle m’envoie ses livres, comme cela, pour le plaisir de partager ses lectures. Les cerfs-volants (ou livres voyageurs) de la demoiselle sont à chaque fois la découverte d’un nouvel auteur… mais surtout, prise dans cette émulation de l’écrit, du texte lu, je ne peux que proposer un billet dessus.
En rencontrant des lecteurs/blogeurs à l’ouverture de la librairie de Lamousmé (un prochain billet), j’ai expliqué ma position par rapport aux livres. Aimée ou non, je retire quelque chose de chaque lecture, c’est cela que j’ai envie de partager. Mon avis n’a que peu d’intérêt : qui suis-je pour critiquer une œuvre ! Si un jour je créée de mes mains ou de mon esprit ce que nous pourrions appeler une œuvre complète, finie, je pourrais me permettre…en attendant de créer, je prends le meilleur de ce que propose les autres démiurges. Ainsi, je ne propose pas de pitch, mais que de l’écrit qui a fait sens, un jour, en moi…le jour de la lecture.
Ceci dit, j’ai beaucoup aimé « Le syndrome Godzilla » de Fabrice COLIN, même si j’aurais bien suivi l’auteur encore plus loin, vous verrez.
N’hésitez pas à mettre la vidéo tout en lisant, il s’agit de la musique qui démarre le roman et le fini comme le dit si bien Lily..
Il est question de Daniel, adolescent solitaire, qui suit son père dans ses mutations professionnelles à travers le monde. Son emploi du temps est monotone, son investissement, dans les nouveaux lieux de vie, minimal. La maman, absente, suicidée, laisse les deux hommes seuls avec leur vie, sûrement sans repère et en tous cas sans communication. Le jeune enfant devient un adolescent au gré des paysages : « Chaque fois, l’océan devient plus sombre et tourmenté. Comme moi. »
Mais dans cette ville de bord de mer, abandonnée aux éléments plus qu’aux hommes, un homme est assis sur un banc public un sac sur la tête et tout commence : « Dans un monde idéal, je me tournerais vers mon père et je lui montrerais : hey, t’as vu ça ? Ce type qui reste tout seul sous la pluie ? Seulement il y a certaines choses qu’il vaut mieux garder pour soi. Non pas qu’on ne puisse rien expliquer. Non pas que la communication soit définitivement impossible. Mais le fait est que ce type à enfiler un sachet en papier sur sa tête. »
Ce type s’appelle Godzilla en référence à son rôle d’acteur dans les films de série B du père. L’histoire racontée de cet homme au visage caché représente une mise en abimes des errements adolescents. Est-ce un être imaginaire ? Un vrai monstre ? En tous cas, la rencontre arrive au bon moment : « Je me sens gamin, adulte, apaisé, en colère. Je me sens prêt pour l’aventure. » N’est ce pas ce qu’il faut pour déplacer des montagnes ?
La mort est abordée mais surtout l’absence, la mort vue par ceux qui restent. Une jeune femme accompagnée de son père mourant fait tous les enterrements, pour se préparer, le temps serait immuable, nous seuls serions en partance, les morts seraient alors libérés des entraves (desquelles ?). Pour les vivants, une seule tristesse possible : rater le présent !
Notre venue au monde, le cataclysme que peut être notre arrivée pour ces parents peu préparés, est ici face à la vie de l’individu en devenir : est-ce qu’il en a qui sont fait pour vivre, pour mourir ? Est-ce qu’il y a un temps pour arriver au monde ?
La vie en bilan, de ce monstre caché, le Godzilla, concentré de toutes les erreurs humaines, fait défiler les propositions de fuite d’une vie, des manières pour devenir, soi, un monstre. Un élan vital nous prend alors, peut-être pas à ce point là : « Je comprends soudain (une pensée qui me semblera aberrante au réveil, et dont je peinerai en vain à retrouver le sens profond) que pour devenir le plus fort, pour faire peur aux gens, pour que les gens vous respectent & vous craignent & vous vénèrent & vous fuient, il faut avoir beaucoup souffert, être parti sur les chemins brûlants –être revenu. »
…mais au moins de ce dire que chaque adolescent peut revenir de ce néant. Juste pour ne pas dire : « Il s’est trompé de vie- ou sa vie s’est trompée. »
Lily nous offre aussi une belle proposition de lecture de ce livre . Merci Lily de ce livre voyageur. Cathulu a aussi été emballée par ce roman sur la souffrance des êtres en devenir.
Juste un regret, j’étais prête à aller plus avant inspecter mes monstres intérieurs. La peur de la décrépitude, le regard des autres, la difformité physique ou le hors-norme intellectuel. Ce livre propose un passage de l’adolescence à l’âge adulte… j’aurais aimé aller encore plus loin dans l’idée d’une vie sans choix possible : l’adolescence est un passage à vide ou tellement confus que souvent nous ne voyons pas d’avenir à cet adulte que nous ne sommes pas encore. Cela permet alors de chercher par soi-même ses propres réponses ou comment nous sommes passés de ce monstre en devenir à un autre (monstre humain) ou tout simplement un individu en 3D, avec de la substance.
En rencontrant des lecteurs/blogeurs à l’ouverture de la librairie de Lamousmé (un prochain billet), j’ai expliqué ma position par rapport aux livres. Aimée ou non, je retire quelque chose de chaque lecture, c’est cela que j’ai envie de partager. Mon avis n’a que peu d’intérêt : qui suis-je pour critiquer une œuvre ! Si un jour je créée de mes mains ou de mon esprit ce que nous pourrions appeler une œuvre complète, finie, je pourrais me permettre…en attendant de créer, je prends le meilleur de ce que propose les autres démiurges. Ainsi, je ne propose pas de pitch, mais que de l’écrit qui a fait sens, un jour, en moi…le jour de la lecture.
Ceci dit, j’ai beaucoup aimé « Le syndrome Godzilla » de Fabrice COLIN, même si j’aurais bien suivi l’auteur encore plus loin, vous verrez.
N’hésitez pas à mettre la vidéo tout en lisant, il s’agit de la musique qui démarre le roman et le fini comme le dit si bien Lily..
Il est question de Daniel, adolescent solitaire, qui suit son père dans ses mutations professionnelles à travers le monde. Son emploi du temps est monotone, son investissement, dans les nouveaux lieux de vie, minimal. La maman, absente, suicidée, laisse les deux hommes seuls avec leur vie, sûrement sans repère et en tous cas sans communication. Le jeune enfant devient un adolescent au gré des paysages : « Chaque fois, l’océan devient plus sombre et tourmenté. Comme moi. »
Mais dans cette ville de bord de mer, abandonnée aux éléments plus qu’aux hommes, un homme est assis sur un banc public un sac sur la tête et tout commence : « Dans un monde idéal, je me tournerais vers mon père et je lui montrerais : hey, t’as vu ça ? Ce type qui reste tout seul sous la pluie ? Seulement il y a certaines choses qu’il vaut mieux garder pour soi. Non pas qu’on ne puisse rien expliquer. Non pas que la communication soit définitivement impossible. Mais le fait est que ce type à enfiler un sachet en papier sur sa tête. »
Ce type s’appelle Godzilla en référence à son rôle d’acteur dans les films de série B du père. L’histoire racontée de cet homme au visage caché représente une mise en abimes des errements adolescents. Est-ce un être imaginaire ? Un vrai monstre ? En tous cas, la rencontre arrive au bon moment : « Je me sens gamin, adulte, apaisé, en colère. Je me sens prêt pour l’aventure. » N’est ce pas ce qu’il faut pour déplacer des montagnes ?
La mort est abordée mais surtout l’absence, la mort vue par ceux qui restent. Une jeune femme accompagnée de son père mourant fait tous les enterrements, pour se préparer, le temps serait immuable, nous seuls serions en partance, les morts seraient alors libérés des entraves (desquelles ?). Pour les vivants, une seule tristesse possible : rater le présent !
Notre venue au monde, le cataclysme que peut être notre arrivée pour ces parents peu préparés, est ici face à la vie de l’individu en devenir : est-ce qu’il en a qui sont fait pour vivre, pour mourir ? Est-ce qu’il y a un temps pour arriver au monde ?
La vie en bilan, de ce monstre caché, le Godzilla, concentré de toutes les erreurs humaines, fait défiler les propositions de fuite d’une vie, des manières pour devenir, soi, un monstre. Un élan vital nous prend alors, peut-être pas à ce point là : « Je comprends soudain (une pensée qui me semblera aberrante au réveil, et dont je peinerai en vain à retrouver le sens profond) que pour devenir le plus fort, pour faire peur aux gens, pour que les gens vous respectent & vous craignent & vous vénèrent & vous fuient, il faut avoir beaucoup souffert, être parti sur les chemins brûlants –être revenu. »
…mais au moins de ce dire que chaque adolescent peut revenir de ce néant. Juste pour ne pas dire : « Il s’est trompé de vie- ou sa vie s’est trompée. »
Lily nous offre aussi une belle proposition de lecture de ce livre . Merci Lily de ce livre voyageur. Cathulu a aussi été emballée par ce roman sur la souffrance des êtres en devenir.
Juste un regret, j’étais prête à aller plus avant inspecter mes monstres intérieurs. La peur de la décrépitude, le regard des autres, la difformité physique ou le hors-norme intellectuel. Ce livre propose un passage de l’adolescence à l’âge adulte… j’aurais aimé aller encore plus loin dans l’idée d’une vie sans choix possible : l’adolescence est un passage à vide ou tellement confus que souvent nous ne voyons pas d’avenir à cet adulte que nous ne sommes pas encore. Cela permet alors de chercher par soi-même ses propres réponses ou comment nous sommes passés de ce monstre en devenir à un autre (monstre humain) ou tout simplement un individu en 3D, avec de la substance.
6 commentaires:
Merveilleux billet Vanessa, qui m'ouvre encore d'autres perspectives sur ce très beau livre :)
(bien envie de le relire !)
Les Kindertotenlieder - les chants pour les enfants morts - font partie de ces oeuvres que je ne peux pas écouter dans n'importe quel état, sinon je suis en miettes. Oeuvre ambiguë s'il en est de la part de Mahler.
Je n'ai pas lu ce livre dont tu parles si bien, jolie demoiselle, mais je retiens certaines phrases de ton billet vibrant.
"Est-ce qu’il en a qui sont faits pour vivre, pour mourir ? Est-ce qu’il y a un temps pour arriver au monde ?"
Le monstre, c'est l'aristocrate, c'est celui qui dérange l'ordre social, la convention, et l'adolescent est tout ceci. Certains adultes demeurent monstres et je suis portée davantage vers eux que vers sont qui sont polis par la société.
"Une ombre le jour
la nuit une lumière
tu survis dans la plainte
et ne meurs dans mon âme..."
Merci Vanessa pour ces mots.
Lily: c'est très flatteur!
Holly golightly: tu ne seras pas étonnée de savoir que je suis beaucoup plus attirée par eux aussi... le polissage n'est bon qu'en sculpture et ébenisterie!!
Tes mots me parlent beaucoup...il faudra leur laisser une porte ouverte plus tard, en interaction réelle avec les miens ;-)
Il est vrai que ce livre laisse un peu le lecteur sur sa faim mais peut être est-ce au lecteur de le terminer à safaçon...
"le polissage n'est bon qu'en sculpture et ébenisterie!!" : en effet et une jolie formule en prime !
Cathulu: oui c'est cela...et puis si la cible des lecteurs est l'adolescent, il ne faut quelques fois pas aller trop loin avant de connaître vraiment leurs errances.
Holly golightly: si je pouvais polisser de mes mains aussi...
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