- John, tu en as mis du temps pour trouver une boite d’allumettes.
- Les allumettes, ça n’est rien, répondit papa, le plus difficile c’était la boite »
Raymond QUENEAU
J’ai préféré attendre quelques jours après la lecture pour parler de « Pékin est mon jardin » de Lisa BRESNER.
Une de ses amies dit de son œuvre qu’elle est d’une richesse incroyable. Je confirme que chaque page offre pêle-mêle des inventions, des réflexions, des beautés.
Nous arrivons dans la vie d’une jeune fille de 13 ans, Lu, intelligente et en dehors des normes établies. « Si j’écris, c’est aussi parce que je ne vais pas faire mes devoirs ce soir. Je n’ai rien appris aujourd’hui. Les blouses courtes (c’est comme ça que j’appelle mes profs) racontent que j’ai trop d’imagination, mais que je ne suis pas en échec scolaire. Ils m’ont rangée dans la catégorie des cas à surveiller. » Son père part après une dispute familiale juste avant de lui offrir son cadeau d’anniversaire…un cadeau qu’il a commandé dans le magasin chinois d’en face, celui qui tente tellement Lu.
Sur les traces de son père parti en Chine (mais qui reviendra la chercher pour l’y emmener, c’est sûr) et de ce cadeau en attente, l’auteure nous offre un tableau de quelques années…de ses quelques années peut-être.
Lily, qui m’a proposé son livre voyageur, vous met l'eau à la bouche.
Ce livre fourmille de mots justes, de réflexions sur l’existence, l’amour et la passion, la Chine, la spiritualité chinoise et l’écriture. Des figures découpées dans les livres références d’une thèse pour que l’auteure de cette dernière soit obligée de les ouvrir et non de les épousseter par convenance. De la vie quotidienne détaillée comme un tableau, rempli de sens, de la toilette jusqu’à la manière de cuisiner… « (…) tout était posée par terre. Il n’y avait ni chaises ni tables ni étagères, pas le moindre meuble pour poser un objet ou un membre. Seuls le coffre et notre lit trônaient au milieu de la pièce. Le premier m’était inaccessible, le second m’était offert. Ce lit, qui occupait le centre comme la Cité interdite au milieu de Pékin, déterminait la distribution de nos ustensiles et de nos rôles quotidiens. Nous vivions assis par terre, accroupis sur nos talons, allongés, étirés, sur les genoux. Nous étions sans cesse dans une position qui rappelle celle de tous les hommes qui prient un dieu dans ce monde. »
*source photo
De peinture comme un paysage vivant, fait du souffle de vie : « - D’une toise sont les montagnes, d’un pied les arbres, d’un pouce les chevaux, d’une ligne les hommes. Lointains, les arbres sont dépourvus de branches ; lointaines, les montagnes sont privées de rochers ; lointains, les hommes n’ont pas d’yeux… Connais-tu la merveilleuse histoire de ce peintre dont le paysage était si parfait qu’il était entré dedans et s’y était perdu ? »
Lisa BRESNER, l’auteure, est morte il y a peu, à moins de 40 ans. Sinologue, passionnée et professeur de chinois, calligraphe à ses heures « non » perdues, elle nous laisse quelques livres qu’il faut s’empresser de lire…pour apprendre sur la Chine mais surtout sur nous.
« - Je me sens comme un œuf ou comme un œil que l’on a planté dans la terre. Après, il pousse et je grandis en arbre avec des feuilles blanches autour. Tout le monde vient m’écrire dessus…
- Tout le monde ?
- Oui, parce que le vent emporte tout sur son passage ! Il est invisible, personne n’hésite à parler ou à mentir, car nul ne peut deviner sa présence. C’est du vent ! dit-on toujours. Mais attendez que ce souffle invisible se lève et déchaine une tempête, lui qui a retenu toutes les phrases belles ou regrettables, lui qui n’a pas besoin de mémoire pour se souvenir, lui qui n’a pas besoin de corps pour tout détruire ! Oui, c’est bien la puissance du vent ! C’est lui qui souffle dans mes branches toutes ces phrases belles ou regrettables. Alors, je deviens chargée d’histoires sans le vouloir, c’est ainsi depuis ma naissance. Attendez, monsieur, ça c’est l’histoire de ma vie, pas celle de ma tête ! »
Ci-joint un petit reportage avec un autre écrivain sur le désir d’écrire,
je ne peux que vous enjoindre de visionner toutes les vidéos proposer par le profil Lisa Bresner, de visiter le site de l'auteure ou de suivre les traces de Lily… Merci encore Lily!
« J’ai l’impression de vivre avec trop de sens »
11 commentaires:
Très joli billet, merci Vanessa !
Je savais bien qu'à ton ton tour tu aimerais Lisa Bresner :)
Si vous vous mettez à deux, je ne peux que craquer ! :)
Je le note derechef!
Hello Vanessa,
tu peux peut-être l'envoyer à Cathulu ?
Belle journée :))
Lily: oui j'aime beaucoup et je compte bien ne pas m'arrêter là, ses livres de chinois et pour les enfants me tentaient aussi...
Cathulu: tu peux...il arrive!
Katell: oui je pense qu'il et à lire!
Lily;: entendu! et avec grand plaisir!
pfff!hier soir, j'ai lu ton résumé, ça m"a plu, alors j'ai suivi les liens, de lien en lien, j'ai dcouvert l'histoire de Lisa, et j'ai fini en pleurs sur le clavier...très mauvaise nuit; elle me hante...je vais la lire...je pense à son ptt garçon, à son beau sourire sur les films ....non, pas le droit de mourir, Lisa! fallait pas.....triste, triste, je suis...
Amélie-note: bienvenue entre mes billets! Oui son histoire est tragique, je suis désolée de t'avoir emmenée vers des informations qui t'ont fait passé une mauvaise nuit...pour sonsouvenir rien de mieux que de la lire...romans, cours de chinois en livre, livre pour enfant roman érotique etc...
je pense que je vais adorer ses écrits -à lire tous vos comm' et analyses- et alors je pense à tous ces manques, toutes ces histoires qu'elle ne nous offrira pas, ces rencontres impossibles...
"[elle]en a décidé, [elle]seul[e] avait le droit"..ces mots de Barbara trottent ds ma tête...
ne sois pas désolée,vanessa, merci au contraire...je vais m'en remettre et essayer de regarder le côté positif de choses(connaître un auteur de plus ) mais pour l'instant c'est dur-de-dur..
sinon, bravo pour ton blog que je fréquente quotidiennement...(sf là, je pars une semaine, donc ne t'imquiète pas: je reviendrai)
Amélie-note: la découverte en valait la peine, c'est sûr! Et bonnes vacances. Merci aussi de ta fidélité et d'avoir osé êtreprésente entre mes billets.
tu te rends compte qu'en disant que l'auteur est morte...tu me coinces!!!??? ;o)
Lamousmé: ah ben voilà, coincée!
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