jeudi 4 août 2011

Thés guérandais et les turbulences enfantines

J'y étais allée la dernière fois sans même m'arrêter aux salons de thé. Francine, celle à qui je pense à chaque fois que je vais dans un lieux de thé, celle qui m'a convié à ces rendez-vous dans les "maisons", entre dégustations et partages, avait pourtant parlé d'un salon là, le "Salon Céladon", celui qui me faisait de l'oeil d'ailleurs, ne serait-ce que par la texture de ses tasses, le céladon. J'aime énormément cette "porcelaine verte", qingci en chinois. J'aime cette teinte, cette douceur du vert comme du velours glacé sur une feuille de sauge.
Ce qui me plait énormément dans cette céramique c'est aussi la nature qui persiste dans toute sa puissance. D'une part, nous admirons le travail de l'artisan, dans la forme et le lissage de la matière, et surtout la glaçure laisse apparaître, à la cuisson et au fur et à mesure des infusions, des fissures. J'aime assez ce côté "patine" qui à force donne une teinte aux fissures blanches. C'est d'ailleurs ce qui me plait le plus dans la céramique, le raku aussi, cette matière qui ne se maîtrise que pour montrer son côté brut ou ces fissures dans les coulures ou la glaçure.
Mon compagnon m'avait offert mes deux tisanières/mug coréennes mais j'avais eu envie lors de cette dernière visite à Guérande d'en acquérir une autre...

Cette fois-ci je me suis aussi retenue, pas complètement tout de même: nous nous sommes enfin arrêtés pour boire au "Salon céladon". J'ai aimé ce Pu'er impérial servi en céladon, ces sabliers colorés permettant là d'attendre l'infusion optimale de 5 minutes.

Il était aussi agréable de partager avec les deux hommes sensibles aux thés mais buveurs de chocolats chauds.
Un thé ample, prononcé, aux odeurs de cuir, d'étable, de terre. Le lutin a cru y reconnaitre le grillé de "ton thé grillé du restaurant japonais, maman!" Oui, il y avait bien comme une cuisson végétale, de bois ou de terre chaude après l'orage. J'ai aimé, même s'il n'avait pas humé ou goûté juste, qu'il y ressente une similitude. C'est déjà une sensibilisation.

Et puis, comme je prends des photos, voilà le loupiot empruntant l'appareil et me shootant en pleine dégustation (j'aime sa photo de début de billet).

Et puis il y a les débordements des enfants.
C'est amusant mais une citation dans le second salon de thé rencontré le marquait: avoir des enfants ne fait pas de nous des parents. Et pourtant c'est à la naissance des enfants que nous devenons parents. Mais cette parentalité est une aventure de tous les instants.

La dégustation de thé avec un enfant, avec le notre, est pour moi très difficile.
Il n'a rien du petit garçon modèle que j'ai été en version fille, et je lui en suis gré. Je n'ai effectivement pas envie de cette "sagesse" affichée qui n'est qu'un masque d'esprit emprisonné dans des conventions. J'étais muette, docile, droite et polie, parce qu'il le fallait, il sied bien à une petite fille que j'étais. J'ai l'impression d'avoir été une "enfant grave", trop sérieuse. Et quand l'entourage le dit du lutin, j'ai comme une boule au cœur! Il n'est donc pas immobile, il parle sans arrêt et est peu concentré. C'est l'âge et c'est aussi une liberté d'être que nous souhaitions pour lui... avec des limites sonores en public, et aussi avec mes propres limites et tolérances.
Alors oui, il est impétueux et j'ai du mal à conserver mon calme, comme s'il fallait le canaliser, le maintenir. J'aime qu'il parle, chante, même s'il s'agite... mais à mi-voix, presque à demi-gestes. Les alternatives pour qu'il reste "tranquile" sont là, toujours,

ici une chasse aux lézards sur les remparts de la vieille ville... ou la chasse aux trésors pour trouver, une fleur, un chat, une cabane.

La dégustation du thé est encore un pire moment avec les turbulences enfantines. Celles du notre! Je suis sur la défensive éducationnelle. En rapport à mes propres tolérances, en rapport au regard des autres pour qui les enfants dérangent ou qui les souhaitent "transparents". Mais aussi en défi permanent pour être respectueuse à son encontre tout en conservant les limites du confort des autres à proximité.
Et encore plus parce que le thé se boit doucement, lentement, de manière concentrée. Et que là je ne le suis pas.

Alors la seconde visite à un salon de thé fut plus mouvementée. J'ai cependant pu déguster un Huo Shan, thé jaune chinois de la région de Anhui, au salon "Goût'thé", sous le feuillage du tilleul.

Entre deux regards inquiets, son parfum et son arôme, doux, sucré et végétal, désaltérant et presque acidulé m'ont ravie. Juste avant que je ne laisse mes papilles à une saveur de rhum et de sucre plus affirmée et agressive (en rapport au délicat du thé) avec une part de gâteau nantais (excellente pâtisserie).

1 commentaire:

Francine a dit…

Une fois encore, tu m'as fait rêver chère Vanessa: je m'imaginais partager un thé dans ce salon que j'aime. J'ai été très touchée aussi (comme chaque fois) de ta réflexion à propos de ton fils...