mardi 29 septembre 2009

Subtilité du trait pour malaise enfantin... pas si enfantin d'ailleurs

Il y a comme ça des univers d’auteurs qui vous troublent, qui vous touchent et dont vous savez, à l’avance, que la lecture va en être délicieuse. Il en est de même pour les livres jeunesse. Kitty CROWTHER trône dans mon palmarès bien-sûr mais elle n’est pas seule. Claude K.DUBOIS est une auteur/illustratrice que je suis avec immensément de plaisir. Ses associations avec d’autres auteurs sont toujours de très forte qualité, avec Carl NORAC, RASCAL entre autres.

J’ai un faible pour les deux livres suivants, où cette auteur est seule à la barre. « Le nuage » et « Pas belle » donc de Claude K.DUBOIS.




« Le nuage » est l’histoire de cet enfant sur qui un nuage de tristesse s’abat tous les jours. Le garçon se fâche, est triste et reste seul. Seule avec ce malaise, ce mal-être. Seul et sans amis, parce que c’est dur de l’oublier ce nuage, parce que cela fait peur aux autres. A tous les autres… peut-être pas.

C’est une histoire très courte, le graphisme en est le langage, accompagné de très peu de texte. Alors si la magie des dessins de K.DUBOIS opère aussi sur vous, vous y verrez de la finesse, de la sensibilité.



« Pas belle » est un vrai coup de cœur ! Beaucoup plus dense, plus écrit, plus complet, plus délicat aussi que « Le nuage ». Stéphanie ne se sait pas belle. Oui, elle y a réfléchit, elle n’est pas aussi jolie que sa copine de classe, pas du tout comme les femmes/filles des magazines. Bien sûr son père dit que si mais c’est un papa, il l’aime et n’est pas objectif. Et les qualités de cœur ? Oui importantes, mais est-ce suffisant ?

Ce petit livre retrace la réflexion de Stéphanie. Le vague à l’âme est constant avec les prises de conscience d’une société tournée vers une norme de beauté, avec les facilités, l’attention que toute personne jolie provoque. Cette déconsidération de soi, de son image par rapports aux canons de la société, de la télévision que peut avoir toute petite fille à la puberté et juste après. Est-ce que ce serait mieux d’échanger ses qualités contre la beauté, plus « visible ». Est-ce que les parents préfèreraient une petite fille jolie ? Est-ce que les amis, la maîtresse et les garçons la prendraient alors en affection ?


Il faut toute la patience d’un père, toute la finesse des propos et quelques petites mises sur la voie pour que Stéphanie retrouve le sourire : un coucher de soleil, une vieille poupée… enfin pour se sentir bien avec soi et le regard des autres. Le graphisme est tout en subtilité, noir et blanc pour les flash back, sépia pour la vie.

L’autre, son apparence comme « un pays à découvrir », pas une plage ouverte aux touristes, un endroit rien qu’à soi où l’on aime revenir. Partout les mots sont justes, pertinents, poétiques. Ce petit livre dégage une philosophie qui me touche énormément, je le recommande à toutes les petites filles, en particulier, aux femmes aussi pour réapprivoiser leurs reflets, aux petits garçons qui vont être aussi pris dans le jeu des images de société et aux hommes, futurs papas ou simples amateurs de femmes pour se conforter, aussi, à leurs dire des mots doux.

Et Lily, j'attend ton billet ;)

vendredi 25 septembre 2009

Des fèces, encore: comment, où et après

Mais bien sûr ! Le petit loup ne déroge pas à la règle : les excréments sont du plus grand intérêt pour lui. Oui, nous avions commencé il y a bien 6 mois. L’approche du corps humain et le passage de la pomme avait fait son effet : « compote, passe dans la bouche, le ventre, le pissou et les fesses ! » Oui c’est ça mon amour. Au fur et à mesure, le système digestif était encore plus explicite mais l’intérêt était encore grandissant.

Qu’à cela ne tienne ! Le pop up « De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête » de Werner HOLZWARTH et Wolf ERLBRUCH est arrivé jusqu’à nous.


Katell m’avait inspirée. La petite taupe fait le tour de ses voisins animaux pour savoir à qui appartient la grosse crotte qu’elle a sur la tête… la chèvre, la vache, le lièvre, le pigeon etc…
Les déjections se suivent et ne se ressemblent pas : couleurs, textures, tailles et même nom.

Crotte de chèvre, de lièvre
Crottin de chevaux ou d’éléphants
Bouse de bovins
Fiente d’oiseaux
Chiure d’insectes
Laissée de porcins
Fumée d’antilopes
Guano des oiseaux marins et chauve-souris
« Les Touaregs distinguent différents types d'excréments animaux en fonction de leur consistance et de leur forme: taferkit, la bouse de vache, agharrag (plur. irgharragen) la crotte moulée du chameau ou de la chèvre, idifi la fiente, excrément liquide (notamment des moutons et brebis), amezzur, le crottin d'âne ou de cheval. » (source de l’extrait)

Soit des traces et indices (lire ici aussi les détails de l’éditeur)

Mais c’est vrai que pour l’instant le mot caca revient très souvent et les languettes à tirer font la plus grande joie du loupiot, en attendant de trouver intéressante l’idée de repérer les animaux sauvages à la trace, les excréments étant des indices forts concluants. Et ne parlons pas de l’utilisation des déjections… le lombricomposteur sera peut-être le premier mais peut-être aussi le dernier.

Et puis parce que le caca humain est aussi des plus intéressants, « Le grand voyage de monsieur caca » et « Le nouveau voyage de monsieur caca » de Angèle DELAUNOIS et Marie LAFRANCE sont arrivés.


Le premier repend le parcours interne d’une pomme vers la fabrication du caca. Je trouve ce petit livre explicite et très bien fait. Toutes les étapes sont là : la salive et le travail des dents, les enzymes et acides dans l’estomac, le supermarché dans l’intestin grêle pour les globules rouges et l’amalgame ainsi formé : œsophage, estomac, foie, intestin grêle, colon et rectum sont présents. Et plouf !


Le second part de la brasse coulée dans les toilettes, va dans les égouts, dans l’usine de traitement des déchets et vers sa nouvelle vie… de compost. Katell en parle très bien . Les différentes étapes pour assainir les eaux usées sont présentées, avec différents bacs de dépôts. Elles sont claires et aident à mieux saisir le processus. Et ce qui est encore plus amusant et instructif c’est l’utilisation finale : monsieur caca encore présent sans être vu, le cycle de la matière nutritive.
Et si nous étions Touaregs avec les taferkit, idifi et autres, de nombreuses possibilités s’offriraient à nous : les quelques exemples que vous trouverez sur ce lien « montrent les multiples usages que font les pasteurs touaregs des excréments de leurs animaux, que l'ont peut considérer comme un des sous-produits utile de leur élevage. »

Petits remèdes macrobiotiques aux petits maux quotidiens

Allez pour ne pas reproduire l'erreur commise (faire des doublons dans mes petits remèdes macrobiotiques aux petits maux quotidiens), voici un index:

Boisson yang pour un rhume ici et
Boisson yang contre la fatigue qui vous prend les tempes et vous barre le front
Boisson pour hygiène digestive
Infusion de radis noir et gingembre pour faire baisser la fièvre et dissoudre les mucosités

Pour faire passer le rhube: une boisson yang

Un rhume s’installe de plus en plus… le nez coule, l’éternuement est lancinant. Avant de prendre rendez-vous, une petite boisson macrobiotique, je vous la rappelle.

Boisson yang pour gros rhume :
Pour une bonne tasse :
1 cuillérée à café de kuzu
1 prune umébosis
1 cuillérée à café de tamari (ou shoyu)
1 noix de gingembre
De l’eau pour une tasse



Délayez le kuzu dans un peu d’eau froide. Rajoutez la chair d’umébosis et gardez le noyau pour après. Mélangez bien et rajoutez le reste d’eau et le noyau d’umébosis. Faites bouillir tout en remuant : le liquide doit passer du laiteux au transparent. Rajoutez le tamari et le gingembre râpé. Buvez bien chaud et finissez par sucez le noyau d’umébosis.

jeudi 24 septembre 2009

Apprendre à écrire

Le petit d’homme ne ressent pas encore le manque de communication et d’adaptation qu’implique son analphabétisme. Il ne sait pas lire et encore moins écrire et c’est normal pour son âge. Son élan vital ne le pousse pas encore à déchiffrer les lettres (ou si peu) et encore moins à vouloir les reproduire. Il utilise énormément sa communication verbale et son environnement ne lui montre pas encore qu’il lui faudra acquérir d’autres connaissances pour être libre.
C’est avec un peu de surprise que je l’ai vu tout de même très intéressé par cette histoire que son papa lui a offerte. Mais c’est vrai qu’en plus du thème, le reste est succulent. « L’histoire du lion qui ne savait pas écrire » de Martin BALTSCHEIT et illustré par Marc BOUTAVANT.



Un lion heureux dans sa jungle, où il est le roi et fait sa loi, découvre un beau jour que savoir écrire lui offrirait des merveilles, une lionne qui lit : « Une lionne qui lit, c’est une dame. Et à une dame, on écrit des lettres. Avant de l’embrasser. ». Il décide donc d’ordonner à ses esclaves animaux l’écriture de la chère lettre. Mais là catastrophe, chaque animal a des conditions de vie différentes et faire du charme pour un bousier, un hippopotame ou autre, est à distinguer d’une belle proposition faite par un lion : parfumer de bouse, manger des algues etc… Le lion se rend compte aussi que même les animaux plus proches de son chainon alimentaire n’offre pas la lettre dont il a envie. Il a envie de dire des choses tendres, que seul lui peut exprimer.


Ce livre est une belle manière d’expliquer ce handicap majeur qu’est l’analphabétisation à l’âge adulte (ou l’illettrisme, apprentissage effectué mais perte de ses compétences pour des raisons quelques fois psychologiques ou sociales). Il montre aussi que même des personnes aux pensées similaires ne proposeront pas forcément la même communication, la même action. Je dois dire tout de même que ce livre parle de la chaine alimentaire des animaux : le crocodile mange la girafe (et un bout reste sur la page) et le vautour parle de cadavres à dévorer avec passion. Si vous ne voulez pas installer cette discussion, attendez encore un peu que votre enfant grandisse !
Cet album est aussi fabuleux pour ces illustrations. Marc BOUTAVANT propose des aplats de couleurs, des passages où la pénombre (et les personnages juste en ombre) est pertinente. Les attitudes des animaux de la jungle dépendent du lion : la fuite, se cacher, être interpellé…

et j’aime beaucoup le visage du lion, qui devient expressif au fur et à mesure, de stupéfaction, de colère, de tristesse. A l’inverse des photos que je vous propose là, les illustrations sont très colorées : du rouge et du rose très souvent, du noir aussi…

mercredi 23 septembre 2009

Se brosser les dents en s'amusant 2/2

ce duo détonnant que j'aime retrouver à la télévision à voir là (ils ne supportent pas de venir sur mon blog les coquins)

et une autre technique, plus scientifique si ce n'est plus rock:

Se brosser les dents en s'amusant 1/2

Allez zhou, un pipi, le dernier lavage de main, le dernier brossage de dents, un verre d'eau et au lit!

Oui mais pour se brosser les dents j'avais encore besoin d'astuces et de petits bonheurs du soir à lui montrer. Parce que oui c'est bien cette brosse à dent aux pieds palmés, ce dentifrice au goût fruité mais la répétition et surtout la technique manquait encore un peu... alors entre quelques chatouilles sur la langue et sur le palais... de quoi s'amuser un peu.

Déjà ce duo père-fils, Pablo et Oliver:






... les autres arrivent sur le prochain billet

Une page lue chaque soir… au minimum

Mince, j’en ouvre encore un, de blog ! Et bien oui, les trois existants ne me suffisent plus.

Je Suis Comme Je Suis représente mon intégralité, tout ce que j’ai envie de partager, c’est le seul qui mérite d’être ouvert pour ce droit à l’originalité qui est le symptôme actuel de notre population. Je l’avais ouvert par égoïsme, pour ne pas rester cloitrée dans mes idées, mes envies de partages, ma tête trop pleine de mots non sortis. J’avais confirmé être plus qu’éclectique et petit à petit certaines autres approches se sont révélées pressantes…

Pour le plaisir d’une mikka-bozu reprend toutes les idées non abouties, tous ces cadeaux virtuels qui peuvent devenir réels. Un consumérisme assumé même si quelque fois je suis un peu honteuse de souhaiter tant. Je reprends toutes mes envies d’achat pas faits sur le champ. Pour justement jamais les faire… ou pour que mes proches sachent piocher dans des goûts, pas restreints mais affinés.

Apprendre un autre alphabet alimentaire est arrivé pour décharger mon blog principal de ces recettes qui n’avaient plus lieux d’être : trop imparfaites, sans finesse (ni dans la photo, ni dans le processus, ni dans le contexte ou l’enrobage). J’ai ouvert cet autre blog aussi pour les retrouver, pour réorganiser ma vie de cuisinière et mettre un à un toutes les astuces pour cuisiner plus « vivant » et apprendre à le faire au quotidien. C’est aussi un espace d’essais culinaires avec des variantes un peu bizarres, au fil du temps j’en dirais plus.

Et puis ce dernier qui semble être juste un archivage littéraire du principal blog Je Suis Comme Je Suis : Une page lue chaque soir… au minimum. En fait, c’est un peu cela. Une manière de mieux s’y retrouver, vous… et moi. Une solution aussi à mon insatisfaction de ne pas parler de tous les livres lus.
De la même manière que pour toutes mes « interventions », je ne prétends pas intégrer la communauté des blogs littéraires de qualité. Certains le font bien mieux que moi.
Je ne pense pas que mes billets constitueront plus des critiques au sens professionnel mais juste une autre lecture entre les lignes, personnelle et quelquefois passée au travers de mon filtre de vécu. Pas beaucoup d’indication sur le style, ni sur l’auteur (voire un néant total de ce côté-là). Pas de résumé ni de quatrième de couverture. Pas de moment prévisible de lecture : si jamais je lis un livre de la rentrée littéraire, ce sera presque un hasard. Je me laisse le droit de lire des livres parus depuis… des lustres. Je me laisse le droit de ne faire que picorer, de mélanger les styles.
En fait, ce sera une manière de retrouver, à tout moment, les livres billetés sur ce blog (oui, oui des doublons) et d’offrir des extraits (là juste sur ce nouveau blog) plus souvent voir juste une note de lecture rapide. Il vient de naitre, il n'a pas encore pris vraiment son envol mais je vous présente sa petite vocation.

mardi 22 septembre 2009

De quelle couleur est-ce, maman ?

Les couleurs sont une notion pas encore maîtrisée par le loupiot. Je n’ai pas trouvé l’accroche, j’ai du trop attendre de faire moi-même une boite de couleurs à la Montessori avec un des nuanciers de ma maman peintre. Pourtant deux approches se sont offertes pendant nos lectures du soir.



« Le magicien des couleurs » d’Arnold LOBEL tout d’abord, graphiquement codifié aussi. Le magicien agacé par son monde trop gris pratique la magie pour sortir de cet univers maussade. Par hasard, il découvre le bleu. Pour égayer sa maison, il la peint de cette superbe teinte.

Tout de suite suivi par le reste des villageois… les maisons mais aussi les arbres, les vaches, les coccinelles, les écureuils. La mode du bleu pour un monde heureux ! Mais tout en bleu a aussi des conséquences sur les sensations et le comportement. La mode du bleu passe pour la mode du jaune, puis du rouge jusqu’à…
Cet album offre une dérision sur les couleurs normales des choses : une coccinelle bleue, un cochon jaune, un chat rouge autant que les poissons. Et l’application exhaustive d’une seule couleur propose une lecture de nos réceptivités au monde :

bleu tristesse, rire jaune chez le dentiste, jaune éblouissant, rouge colère…

pour apprendre la demi mesure. Malice nous en parle .


« Monsieur le lièvre voulez-vous m’aider » de Charlotte ZOLOTOW, illustré par Maurice SENDAK, apporte une autre sensibilité, les couleurs ne sont pas affichées dans l'album, elles sont presque juste évoquées. La petite fille souhaite offrir un cadeau pour l’anniversaire de sa maman mais ne sait pas quoi.

Elle demande de l’aide au sage lièvre.
« - Je voudrais lui offrir quelque chose qu’elle aime bien. - Quelque chose qu’elle aime ! Ca, c’est un beau cadeau, dit le lièvre. »
« - Le rouge ? Tu ne peux pas lui offrir du rouge ? - Peut-être quelque chose de rouge, dit la petite fille. », s’ensuit les objets rouges, jaunes, verts et bleus.

La poésie de l’offrande est là avec cette sensibilité aux belles choses mise en appositionsavec les pierres précieuses, chères et pas si adaptées peut-être : des oiseaux (non pas en cage) ? Le soleil ? Les lacs ? Le ciel ? Une bonne manière de modifier notre vision du présent, le cadeau, et de notre prédisposition au consumérisme. Malice en parle .

Je n’ai pas fini de parler de Maurice SENDAK (dont je parlais déjà pour « Max et les Maximonstres ») et d’Arnold LOBEL mais ce sera plus tard. Je ne peux m’empêcher aussi de penser à cet album qui n’est pas encore chez nous… les couleurs tactiles du « livre noir des couleurs » de Menena COTTIN et Rosana FARIA… des couleurs d’aveugles, des couleurs d’atmosphère. Emmyne en parle magnifiquement .

lundi 21 septembre 2009

C'est quoi un jour sans ?

Etre sous le charme d’un livre jeunesse. Oh oui, cela m’arrive. Pas pour tous, pas à chaque fois, je ne sais pas ce qu’il lui faut : une dose d’imaginaire, une réflexion en dessous, des mots d’adulte… peut-être un soupçon de ceci et de cela. Dans mes fantasmes d’un jour écrire un livre jeunesse (voire plusieurs), j’aurais aimé avoir écrit celui-là.

*source image

« Mitsu un jour parfait » de Mélanie RUTTEN est d’une sensibilité extrême. Il revient souvent dans les « classiques » du répertoire du soir. Mitsu est cette crocodile bohème qui travaille chez elle et qui aime les petits plaisirs. Mais ce matin, rien ne va, elle s’est levée du mauvais pied.
Au cours de la journée ses amis essayent de lui changer les idées : une petite gourmandise, une porte ouverte vers une autre réalité (la vie vue d’en haut), un certain fatalisme (ou philosophie). Mais rien n’y fait, seule l’idée de l’aventure lui donne encore envie : au moins ailleurs elle ne sera pas aux prises avec son quotidien. Quelle déception de voir que personne ne se rend compte qu’elle part, là où les herbes ne sont plus aplaties par les pas répétés.
L’aventure est bien là, avec sa dose d’angoisse, de découvertes et de réconfort. L’aventure est aussi cette nouvelle rencontre à l’autre, ici Hervé l’écureuil.


J’y retrouve du Kitty CROWTHER*, à qui elle dédicace ce livre. Des crayonnés pastels, des héros animaux, des décors presque inexistants si ce n’est un ou deux détails : une cafetière, un fauteuil, une chaise… des objets de rituels journaliers.

Aussi dans ces menus détails qui marquent une vraie philosophie de vie : des petits bonheurs, des moments de partage, des collections de choses inutiles, des plaisirs gustatifs. Mais il ne faut pas s’arrêter-là.


Ce livre propose une vraie aventure, éprouvante et fondatrice. Au-delà des apparences, au-delà des peurs, aux delà même des conventions. Une réflexion sur nos valeurs, l’amitié et la joie de vivre au jour le jour.
« Oui, mais, Öko, c’est quoi un jour sans ? Un jour sans quoi ? »… de quoi créer avec son enfant des jours avec… et des jours sans pour retrouver le goût.

Mélanie RUTTEN a un site, n'hésitez pas à aller le voir, surtout que ses participation au "Jounal de Votre Enfant" méritent le détour (entre autres). N'hésitez pas à lire ici, ou aussi pour d'autres avis enthousiastes.

(*dont j'aime énormément le travail, voir dans la recherche sur ce média, colonne de droite encart jaune)

mardi 15 septembre 2009

Bretagne et Asie dans un breuvage... un thé bien-sûr

Cela fait longtemps que je n’ai pas ressorti mes ustensiles de thé. J’ai continué à en boire, au zhong nomade pendant les vacances. J’ai d’ailleurs une pensée pour ce Zhong nomade là parcourant le Canada.
J’ai bu des oolongs, des fumés aussi, le matin, le midi ou le soir, qu’importe. Mais ils ont été infusés à la va-vite. Je ne veux pas dire par là que je n’ai pas pris de plaisir. Mais préparer la table, sortir un zhong pour l’occasion, mon nez de porcelaine et ma tasse à déguster, choisir un contenant à mon infusion, retrouver aussi l’envie de prendre le temps, pas juste celui de boire chaud le breuvage mais surtout celui de le préparer.
Mais je n’y tenais plus. Des amateurs de thé n’ont pas arrêté de me faire de l’œil, j’ai dû décliner une proposition des plus alléchantes en superbe compagnie (je pense à vous Francine, Olivier, et à vos proches). Je n’ai pas pu, prise par les objectifs du quotidien, un stress familial pour un petit loup et sa première rentrée scolaire, un stress de santé pour la vision du lutin qui a dû sortir par n’importe quel temps, soleil éblouissant comme temps très nuageux, avec des lunettes de soleil.
Je ne peux pas dire que le calme est revenu. Je suis encore en attente. Pourtant ce matin, je m’accorde un temps pour moi, un temps où je ne lis pas de pédagogie, un temps où je ne me consacre pas à mon sort professionnel, un temps pour marquer « pause ». Demain sera un grand jour pour une amie, de ces étapes que je souhaite à chacun, de celles qui marquent, qui aident aussi à passer à une autre marche sur l’escalier de notre vie. J’ai envie de faire une pause pour me recentrer, pour savoir que moi aussi je gravis mes marches, moins apparentes, plus souterraines mais si présentes.


J’ai choisi un thé vert de Chine, un Lu Shang Yun Wu de la province de Zhejiang, « thé des monts nuageux ».
Il pleut sur Paris et les nuages sur la montagne m’inspiraient… vue embrumée mais odeur d’alpage, odeur de renouveau. L’odeur sous la pluie est toujours là pour me donner de l’ivresse. La fenêtre est grande ouverte sur ce petit 11°C extérieur.


Et puis j’ai choisi une note de sud Bretagne. Francine est allée sur Guérande où j’étais il y a 1 mois. J’avais moi aussi été subjuguée par la maison de thé sur la place, devant les sculptures des métiers… Je n’avais qu’une envie reprendre une tasse céladon… ou mieux encore un zhong céladon. Le macareux n’est pas de cette région mais je l’ai acheté là-bas et j’aime à l’imaginer sur les côtes escarpées. Et puis dans mes oreilles Yann TIERSEN (et ses comparses dont les incomparables Dominique A et Neil HANNON). Une musique qui pleine d’embruns, je vois les bateaux, les vareuses couleur brique des hommes, les phares et le vent.


Oui pas très asiatique tout cela. La liqueur me rappelle à l’orient. Et là encore je constate que mon manque de pratique des quelques derniers mois pèse. Mon odorat est léthargique, mes papilles endormies. Quel plaisir de réexercer ces sens, une manière de se réapproprier les sensations corporelles.

Les feuilles sont petites, vert-bleutées et ont un parfum de rose et de pêche. L’odeur sur le couvercle et dans la tasse à sentir est beurrée aux tonalités de fleurs blanches. L’infusion est beurrée, tapissante, avec comme un goût de suc de chèvrefeuille.


Allez un peu de Yann TIERSEN pour finir:

Yann Tiersen - La veillée
envoyé par Quarouble. - Clip, interview et concert.

et une autre musique, encore

Yann Tiersen & Têtes Raides -La noyée
envoyé par Quarouble. - Clip, interview et concert.

lundi 14 septembre 2009

Sans rentrer dans la psychose...

... un petit dessin animé pour expliquer la grippe A aux enfants. Cela peut toujours servir.

De la grammaire émotionnelle, sans étiquette mais avec de la CNV

Il est impressionnant de constater ce que nous apporte l’acte de parenter. Nous apprenons au contact de nos têtes (plus ou moins) blondes de multiples manières.
Pour certains c’est reprendre les bases d’une langue étrangère, revoir les règles de grammaire… cela viendra. Je prendrais beaucoup de plaisir à reformer mes bases lésées par un manque d’adéquation à l’éducation.
Il y a aussi cet énorme travail sur soi, que certains parents laissent en suspend par manque de prise de conscience, par peur, devrais-je le dire… par fuite. Le fait d’accompagner un enfant dans la vie, au quotidien, renvoie énormément d’émotions, rappellent notre éducation, délogent nos faiblesses, traquent les irrespects vécus dans notre enfance. Ce travail m’a pris beaucoup de temps, d’énergie… et m’en prends encore. Il a entrainé des nuits et des nuits d’insomnie, me débattant contre mes propres démons, contre moi en diablesse, mi-animal traqué, apeuré, en souffrance, mi-dragon, hurlant, vociférant, lâchant de nombreux cris primales sortis alors trop tard, pas à propos (et surtout source d’une violence verbale gargantuesque). Je continue ce long chemin vers une parentalité plus respectueuse.


Mais nos apprentissages sont aussi présents sur des manques. Avec le petit d’homme, j’apprends la grammaire émotionnelle. Je reprends ici le terme d’Isabelle FILLIOZAT dont je n’ai encore rien lu mais cette grammaire me plait dans ce qu’elle entraine de notions : connaissance et organisation, nouvel ordonnancement en fonction de notre objectif. C’est impressionnant de constater notre incapacité à distinguer nos émotions. Oui, oui, bien sûr la peur, la colère, la joie, la tristesse… mais n’est-ce que cela ? Bien-sûr que non. Nous avons un panel très large de sentiments. Mais j’ai toujours du mal à distinguer les nuances. Alors à chacun ses premières approches des sentiments.


Pour le lutin, des pictogrammes et images pour les sentiments de base qu’il peut rencontrer.

En support, je lui propose « Les sentiments » de Patricia GEIS et Sergio FOLCH.
Cela a été long avant qu’il comprenne l’histoire et la conséquence émotionnelle. Moi-même je ne trouvais pas le lien flagrant mais est-ce une faiblesse du livre ou un flou dans mes propres sensations. Ce livre propose une roue des émotions, permettant à l’enfant de dire ce qu’il est au moment où nous lui parlons.
Je regrette juste que les illustrations ne soient pas assez contrastées avec le fond coloré, visuellement c’est difficile de se concentrer. J’ai d’autres livres qui nous aideront à aller plus loin, d’autres proposent des histoires où les sentiments sont encore plus fins, ce sera pour plus tard.

Pour ma part, je lis « Les mots sont des fenêtres (ou ce sont des murs) » de Marshall B.ROSENBERG, entre autres.

Appréhender la communication non-violente CNV me permet d’apprendre à reconnaitre mes sentiments et de tenter d’y voir les besoins sous-jacents. De la théorie pertinente et de la pratique qui se fait attendre (par manque d’exercice ou de sérénité). La connexion entre besoins à satisfaire et communication sans jugements ni ordres est un apprentissage de tous les instants, qu’il me faut commencer, appréhender et continuer pour que le petit loup l’adopte aussi.

Les sentiments se sont plastifiés pour être manipulables et positionnables sur le réfrigérateur (ou ailleurs), sentiments satisfaits et insatisfaits. J’essaye de me familiariser avec les besoins de 9 familles différentes :
- Besoins physiologiques, bien-être physique ;
- Sécurité ;
- Empathie, compréhension ;
- Créativité ;
- Amour, intimité ;
- Jouer ;
- Repos, détente, récupération ;
- Autonomie ;
- Sens, spiritualité ;
Maintenant il reste à suivre les 4 étapes :
1/ observations des faits objectifs (sans jugement moralisateur, sans évaluation)
2/ sentiments, émotions et évaluation masquée
3/ besoins, valeurs et non envies ou désirs selon une stratégie
4/ demande qui va déboucher sur une action, stratégie, solution et non exigence

*source CNV

Et puis pour ne pas étiqueter notre loupiot, ne jamais lui laisser croire qu’il n’est que… pour ne pas l’enfermer dans un rôle au jugement de valeur, un livre pour se rappeler aussi, qu’en tant que parents, l’étiquetage est rapide, le manque d’écoute aussi. « Des mots plus légers » de Youn YOUNG-SEON et illustré par Jeun KEUM-HA, un vrai bijou !

Il est lent, timide, craintif, solitaire, meneur, maladroit, capricieux, déterminé…. un peu, par philosophie de vie, par grammaire émotionnelle différente et puis surtout avec poésie : les mots deviennent plus légers.
« Je dédie ce livre aux enfants qu’on n’écoute pas assez. J’espère toucher le cœur de tous les lecteurs, quels que soient leur âge, leur nationalité ou leur origine. Face à l’indifférence des adultes parfois trop occupés, les enfants ne parviennent pas à exprimer leurs sentiments et, peu à peu, referment leur cœur. Dites à ces enfants repliés sur eux-mêmes qu’ils ont le droit de crier : « Ecoute-moi ! ». Ensuite, écoutez-les. Leurs « maux » seront plus légers… »
Youn YOUNG-SEON.

Ainsi même lent, il aura le masque d’un pingouin qui prend son temps, même difficile le masque d’un wapiti conscient des notions de santé mais incapable de manger ce qu’il faut, même musicien le masque d’une tortue dansante et swinguante peu à la voix peu musicale mais à l’oreille fine et le cœur emballé, même maladroit le masque d’une chenille incommodante pour les papillons avant de devenir elle-même un papillon. Un masque animalier à prendre, a laissé de côté mais juste un masque éphémère. Une manière de se présenter aux autres au jour d’aujourd’hui… en attendant plus d’écoute demain. Ces animaux se rajouteront au gorille de la colère (ou du T-Rex), animal de compagnie depuis la lecture continuelle de « Les colères » de Catherine DOLTO.

« La lecture d’un album illustré est une sorte de « conversation » avec les dessins. Un album aussi profond que le regard d’un ami avec qui l’on communique sans parler est un livre non seulement pour les enfants mais aussi pour les adultes qui se souviennent d’avoir été enfants. » (extrait de cette édition Flammarion, collection « petits matins » : Expression, exploration, intuition, émotion… »)C’est pourquoi ils prennent une place toujours plus importante dans notre bibliothèque commune.

Rajout du 27/10/2010: un autre livre très bien fait à partir de 9 ans "Au coeur des émotions", je vous en parle là.

vendredi 4 septembre 2009

Glaner les pieds dans l'eau, les papilles éveillées

Pendant les vacances, j’ai lu page par page, relu, ce livre véritable trésor en la matière.

« Glaner sur les côtes de Bretagne, Vendée, Charentes, Gironde » de Bernard BERTRAND, illustré par Pascal LE ROC’H m’a été conseillé par Colibri (spécialiste de cueillette de plantes comestibles et sauvages et, autre corde à son arc, amatrice de sa Bretagne).
Ce livre se répartit en tranches de milieu en fonction de la salinité et de l’immersion dans la mer. L’estran est la zone de balancement des marais, il peut être rocheux, vaseux ou sableux. Au-delà de l’estran : plage, dune, falaise et roche. Les marais côtiers. Pour chaque milieu, une présentation de très nombreux spécimens est offerte en double page avec la spécificité, un peu d’histoire, comment le reconnaitre, quand et comment le récolter et comment le déguster.
Parce que oui, sous des dehors de livre accompagnant le randonneur amoureux de la nature, c’est aussi un livre d’accommodements gustatifs des produits sauvages. Les algues, les mollusques, crustacés ou gastéropodes de l’océan Atlantique, les plantes le plus près des côtes ou des marais.

Cela offre de nombreuses autres perspectives à une balade sur la côte sauvage. De quoi, avec éthique et respect de l’environnement en suivant quelques commandements, se nourrir toutes l’année rien qu’avec ce que la nature nous offre à notre porte : locavore et glaneur. Mais il offre aussi d'autres découvertes, de la collecte des bois flottés aux coquillages pour la décoration, à une proposition d'alguier extrèmement tentante, et quelques portraits de métiers et d'hommes de terrain: paludier, restaurateur avec les algues, décorateur et bijoutier, ornithologue, éducateur ou historien...



J’ai profité de cette lecture et découvert la criste marine, la griffe de sorcière, l’obione, ai reconsidéré aussi toutes les perspectives de l’onagre, du plantain. Je n’ai malheureusement pas testé les petites bêtes…

même si quelques palourdes dégorgeaient leur sable dans une eau salée avant notre départ, que des coques et des cheveux de mer (algues et non bébêtes) ont été trouvés sur l’estran et que quelques crabes verts (assez gros pour passer à la casserole) se sont pris dans nos filets (les photos ne sont pas celles des gros crabes verts).


Ce livre est foisonnant et si Colibri et Anh, métisse de Bretagne, auteure du très bon livre de la cuisine de toutes les mers (avec influence asiatique) dont je parlais là, le recommandent que demander de plus : Colibri nous en parlait là avec une balade en Bretagne et un nombril de vénus, Anh nous en parle avec l’émerveillement autour de l’élément eau ici .