Alors après avoir contempler ce que font les lettrés chinois au Musée Cernuschi dans la période Ming et Qing, Francine m’a emmenée dans un tout petit endroit, plein de thés et accessoires, Bonthés et accessoires.
Après, une pause repas à Thés de Chine, comme à la dernière rencontre avec Francine, nous avons pris le menu thé et vapeurs, toujours aussi fins…
Enfin un passage dans une boutique colorée, aux murs en faïence motif de ferme, colorée de ce vert si caractéristique mais plus encore, pleine de boites stylées, de décorations en laine mouillée (cette fois-ci des papillons dans la vitrine), d’étagères en bois de récupération ou flottés : ThéOdor. Je connaissais la marque pour avoir deux boites offertes, le thé « Madame » (fumé aux groseilles) et le thé « Je t’aime » (noir aux macarons), avec une réelle préférence pour le premier, le second réservé pour les envies de pâtisserie peu sucrée (comme la tarte aux pommes)… mais je n’avais aucune idée en arrivant là d’être à ce point emballée par notre hôtesse. Amatrice débutante, je m’en allais gaiement vers les thés natures. C’est vrai que depuis deux mois, je n’ai pas eu le temps de me poser et donc pas eu le temps de déguster à ma façon un thé. Alors les thés parfumés ont pris le relais. Plus abordables à une femme pressée et stressée, ils m’ont suivie sans que je me pose de question. Ce sont les thés offerts, les thés de Tea Time (avec une pâtisserie, mes thés natures sont bus seuls ou avec un soupçon de rien… une amande, une noix, une feuille d’épinard, oui, oui, un grain de raisin etc…). Ce sont aussi des thés bus en théière en porcelaine, pour tous, convives associés. Des thés aux parfums forts que je ne peux infuser pour moi seule qu’en prenant une cuillère à thé. Un thé de boisson plus qu’un thé d’apparat.
Mais seulement voilà. L’hôtesse, Nadia, étant ce qu’elle est, je me suis très vite sentie harponnée, dans le très bon sens du terme : un stimulus et après une discussion sur ma façon de boire qui m’a laissée presque sans voix (impossible je suis une grande bavarde). J’avais oublié aussi que le thé pouvait être festif, comme une madeleine de Proust.
Un petit test de choix de thés au départ, au nez surtout, pour que notre hôtesse se rende compte de ma sensibilité et ensuite, elle a pris le temps de reprendre avec moi les bases du parfumé. Le dosage thé noir (ou vert) et parfums naturels. Me dirigeant vers ceux qui étaient à ma portée d’accueil et d’adoption (pas la capacité à apprécier mais bien celle à trouver le thé juste à ce moment-là d’une journée, d’une envie), soit le pourcentage de thés le plus importants et des parfums plus en association qu’en compensation du thé. Sans avoir parlé de thés natures (ou si peu en indiquant boire beaucoup de Wulongs, une quinzaine de différents dans ma Théothèque), elle m’a entourée, enveloppée dans cette vision qu’elle a de moi amatrice de thé, les mots sont justes, les idées très claires et certains conseils évidents : thés verts japonais et Long Jing chinois… les autres ne reviendront plus (petite annotation personnelle : si peut-être encore un peu de thé de rochers, j’aime en ce moment). Sa manière de parler de thés commémoratifs d’une émotion, de thés colonne vertébrale pour se recentrer après des découvertes, est une façon de voir qui m’emporte loin. J’ai aimé sa façon, assez éloignée des orientaux, d’aimer le thé parfumé, de donner des pistes, de jouer à cache-cache, de proposer des retours en arrière… une psychologie fine aussi qui donne envie d’y revenir pour se sentir être quelqu’un qui se construit une personnalité de thé. De quoi choisir quelques thés parfumés pour être en bonne compagnie dans mes étagères, cette fois-ci choisis en connaissance de cause.