samedi 31 octobre 2009

Un jardin, trésor de l'enfance

La lecture de « Mon jardin » de Zidrou et illustré par Marjorie POURCHET est riche quand les souvenirs d’enfance reviennent. Ce livre jeunesse est d’une poésie fine.

Cet homme revient là où il a habité tout jeune, chez ses parents. Son passé défile par petites touches grâce à ce jardin, son royaume d’enfant. Il arrive par la fenêtre, les feuilles dans les arbres, le vent et tout revient.
Les aventures et leurs personnages, les sorcières, les pirates, les fourmis. Le végétal s’humanise, les détails deviennent la source de nouvelles histoires. Tour à tour explorateur, archéologue. « Je suis seul. Je suis plusieurs. » Et aussi enfant qui grandit au fil des anniversaires, des Noëls et des « petits » deuils.
Lieu où le réel est extérieur, lieu où l’enfance prédomine. Cet homme revient voir ce jardin devenu vieux d’avoir trop attendu un enfant pour jouer entre ses arbres. Tout tient maintenant dans une boite à trésors, tendue par des mains familières, apparemment les dernières vivantes en cette demeure.
Vous ne verrez plus le gravier des jardins de la même manière.

Et que dire des illustrations, fines, douces, de Marjorie POURCHET. Si ce n'est qu'elle nous entraine elle aussi vers une histoire, peut-être une autre, celle de l'enfance, d'un parcours de vie, des sentiments de solitude et des envies d'évasion.

vendredi 30 octobre 2009

Escargot de longévité et Mickey3D

Parce que j'écoute en ce moment le nouvel album de Mickey3D, en voici en extrait...

... et dire que l'escargot est un met choisi pour stimuler notre longévité dans le régime Crétois (voir ici), au même titre que les produits de la mer et, n'oublions pas, les herbes sauvages comestibles. Car le goya (sorte de courgette) et les raisins de mer, umi budo, seront sûrement appréciés par chez nous mais peu la face de porc du régime Okinawa (voir ici).

Bon et pour la vraie réflexion de Mickey3D, je vous laisse la deviner.

Sur les traces de Billy dans le brouillard et la nuit

Quand je l’ai acheté, j’ai tout d’abord cru que c’était une histoire pour grand. Vous savez les adultes, les ados… enfin quand l’insouciance est une notion plus aussi spontanée.

Et bien la première lecture de « Billy Brouillard, le don de trouble vue » de Guillaume BIANCO a bien été de ce style. Une lecture quasiment au premier degré.


Mais quel plaisir qu’à la seconde lecture, le texte se délie, les métaphores prennent place… et le livre devient celui d’un enfant de 7, 9 ans. Bon, c’est vrai, je n’ai pas de notion sur l’âge réel de l’enfant. En fait, dès que la question de la mort est venue sur le devant des réflexions.

Billy est un enfant myope, il voit mal sans ses lunettes. Petit garçon aventurier et très taquin avec sa petite sœur, sa vision floue devient une « trouble vue » et lui fait vivre des aventures extraordinaires, en plus du fait que jouer aux fléchettes sur les oiseaux est un vrai bonheur, peut-être mieux que de voir se noyer les fourmis dans de la bave chocolatée.

Mais tout commence vraiment à la mort de son chat Tarzan. Là, en prise avec la réalité, Billy va chercher dans ses références de quoi l’aider à comprendre. Le Père Noel, ce multi-centenaire, doit en savoir sur le sujet. Au fil des pages, le réel devient une illusion et nous suivons Billy dans un univers parallèle.

Il cherche dans les malles du grenier de quoi lui donner des pistes : un Magazine du bizarre est ainsi lu, puis une Cryptologie est créée de toutes pièces par Billy (en référence aux schémas de découpe de sciences naturelles et avec une volonté de tout reprendre, comportement, légende de morphologie, astuces pour ne plus être la cible de tourment). A chaque nouveau personnage, un poème en prose ou vers ou une étude détaillée et puis le fil du récit continue sur quelques mois. Le réel n’a pas d’intérêt pour Billy, seuls les personnages de la nuit, des cauchemars et des moments clefs du réel sont présents. Le garçonnet trouve les adultes bien décevants aussi, oublieux de l’enfant qu’ils étaient et du monde si étrange et fabuleux du fictif.

Que dire de ce fourmillement de notes, de références, de bonnes idées, d’allusions ou de métaphores. Des coups de cœurs à toutes les pages donnant envie de se référer au sommaire (qui nous joue un tour aussi… regardez les numéros de page... bon c'est vrai c'est tout petit: 13!). Des croquis et des tableaux gothiques, des poèmes que l’on peut lire aux enfants plus jeunes. J’aime particulièrement « La princesse et la flaque d’eau », poème sur l’hiver, la morte saison, la nature moins enchanteresse, et pourtant. Je me retrouve aussi dans l’extrait de « La nuit » de Maupassant. J’aime particulièrement les inventions de Billy : les serpents devenus vermicolles aux dents bien acérées, d’autres (potentiellement des futures mante-religieuses) que l’on ingère et qui donnent les gargouillis que l’on entend dans le ventre de son père quand lors de câlin nous avons l'oreille dessus. J’aime les personnages où l’influence de Tim Burton est flagrante mais pas que lui d’ailleurs (la petite fille aux couteaux rappelle le môme aux clous dans les yeux).Et puis ces reprises de vieilles coutumes ou superstitions : le croquemitaine, les vampires (dont une si douce, si gentille, se mordra jusqu’à la mort pour ne pas détruire une autre vie), la communication avec les esprits grâce à l’ouja, les auras etc…

Et puis ses conceptions de la reproduction humaine, la naissance et plus encore les graines de petites sœurs et un coupe-coupe-couette offert (parce que les bordereaux de commande et les anciennes publicités ne sont pas en reste). Parce qu’encore plus qu’une histoire honorant le fictif des cauchemars et des peurs enfantines, ce livre as
sez inclassable est une ode à la fraternité. Billy ne se gène pas pour embêter sa petite sœur, lui en faire voir de toutes les couleurs, la malmener et pourtant c’est de l’amour qu’il y a là.

Un vrai bonheur de lecture, de relecture. Et même si le graphisme, efficace, magnifique ert sombre, et certaines histoires peuvent choquer, je vous recommande les poèmes et les cryptologies prises seules. J’avais suivi là les lectures de Benjamin LACOMBE véritable prescripteur de merveilles et illustrateur/auteur d’autres. J’attends avec impatience des nouvelles de l’auteur, Guillaume BIANCO, dont voici le site, une petite voix m’a dit que ce sera pour bientôt.

Rajout: Emmyne n'y voit aucune tendresse et peu d'humour, un livre pour adulte, voir ici. A vous maintenant de vous faire votre idée!

Au revoir journal de bord de la mikka-bozu

Parce que Blogger est faillible, mon blog "Pour le plaisir d'une mikka-bozu" n'existe plus. Il est restaurable mais bon, après maintes et maintes demandes de vérifications manuelles pour en valider le contenu (non spam et non publicitaire), il a tout simplement disparu... mes billets ne sont plus visibles que par paperblog (et pour encore combien de temps ?).
Au revoir :
hommes parfaits
myciculture en cuisine
cuisines philosophiques japonaises
bols à riz ochawan ou autres
dissections en tricot
régal végétal
cuisine des 7 familles au cœur des pays et chez eux
peluches des organes du cœur ou de microbes
hôtel de jardin pour les insectes
moyashimon, microorganismes japonais (entre autres)
matériel de mathématique Montessori ou autres pour le petit loup
atlas des sciences naturelles pour les plus petits
autarcie alimentaire
terres de Koichi Kurita
figurines animales
corps humains à toucher
abécédaire sensoriel
lombricomposteur
ou

etc, etc…

Il est revenu.... n'hésitez plus à aller y jeter un coup d'oeil (au cas où), c'est par ici.

mercredi 28 octobre 2009

Une cigale qui jazze au Swing café

J’étais déjà conquise rien qu’à lire la quatrième de couverture alléchante : ce fabuleux Carl NORAC s’associant à une créatrice de bel univers, Rébecca DAUTREMER. "Swing café" de Carl NORAC et Rébecca DAUTREMER.

Carl NORAC nous propose une découverte du jazz. Oui des extraits de grands standards du jazz se faufilent ça et là et nous mettent en joie, oui la voix de Jeanne BALIBAR offre un défilement doux, rythmé, elle est à la fois nonchalante, chaloupée et très séduisante.

Mais… et surtout, ce sont les mots de NORAC qui me portent. Une cigale chanteuse, zazou, veut partir en Amérique mêler sa voix aux musiques jazzies. Nous la suivons dans ses pensées et ses rencontres. Une aventure d’insectes dans le monde des hommes jusqu’à un café, le Swing café, milieu des musiciens.


Je suis sous le charme, de cette histoire pouvant s’adresser aux plus jeunes par une lecture souple mais aussi pour tous ces détails, ces approches, ces accroches. Des indices d’entomologiste, une finesse des situations et de caractères typés et des moments de vie à la musicalité enfin perceptible.

Les métaphores scintillent, les jeux de mots apportent une touche de poésie supplémentaire : « A la batterie, la seule abeille qui a horreur des fleurs. Quand elle frappe, l’air est fouetté. Après, c’est du miel. » Le parfum d’une cigale, le vol d’un insecte, la danse entre les gouttes d’eau ou encore ce Chinatown sous la pluie et ces nouilles comme des serpents mous. J’en redemande, je mets en boucle, je dévore, note et continue à m’émerveiller à chaque lecture/écoute. Oh oui ces extraits mis à propos au rythme fou, ce phrasé anglophone parfois qui interpellent. Une leçon de swing, une leçon de chose aussi. « « Piano édenté, pour jouer une note sur deux. » C’est bien assez. Un piano pour moi toute seule. Je ne sais pas jouer. »

Et puis il y a ces illustrations. Rébecca DAUTREMER sublime le texte. Là les insectes ressemblent à des humains et ce sont les humains, qui eux ressemblent à des fantômes de papier. Le monde est onirique même si la chaleur, la tristesse, la misère ou l’ambiance chaude d’une musique de jazz se dégagent. Une ombrelle de doryphore, un chapeau fleuri que j’aimerais porter etc…. Les teintes sont sombres, presque feutrées, de celles que l’on rencontre dans un café mal éclairé, des couleurs chaudes, presque couleurs café et des collages de photos d'époque… j’aime beaucoup, comme un rappel aussi aux couleurs de peau chocolats des premiers jazz(wo)mans.

Nous en ressortons avec des rythmes, des intonations et des sonorités, phonologies plein la tête. L'interview de Carl NORAC et de Rébecca DAUTREMER vous donnera peut-être encore plus envie. Vous n'aviez pas encore la volonté de vous jeter dessus... allez, allez l'atterrissage est bien doux!

lundi 19 octobre 2009

Les vampires de Londres présentés par les soeurs Wilcox

Le premier tome des « Etranges sœurs Wilcox », « Les vampires de Londres » de Fabrice COLIN a été d’une lecture continue, fluide et même bien captivante. Oui il s’agit d’un roman jeunesse, l’histoire offre des rebondissements, des drames et vaut sa lecture.



Amber et Luna sont deux sœurs, adolescentes. Nous les rencontrons se réveillant dans deux tombes distinctes. Ce ne sont pas les leurs et pourtant il a fallu casser le cercueil et déboucher à l’air libre de sous la terre de ce cimetière. Elles reviennent à la vie, comme dans tous les sens du terme, et déambuleront pour rentrer chez elles dans un Londres où Jack l’éventreur sévit. Elles cherchent ce qu’il leur arrive et ce qui s’est produit chez elles, leur maison incendiée, leur majordome mort, leur belle-mère envolée et leur père mort, à nouveau.

Elles sont prises sous la protection des Invisibles et découvrent des guerres souterraines encore plus mystérieuses et fatales que celles historiques que les manuels d’histoire relatent. Les Invisibles sont les membres d’une société secrète rattachée à la Reine Victoria et combattent pour la couronne contre les vampires. Parce que oui, les sœurs Wilcox sont devenues des vampires et, de par leur parentalité et leurs nouveaux pouvoirs, peuvent les aider dans leur lutte.

*esthétiquement, j’y ai vu les couleurs du film de Francis Ford Coppola, source photo

Le chapitrage aide à la lecture et l’histoire se fait haletante. En suivant la découverte de leur maladie et l’arbre généalogique des vampires, nous accompagnons Amber et Luna dans leur mission de reconnaissance vampirique en rencontrant avec délice des êtres fictifs ou historiques. Les Invisibles ont aussi des comptes à rendre à la couronne, une certaine crédibilité et efficacité à retrouver.

L’atmosphère de ce Londres, les quartiers visités comme Whitechapel, les lieux rencontrés (cimetière, vivarium, salle de médecine légale) donnent le ton. L’esprit est gothique et les personnages sont autant humains que vampires, goules, gobelins ou féériques. Les références sont nombreuses : Sherlock Holmes et son fidèle ami Watson sont présents, ainsi que Dracula. Abraham Stoker (Bram ?!), Lewis Carroll ou John Milton reprennent vie sous un angle presque différent. La péniche L’Inoxydable, quartier général des Invisibles, apparait aussi comme un lieu plein d’histoires.

« - Monsieur Holmes…
- Oui ?
- Quel genre de monstres sommes-nous devenues ?
Le détective toussota dans son poing.
- Tout être humain est un monstre en puissance, Amber. Mais je crois que ta sœur et toi êtes assez loin du compte. »
Elles sont devenues vampires mais de quel clan ? Du clan des Drakuls (descendants du conte Dracula), de celui des Nosferatu (du voïvode Orlock) et d’un des cinq autres. Et à quel blason (génération dépendant de l’importance du géniteur/mordeur) appartiennent-elles ? Avec la découverte de la reconnaissance féérique, vampirique ou humaine par le halo lumineux, la mise en pratique des pouvoirs vampiriques (animi) qui vont de la force surhumaine, l’indifférence aux températures, l’immortalité, la rapidité ou le pouvoir de contrôle pour n’en citer que quelques uns, il est à parier que les sœurs Wilcox ont encore de nombreuses missions surprenantes devant elles.

C’est vrai qu’à la sortie de la lecture, les personnages rencontrés, fictifs ou réels, ont pris une densité que nous aimerions croire vraie. J’ai hâte de me replonger dans mes lectures de jeune femme : les Conan Doyle, Bram Stoker, Lewis Carroll et de découvrir enfin ce « Paradis perdu » de John Milton. C’est peut-être cela ma plus grande satisfaction de lectrice : voir dans ce livre mille et un passages d’intertextualité entre ce roman jeunesse et d’autres lectures de Polar, Thriller ou de fantastique/gothique et y inventer une trame commune. Sans compter qu’une lecture musicale peut suivre… Holmes nous convie à l’écouter au violon jouant Mendelssohn, Bruch, Brazzini, Kreutzer ou Pisendel

J’aime à croire aussi à ce clin d’œil à Benjamin LACOMBE et des amants papillons dont parle Lily. N’hésitez pas à lire son billet et celui de Clarabel enthousiasmée. Fabrice COLIN est un auteur « jeunesse » à suivre, j’avais beaucoup adhérer à son « syndrome GODZILA », la lecture de la « Saga Mendelson », elle, continue doucement. Merci encore Lily pour la découverte de cet auteur et la lecture de cette nouvelle oeuvre.
NB : qui veut une soupe au sang, un black pudding et un sorbet cassis pour un « repas de solidarité »… Hum… les deux derniers, pourquoi pas en fait !

Rajout: Malice y voit une première approche du genre avec énormément de références et Emmyne est restée sur la réserve (à l'inverse d'une autre saga: La malédiction d'Old Haven). Un lien très vampirique sur ce billet, très très bien fait pour ne pas s'arrêter au Twilight et surtout profiter de ce roman, destiné aux jeunes, pour ne pas arrondir tous les angles des caractères et des caractéristiques vampiriques. Une manière de garder la profondeur d'un univers. C'est ici chez Vladkergan.

lundi 12 octobre 2009

Compter ou dénombrer ?

A la première année de maternelle l’objectif est de connaître le 1, le 2, le 3 (et pourquoi pas le 4 et le 5), cela m’a paru peu. Compter jusqu’à 5 ! Les objectifs me semblaient bien légers. Mais là je ne pensais qu’à la « litanie des nombres » : 1, 2, 3, 4, 5 !
La chaine numérique n’est pas la même chose que dénombrer, soit utiliser les mots/nombres pour quantifier. Pour aller plus loin et mieux appréhender les 5 compétences à maîtriser selon GELMAN et GALISTEL, je vous renvoie sur ce lien très bien fait. Et là, il est vrai que le passage de cette suite de noms, même dans un ordre précis, même maîtrisé, doit laisser la place à une connaissance logico-mathématique.

Les chiffres, les nombres ne sont plus inconnus pour le petit d’homme et même il prend plaisir à aller jusqu’à 10 au moins une fois par jour.


La suite des mots/nombres est arrivée très vite grâce au livre « Le livre à compter de Balthazar, A la poursuite du lapin brun » de Marie-Hélène PLACE et Caroline FONTAINE-RIQUIER dont je parlais rapidement là avec les autres de cette collection « aide-moi à faire seul ».
L’histoire entraîne Bathazar et sa peluche vivante Pépin dehors, à la poursuite d’un lapin brun. Ils vont rencontrés deux yeux, trois nuages, quatre poules etc… le chemin continue et à chaque page, le comptage se fait en posant le doigt sur le livre, jusqu’à 10. Et puis une indication de 100. L’interaction est aussi très jouissive pour l’enfant qui, à la suite de l’accompagnant, suit la forme des chiffres et des nombres. J’aime ce livre qui inclut dans l’histoire les chiffres, les nombres mais aussi des liens de prononciations « 10 biscuits », « 6 chauve-souris », des indices biologiques (les lapins ne pondent pas d’œufs) ou des manipulations fondatrices de Montessori (ranger du plus grand au plus petit des tournevis).


« Les chiffres de Balthazar » de Marie-Hélène PLACE et Caroline FONTAINE-RIQUIER, bien que plus théorique, ont été là aussi pour appuyer la compréhension.

A relire encore et encore pour cette logique de prononciation et ces gestuels, j’en parlais là.

La vie courante a fait le reste. Une manipulation de poupées russes, mes matriochka bleues, où le but était de retrouver les têtes dans un ordre décroissant, a laissé libre court au comptage final.

Les mains suivent aussi, nombre de bouchées lors des repas etc…

Mais pour l’instant, rien ne nous confirme la capacité du loupiot à bien catégoriser en compté, non compté, à l’abstraction des qualités intrinsèques des objets. Ce n’est donc que le début.

Une tulipe comme offrande de la mort

J’aime ces livres « pour enfants » qui parlent de thème fort et offrent une autre perspective, un regard si ce n’est neuf tout du moins poétique et stimulant. La mort est un sujet qui m’interpelle et que j’aime retrouver.
Quand j’avais parlé du « Kimono blanc » et de « La visite de la petite mort », je savais déjà que le livre dont j’ai envie de vous parler était une merveille.


« Le canard, la mort et la tulipe » de Wolf ERLBRUCH est de ces livres qui vous poussent à suivre un auteur. Envoutant !


Il est question de ce canard qui un jour découvre que la mort le suit. Mais depuis quand ? Est-ce son tour de mourir ? La mort apparait comme un personnage squelettique mais pas désagréable. Le canard et la mort deviennent amis, ils se baignent ensemble ou grimpent à l’arbre. Ils sont l’un pour l’autre attentifs, à la surprise de cette mort peu habituée à être réchauffée.



J’aime beaucoup cet album pour cette vision de la mort, pas glauque, pas mièvre, un peu taquine, qui remet les choses en place : elle sait parler de l’acte de mourir « Elle parlait si facilement du sujet » et rappelle les lois de la vie. C’est la vie qui se charge des accidents, la mort, elle, annonce juste le déclic. Aux questions du canard, elle ne répond presque pas par des mots, lui laisse ses illusions, paradis, enfer, solitude. Oui bien-sur l’étang sera seul ou plutôt ils n’existeront plus l’un pour l’autre. En fait, son attitude moqueuse en dit plus.
Le graphisme est magnifique, ERLBRUCH donne vie à sa mort : un crâne, presque mutique si ce n’était la ligne du sourire et du contentement. Mais est-ce que la mort peut parcourir autant de temps avec chaque préposé. Pas si sûr, elle est presque triste quand le moment est venu. Le canard par son attitude corporelle marque nos différentes appréhensions de l’acte de mourir : un étonnement, un dégoût ou une réticence, une reconnaissance, un partage, un laisser-aller.


Cette histoire amène le sujet, délicat mais si fondateur d’une sagesse de vie : celle d’appréhender la mort comme une autre forme de vie, comme toujours là comme notre ombre, avec son présent: une tulipe. Sylvie nous offrait une très belle approche de cet apprivoisement là .

Du souffle

Avec l’ouverture d’autres pages qui reprennent, un peu, celles que j’ouvrais là, je me perds. Mes assiettes du jour (et les recettes) sont maintenant ailleurs, elles prennent place, s’annoncent et ne sont pourtant pas entourées, enroulées de mots, de plaisirs de partage, de vivant… ce sont des assiettes l’une après l’autre et mon humeur n’arrive pas encore à y trouver une place. En attendant vous pouvez suivre les plats :
Mousseline de carottes aux lentilles corail
Blinis de pommes de terre (à sucrer ou saler)
Nems vietnamiens de crabe doucement sucré
Riz au citron presque indien
Flan de patate douce doucement sucré
Mousse au chocolat sans chocolat mais aux olives noires
Poisson froid, sauce à l’œuf et au citron
Salade de champignons sauce acidulée
Café blanc libanais, aussi pour enfants
Croissants aux épinards, fromage frais et lardons
Flan de lait de riz, badiane et mauve
Soupe de céleri-branche et branche de brocoli
Flan de crudités
Brocoli à l’italienne
Cœurs d’artichauts et fèves fraiches
Salade de fruits de mer, légumes et jus de raisin
Quiche aux poireaux, purée de noisettes et lardons
Seiches Malaisiennes
Haricots verts et poulet indonésiens
Calamars farcis au brocoli, jambon et pignon
Gâteau aux pommes ashkénaze

Mes lectures sont archivées aussi. Une à une, elles arrivent sur cet autre lien que je souhaite de partage. Elles se succèdent elles-aussi, de manière anachronique, sans but, si ce n’est de toutes les retrouver. Il manque ce soupçon d’âme que je mettais entre les billets, il manque cette spontanéité du moment. Vite, vite, il me faut trouver mes marques… au fur et à mesure j’aimerais y mettre des billets de qualité, peut-être un peu différents de ceux qui me viennent spontanément ici.

mardi 6 octobre 2009

Il a 3 ans

Je n’ai pas de souvenirs de mes 3 ans. Ou si, mes souvenirs de la toute petite enfance se résument à un homme m’embrassant avec une barbe toute piquante mais dont je cherchais la piqure : mon père, barbu, m’embrassant, mort avant l’âge de mes 2 ans.

Alors que retiendra notre petit d’homme de cette période. Sûrement rien, si ce n’est les souvenirs entretenus par les photos et aussi reconstruits par sa mémoire, du faux et du vrai entremêlés. J’imagine que cette non-conscience des faits sera pourtant un fondement de son évolution, de son développement. Les bases d’une confiance en lui, d’un respect de lui-même et d’un sentiment de sécurité affectif. J’espère.

Aujourd’hui il a 3 ans.


Se rappellera-t-il de ses courses poursuites avec les vagues ? De ce cheval monté à cru ? De ses premiers pas de patinette ? De ce vélo ? Se rappellera-t-il des livres qu’il nous faut relire tous les soirs pendant un mois jusqu’à ce qu’il passe son dévolu sur un autre ? Se rappellera-t-il de sa première rentrée scolaire ? De sa première maîtresse, Mélanie et son accompagnante Agathe ? Se rappellera-t-il de ses premiers copains, à la crèche et à l’école : Matéo, Umberto et Zacharie… ou encore, pour les premiers noms qui reviennent de l’école : Alexandre, François, Cloé, Mélissia, Mathurine, Camille ?

Se rappellera-t-il de nos difficultés à être parents, notre impatience en week-end, nos coups de colère, notre épuisement ? Se rappellera-t-il de nos débordements d’amour ? Se rappellera-t-il de ce respect que nous parvenons, quelquefois, à lui octroyer (bien peu souvent par rapport à notre volonté) ? Se rappellera-t-il de tous ses apprentissages quasi ritualisés, un peu Montessoriens aussi ?

Moi je m’en rappellerais. De ses 1 an, de ses 2 ans.
Je me rappellerais de cette oppression à être mère, de cette impression d’avancer mais de ne plus avoir de disponibilité à soi.
Je me rappellerais des moments sans parole, des moments de réconfort, des moments de premiers apprentissages où je lui disais en bas d’un escalier « Tiens toi bien, trésor, et vas-y ! » Je me rappellerais de ce tas de sable, ancien château fort de plus grands que lui, abandonné aux retardataires des plages, véritable Mont-blanc pour lui où, aidé la première fois, il a grimpé pour crier « Victoire ! » en levant les bras.

Je me rappellerais de ces premiers pas en cuisine, sur son escabeau, collé à moi, les mains dans la farine ou chipant ça et là, une ou deux Piccolini, un quartier de pomme, une tagliatelle de courgette, crus. Je me rappellerais des premières nuits blanches quand la fièvre l’a touché et où la parole n’était pas encore là pour nous soutenir dans l’aide que nous aurions pu lui fournir. Je me souviendrais des heures et des heures à penser que je suis en retard sur les propositions de découvertes que je lui fais. Sa soif d’émerveillement est à son comble et attend d’être, un peu, étanchée.
Je me rappellerais des lectures du soir si attendues. Est-ce aussi pour cela qu’il les aime ? Le plaisir d’être accompagné dans un imaginaire, de partager la fiction et le moment tendre et le plaisir de voir maman heureuse.

Il a 3 ans. Il grandit, se forge pas à pas son identité, s’éloigne du cocon pour y revenir si vite : il ne prend pas encore son envol, il se lisse juste les ailes, conscients de ne pas être nous. C’est beau de le voir partir (même un tout petit peu).
Il est notre plus grande aventure : éprouvante, déstabilisante, constructive, épanouissante, spirituelle. Notre plus grand amour aussi.