J'ai passé plusieurs nuits presque blanches pendant ces vacances dans ma famille. Des hasards, des réminiscences du passé, des prises de conscience aussi d'une certaine solitude, même accompagnée. Je ferais, j'espère, de mieux en mieux. Mais une des nuits blanches fut la lecture d'un livre, irrefermable... "Le garçon d'à côté" de Katrina KITTLE. Un roman bouleversant sur l'inceste, sur l'abus sexuel fait aux enfants. J'en parlerais sûrement dans mon blog littéraire. Et en fin de lecture, il n'y a qu'une peur sourde dans le ventre...
Pour allier fiction et prise de conscience, l'auteur renvoie à un site américain, Darkness to in light. Ce programme de sensibilisation au danger sexuel fait à nos enfants se pose sur 5 étapes:
- découvrir la réalité des faits avec les statistiques (un étranger mais aussi, souvent, un proche, un membre de la famille)
- faire des choix de parents pour limiter les risques encourus par nos enfants dans la société
- communiquer ouvertement avec les enfants de l'acte commis
- reconnaître les signes physiques et comportements
- réagir de manière responsable
*source
J'avais moi aussi envie de me poser la question de la prévention. Oui, limiter les risques en société mais aussi prévenir l'enfant des dangers. Mais comment et à partir de quel âge? Depuis le tout début, je me rappelle avoir commencer quand il a été continent (propre) soit vers l'entrée en maternelle mais étape par étape.
1/ La première étape pour moi est la connaissance du corps:
J'ai toujours appris au lutin à reconnaitre les parties de son corps, autant dans ses fonctionnements internes (et le feu incessant retour de la digestion ou des questions scatologiques) que sur l'extérieur.
Les
petits mots comme le pissou ont laissés peu à peu la place à des mots
sans équivoque: - ton sexe, mon sexe, féminin ou masculin. Mais c'est
vrai que je ne vais pas plus loin dans les termes sans pour autant les
faire passer pour tabous: ils sont dans les livres documentaires que
nous lisons ensemble. Les mots sortent de ma bouche, encore, mais ce
sont des phrases écrites par d'autres, des auteurs talentueux.
Expliciter aussi que ces parties du corps lui serviront à exprimer son amour (différent de celui porté aux parents ou amis). Oui, il confond toujours amitié et amour.
2/ Et puis il y a la sensibilisation aux limites.
Des parties du corps qui n'appartiennent qu'à soi, ne concernent que
soi, que nous seul pouvons voir et toucher. Ce n'est pas là une question
de pudeur mais déjà une approche du respect. Et c'est vrai que là aussi
j'avais posé les choses: comme une chatouille est une "agression" faite
à l'enfant quand il n'a pas encore l'âge de la demander, le toucher ne
doit pas être pris à la légère. Bien-sûr, à la maison il y a les
chatouilles, les bagarres, les emmêlages, les câlins.
Cela fait quelques temps que le lutin termine son frictionnage savonneux
seul. Et il connait les parties intimes de son corps (et du notre) mais
il est nécessaire de toujours y revenir (j'ai découvert cet été que le
mot intime était lié pour lui à timide... les parties "timides" de son
corps, oui, il n'y a pas à dire, il faut toujours être plus clair).
Les limites c'est aussi savoir ce qui est admis (et/ou réglementé), ce qu'il ne l'est pas: d'une part, l'enfant ne peut pas se marier ou avoir une sexualité avec son père ou sa mère; d'autre part, personne, aucun adulte, aucun plus grand, n'a le droit de lui toucher ses parties intimes ou de lui montrer les siennes.
3/ Il ne faut pas nier non plus la connaissance de la sexualité et, même, l'existence d'une sexualité des enfants.
Je ne parlerais pas du second. Je ne sais pas vraiment quoi en dire à part le touche pipi et le docteur, qui, comme vous pouvez le remarquer, restent pour moi du domaine conventionnel. Je vous laisse suivre là des discussions menées par un psychothérapeute sur ce thème avec des enfants pubères et même pré-pubères.
Quand au premier, j'ai toujours été persuadée qu'il fallait, comme tout, lui expliquer les choses, avec une grande difficulté: rester à notre place de parent et ne faire que suivre sa curiosité sans aller au devant de ses étonnements et questions. Et puis, il faut aussi lui réserver cette dose de mystère ou de beauté. Je serais d'ailleurs plus d'accord avec le second terme. Je n'ai pas de problème à parler de spermatozoïdes, d'ovules, et d'emboitement (mais je n'ai pas encore expliquer exactement lequel). J'aurais adoré que nous allions ensemble à l'exposition "Le zizi sexuel" en suivant en cela le livre de Zep. Entre autre, A. m'avait parlée d'une page trouée à propos qui expliquait la pénétration et dont ses fils avaient adoré se glousser.
*source Zep "Le zizi sexuel"
Je ne peux que vous conseiller le livre en question, "Le guide du ziz sexuel" de Zep, qui semble expliquer de manière bien humoristique le propos avec schémas à l'appui. De mon côté, j'ai choisi une autre voie, un coup de coeur: "C'est ta vie, l'encyclopédie qui parle d'amitié, d'amour et de sexe aux enfants" de Thierry LENAIN et illustré par Benoit MOREL dont je vous parle là. Il n'est pas mièvre, est très instructif et montre la sexualité, l'acte, l'amour autour (ou le non-amour) sans les dénuer de beauté. Je trouve ainsi le propos suffisant pour un parent mais je dois dire que j'ai aussi un "cinquième rayon" dans la bibliothèque qui s'ouvrira de lui-même avec sa maturité sexuelle et ses envies, et qu'il lira seul bien-sûr. Quelques uns sont ouverts ici : des littéraires plus osés, des manuels exotiques de sensualité ou de séduction (et non de dispositions acrobatiques) comme un vrai "Kam. Sutr." ou un "Mille et une nuits" sans compter d'autres d'"hygiène du cœur et du corps", comme le Tao (du couple ou sexuel). Je reprendrais ce propos sur la sexualité aboutie sûrement après la puberté.
4/ Et enfin une sensibilisation à l'expression de soi, à sa propre volonté de dire non!!!!
Toutes les lectures de philosophie, nos discussions et notre mode d'éducation se voudraient dans ce sens.
Une éducation si possible respectueuse. Alors bien-sûr le quotidien me fait mentir mais je me remets en question constamment. Je relis pour digérer et pratiquer un chemin sinueux mais avec quelques petits cailloux de CNV (Communication Non Violente), de Tao des parents, de Bouddhisme parental et de méditation pour moi et pour lui (j'en reparlerais).
Des discussion sur la connaissance des émotions et de nos besoins (suivre le lien CNV). Et aussi beaucoup d'échanges sur l'autorité, l'obéissance, le rôle d'un chef, le bien et le mal, la responsabilité, les dangers, les erreurs, les bêtises, la méchanceté, par le biais de livres philosophiques le plus souvent et dès qu'une situation l'impose. Par exemple les livres sous l'influence d'Oscar BRENIFIER et ses Philozenfants par exemple (quelques uns présentés ici sous l'angle de la politique. J'espère ainsi lui permettre d'être critique, pertinent et d'avoir un avis personnel.
Maintenant le lutin n'a pas encore une totale confiance en lui et reste très intimidé par la présence d'une autorité ou d'un adulte. Cette capacité a aussi être vigilant de la pertinence des actes adultes (ou de leur absence) reste à soutenir.
*permis de prudence, Dominique de SAINT MARS, illustrations de Claude DELAFOSSE
Une très belle initiative a été proposée aux enfants pour les sensibilités aux dangers que les adultes font courir aux enfants: un permis de prudence dénonçant des situations à risque et nos responsabilité d'adulte accompagnant le développement des enfants.
Il explique ainsi aux adultes ce qu'est un abus sexuel, la connaissance des risques, le rôle de la famille. Certains me paraissent encore plus essentiels à exprimer aux enfants: les moyens de se protéger (l'informer, lui apprendre à trouver des solutions même seul, l'écouter et lui parler), les règles de protection (lui apprendre à dire non, discuter de situations à risque en lui donnant trois réponses possibles pour l'entrainer à se poser les questions, lui donner des règles simples et des raisons justes), le développement des solidarités.
Il s'agit aussi d'un questionnaire remis au enfants, il est accessible là de manière plus lisible et imprimable.
*source permis de prudence
Je compte aussi trouver d'autres ressources livresques pour prévenir des dangers, ici il semble y avoir des propositions sur la prudence et Lily nous parlait là du livre "Dangers!" de Alexia DELRIEU et Sophie de MENTHON.
... et je n'écouterais plus jamais la chanson de Barbara de la même manière, l'Aigle noir n'a pas été une fiction pour elle.
L'Aigle Noir - Barbara par lemondedeyanis
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